« Le sujet du remplacement des enseignants est une question qui interpelle beaucoup et qui est une source d’inquiétude considérable pour de nombreuses familles », assène le sénateur Olivier Paccaud, auteur du rapport d’information intitulé « Des enseignants de plus en plus irremplaçables : une politique à revoir ». Et le constat est implacable. Le non-remplacement des enseignants ne cesse d’augmenter ces dernières années pour un coût toujours plus élevé pour la collectivité.
Hausse de 93,2 % du non-remplacement dans le second degré entre 2018 et 2024
Dans le premier degré, les absences ont augmenté de 17,4 % par rapport à 2018. Cette augmentation est moindre dans le second degré avec une hausse de 15,6 % par rapport à 2018. Attention cependant à la stigmatisation du corps enseignant, comme Olivier Paccaud l’indique dans son rapport, le taux moyen d’absence de la profession reste moins élevé de 13 % que celui des salariés du secteur privé.
En conséquence, les absences non remplacées sont en hausse. Au total, le nombre d’absences non remplacées a augmenté de 49 % dans le premier degré et de 93,2 % dans le second degré entre 2018 et 2024. Si de nombreuses familles s’inquiètent de plus en plus de ces chiffres, c’est que cela constitue un vrai manque dans l’enseignement des enfants. En moyenne, une classe perd 4,3 % de temps scolaire en raison des absences non remplacées. Ce chiffre s’élève même à 7,4 % dans le second degré.
« Augmenter le vivier d’enseignants remplaçants »
Mais pourquoi de telles difficultés pour remplacer les profs ? « Il est probable que les conditions de travail des enseignants se soient dégradées ces dernières années notamment à cause d’une perturbation accrue des élèves », juge le sénateur et professeur d’histoire-géo. « Le principal souci cependant demeure dans le recrutement d’enseignants remplaçants ». Pour pallier ce manquement, le sénateur envisage une optimisation de l’organisation du remplacement. Il souhaite dans un premier temps profiter des effectifs d’enseignants issus de la baisse démographique des élèves. « Cela permettra d’augmenter le vivier d’enseignants remplaçants », assure-t-il. Il propose également une réorganisation, au niveau départemental, de la gestion des remplacements tout en ajoutant une logique de mutualisation des « ressources humaines » entre les établissements.
« Dans le contexte budgétaire actuel cela va être compliqué »
« Il ne faut pas se leurrer », prévient Olivier Paccaud. « Pour augmenter le nombre de remplaçants il faut plus d’argent et dans le contexte budgétaire actuel cela va être compliqué. Il faut essayer de faire autrement ». En termes de coûts, les crédits alloués au remplacement s’élèvent à 4,2 milliards pour l’année 2025. Cependant, selon le rapport, ce coût est largement sous-estimé. En ajoutant le coût des heures supplémentaires et la rémunération des enseignants absents, le coût global des absences des enseignants est estimé à 5,42 milliards d’euros soit une hausse de 35 % en 5 ans. Dès lors, Olivier Paccaud envisage de limiter les absences pour rendre plus soutenable le coût pour les finances publiques. Il souhaite engager une réflexion sur la prise en charge du temps partiel thérapeutique. Ce dispositif permet aux enseignants d’exercer un temps partiel pour des raisons thérapeutiques sans perte de salaire.
« Vive l’école »
« Rendre le métier attractif est essentiel pour augmenter les remplacements », assure le sénateur. « Il faut maintenir l’ISSR (indemnités liées aux déplacements nécessaires des enseignants remplaçants), mais également proposer des bonifications pour les remplacements ». Il recommande d’intégrer, dans la formation initiale et continue du métier d’enseignant, un temps dédié spécifique au métier d’enseignant remplaçant.
« Le système de remplacement en France est unique en Europe », se félicite Olivier Paccaud. « Cependant, nous avons de gros problèmes de remplacement liés au manque d’attractivité global de la profession. Nous avons un système élaboré, mais qui a du mal à fonctionner ».
La suite ? Le sénateur souhaite transmettre son rapport à la ministre de l’Education nationale, Elisabeth Borne, qu’il a rencontrée au préalable. « Je lui avais indiqué que j’allais travailler sur le sujet et j’ai constaté avec plaisir qu’elle a augmenté par la suite le nombre d’enseignants remplaçants en France », se réjouit le sénateur avant de conclure son intervention par un « vive l’école ».