Étrangers jugés dangereux : la commission des lois du Sénat renonce à son amendement sur l’allongement du délai de rétention

La majorité sénatoriale comptait s’appuyer sur la proposition de loi de Marie Mercier, visant à renforcer la surveillance des auteurs d’infractions sexuelles ou terroristes, pour porter le délai maximal de rétention administrative à 210 jours. « Mon texte n’était pas du tout fait pour cela », affirme la sénatrice LR, qui annonce que le gouvernement proposera la suppression de l’article en séance ce 5 novembre, avec l’accord de la commission.
Rose-Amélie Bécel

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Ce 5 novembre, une proposition de loi visant à « renforcer les moyens de surveillance des individus condamnés pour des infractions sexuelles, violentes ou terroristes » est examinée en séance. Un texte porté par la sénatrice Les Républicains Marie Mercier, qui s’attaque avant tout à la question des fichiers judiciaires, sur lesquels sont inscrits les individus condamnés ou mis en examen pour des infractions sexuelles, violentes ou terroristes.

Mais, à l’occasion de l’examen du texte par la commission des lois ce 30 octobre, un amendement de la présidente de la commission et rapporteure du texte Muriel Jourda a ajouté au texte une nouvelle dimension. Celui-ci propose l’allongement de la durée de rétention administrative à 210 jours maximum, pour les individus « condamnés à une interdiction du territoire français en raison de la commission d’une infraction sexuelle ou violente grave ».

Aujourd’hui, les personnes en situation irrégulière sur le territoire français peuvent être retenues dans des centres de rétention administrative (CRA), en vue de leur expulsion, dans un délai de 90 jours maximum. Ce délai peut déjà être étendu à 210 jours pour les retenus condamnés pour des faits terroristes.

Le gouvernement propose de « reprendre cette initiative dans un autre vecteur dédié à l’immigration »

« Je suis en profond désaccord avec cet amendement », dénonce Marie Mercier sur le plateau de Public Sénat avant l’examen du texte, « nous ne sommes pas là pour discuter sur le fond de l’allongement du délai de rétention, la temporalité n’est pas bonne du tout ». Pour l’auteure de la proposition de loi, cet ajout dans son texte a tout du « cavalier législatif » : « Ce n’est pas le bon véhicule législatif, la loi doit être écrite proprement. Peut-être que le délai de rétention sera allongé, mais dans un autre texte concernant la loi immigration. »

Une position partagée par le gouvernement, qui a déposé un amendement de suppression de cet article, tout en proposant de « reprendre cette initiative dans un autre vecteur dédié à l’immigration ». La proposition a reçu un avis favorable de la commission des lois, qui renonce ainsi à son amendement.

L’exécutif ambitionne donc toujours de porter cette réforme, défendue par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. Une mesure notamment pensée en réponse au meurtre mi-septembre de la jeune Philippine, dont le principal suspect avait séjourné en centre de rétention administrative (CRA) après une condamnation pour viol.

Empêcher le détournement des procédures de changement de nom

Ce 5 novembre au soir, la proposition de loi examinée au Sénat reprend ainsi sa forme initiale, telle que Marie Mercier l’avait écrite. Le texte vise ainsi à étendre l’usage des fichiers pour les auteurs d’infractions sexuelles et violentes (le Fijaisv) et pour les auteurs d’infractions terroristes (le Fijait), notamment pour y inscrire les noms des individus condamnés pour extorsion d’images pédopornographiques et incitation de mineurs à la commission d’actes de nature sexuelle.

La proposition de loi vise également à autoriser les opérateurs de transports publics à accéder aux informations de ces fichiers, pour pouvoir demander leur examen avant le recrutement d’un agent susceptible d’être en contact avec « des mineurs ou des majeurs vulnérables ». Enfin, le texte devrait durcir la procédure permettant de changer de nom, pour empêcher les inscrits sur ces fichiers d’en user pour contourner le fichage.

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris: Weekly session of questions to the government at the Senate
2min

Parlementaire

Budget de l’éducation : le Sénat diminue les crédits du CNED et de l’Onisep

La majorité sénatoriale a adopté deux amendements diminuant les crédits du CNED de 15 millions d’euros et ceux de l’Onisep de 5 millions d’euros, des organismes rattachés à l’Education nationale. Dans le viseur du rapporteur, le réseau de formation des enseignants, Canopé, a été épargné par le Sénat.

Le

Étrangers jugés dangereux : la commission des lois du Sénat renonce à son amendement sur l’allongement du délai de rétention
3min

Parlementaire

Budget : le Sénat confirme la suppression de 4 000 postes d’enseignants

Le Sénat a validé la proposition du gouvernement de supprimer 4 000 postes d’enseignants dans le budget 2026. La droite et le centre justifient cette trajectoire par la forte baisse du nombre d’élèves due à des changements démographiques, tandis que la gauche aurait préféré profiter de cette dynamique pour augmenter le nombre d’enseignants par élèves.

Le

Budget 2026 : le Sénat adopte le volet recettes, à une large majorité
2min

Parlementaire

Budget : le Sénat valide le gel des APL et leur restriction pour les étudiants étrangers

Le Sénat a voté la proposition du gouvernement, qui gèle l’aide personnalisée au logement (APL) et restreint l’éligibilité des étudiants étrangers au dispositif, pour un peu plus de 100 millions d’économies budgétaires. Les étudiants non-européens devront justifier de deux ans de résidence pour percevoir ces aides au logement.

Le

Étrangers jugés dangereux : la commission des lois du Sénat renonce à son amendement sur l’allongement du délai de rétention
4min

Parlementaire

Budget 2026 : le Sénat espère pouvoir « récupérer » 50 millions pour les infrastructures sportives

Le Sénat n’a pas pu finir l’examen du budget du sport et de la vie associative ce jeudi. De nombreux scrutins publics et des débats confus ont amené la chambre haute au-delà des délais impartis et les sénateurs devront donc finir cet examen dimanche. Le Sénat espère arracher 50 millions d’euros supplémentaires pour les infrastructures des collectivités.

Le