Rassurés par la pérennisation du financement de l’audiovisuel public, définitivement adoptée par le Parlement ce mercredi 20 novembre, les sénateurs mettent maintenant en garde contre la baisse des moyens alloués au groupe France Médias Monde. Le projet de loi de finances 2025 prévoit une réduction de 10 millions d’euros sur son budget. Il passerait ainsi à 265 millions d’euros.
À l’occasion de l’examen des crédits à la commission des Affaires étrangères du Sénat, Roger Karoutchi, sénateur Les Républicains des Hauts-de-Seine et co-rapporteur, a déploré le « désarmement informationnel » engagé par le budget 2025, alors qu’au même moment, « nos compétiteurs augmentent chaque année les moyens de leurs propres médias internationaux ». Pour lui, il est nécessaire de porter la part des crédits de RFI, France 24 et Monte Carlo Doualiya de 8 % aujourd’hui à 10 % du total des moyens de l’audiovisuel public.
« Il faut sanctuariser les crédits de l’audiovisuel extérieur »
Pour sa part, Cédric Perrin, président de la commission des Affaires étrangères, a affirmé que « pour gagner la guerre de l’information, il faut sanctuariser les crédits de l’audiovisuel extérieur comme on a sanctuarisé ceux de la loi de programmation militaire ». De son côté, Mireille Jouve, sénatrice RDSE des Bouches-du-Rhône et co-rapporteur, a indiqué que si la « dégradation de la trajectoire financière de France Médias Monde se poursuivait, le groupe serait obligé de redéfinir à la baisse son périmètre et de solliciter une recapitalisation de son actionnaire ».
Finalement, sur proposition des deux co-rapporteurs, la commission a adopté à l’unanimité un amendement de transfert de crédits de 5 millions d’euros de France Télévisions à France Médias Monde. Elle a aussi conditionné l’adoption des crédits de la mission « Audiovisuel public » dans le projet de loi de finances 2025 à l’adoption de cet amendement.
Déjà en juin dernier, dans une audition au Sénat, la présidente de France Médias Monde alertait sur le budget du groupe et pointait « un contexte de concurrence exacerbée dans le paysage audiovisuel mondial ». Marie-Christine Saragosse déplorait alors « des écarts de moyens colossaux », citant « le budget de 412 millions d’euros de la BBC World Service et celui de 408 millions de la Deutsche Welle », en comparaissant avec le budget de France Médias Monde à 275 millions d’euros.