Gabriel Attal : « La Russie est une menace directe et immédiate pour la France sur tous les plans »

Interrogé au Sénat sur les propos d’Emmanuel Macron, qui n’a pas « exclu » l’envoi de troupes occidentales en Ukraine, le premier ministre a souligné que la Russie avait « changé de posture vis-à-vis (de la France) ». Il a cependant tempéré les propos du Président, soulignant que « quand on parle de soldats français, on peut tout à fait parler de soldats sur des actions de formation ».
François Vignal

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Les déclarations d’Emmanuel Macron, qui n’a pas « exclu » l’envoi de troupes occidentales en Ukraine, continuent de faire réagir. Les sénateurs Loïc Hervé (UDI) et le président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, le sénateur LR Cédric Perrin, ont interrogé tout à tour le premier ministre, Gabriel Attal, lors des questions d’actualité au gouvernement, ce mercredi.

Une déclaration du chef de l’Etat qui « remet en cause toute la cohérence défendue jusqu’ici par la France », selon Loïc Hervé. « On ne peut pas improviser sur un tel sujet sans concerter nos alliés. Ces effets de manche nous isolent et obligent nos alliés à se désolidariser », ajoute Cédric Perrin.

Lire aussi » Troupes au sol en Ukraine : le sénateur LR Cédric Perrin pointe les propos « très alambiqués et potentiellement dangereux » d’Emmanuel Macron

« J’en suis absolument convaincu, personne ici ne pourrait accepter l’idée comme perspective que la Russie gagne cette guerre, car derrière l’Ukraine, il y a nous », répond Gabriel Attal. Le premier ministre souligne que « la Russie a changé de posture. Sa posture s’est durcie, dans le cadre de ce conflit, mais aussi vis-à-vis de nous, de la France et de ses alliés », avec « la multiplication de fausses informations, pour nous intoxiquer » ou les « cyberattaques ». Gabriel Attal prévient : « La réalité est que Russie est une menace directe et immédiate pour la France sur tous les plans » (voir la vidéo).

« Si l’Ukraine devait tomber, la ligne de front se déplacerait inévitablement vers l’ouest »

« Le combat des Ukrainiens, c’est aussi le nôtre. Car en se battant depuis 2 ans pour l’intégrité de leur territoire, ils se battent aussi pour la sécurité de l’Union européenne et de la France, car les dictateurs ne prennent pas de vacances. Et si l’Ukraine devait tomber, la ligne de front se déplacerait inévitablement vers l’ouest », a prévenu pour sa part Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de l’Europe, qui a également répondu. Avant d’ajouter :

 Quand la maison du voisin brûle et que l’incendie menace de se propager, on ne reste pas les bras ballants, on se lève et on réagit. 

Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de l’Europe.

« Quand on parle de soldats français, on peut tout à fait parler de soldats sur des actions de formation, de défense sol-air ou de défense d’un certain nombre de frontières »

Sur la question des troupes au sol envoyées en Ukraine, Gabriel Attal rappelle que la conférence sur l’Ukraine, qui a rassemblée les 27 Etats membres de l’Union européenne, a conclu sur la nécessité « d’aller plus loin sur la capacité à fournir de l’équipement militaire à l’Ukraine ».

« Dans ces conditions, le Président est interrogé. Il lui est demandé s’il y a des perspectives qu’il peut exclure par principe. Au regard de tout ce que je viens de dire, du changement de posture de la Russie, le Président peut-il dire, en responsabilité, qu’il exclut par principe certaines perspectives ? Je ne le crois pas », tente de remettre en perspective le premier ministre.

Comme l’a fait hier son ministre des Armées, Sébastien Lecornu, devant les députés, Gabriel Attal tempère cependant le sens des mots d’Emmanuel Macron. « Quand on parle de soldats français, on peut tout à fait parler de soldats sur des actions de formation, de défense sol-air ou de défense d’un certain nombre de frontières », explique Gabriel Attal. Autrement dit, pas de soldats combattant directement sur le front. En réplique, Cédric Perrin a rappelé l’importance d’« essayer d’être efficace dans notre soutien à l’Ukraine » et de « fournir les munitions et matériels dont l’Ukraine a besoin ».

Lire aussi » Ukraine : Emmanuel Macron convoque un débat et un vote au Parlement sur le soutien à Kiev

Partager cet article

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Budget 2025 : le Conseil constitutionnel ne censure aucune disposition clé, mais écarte dix articles pour des raisons de forme
2min

Parlementaire

Narcotrafic : le Conseil constitutionnel censure certaines dispositions relatives au renseignement, comme le « dossier coffre »

Saisi par les députés insoumis, écologistes et socialistes, le Conseil constitutionnel a remis sa décision sur la proposition de loi visant à sortir la France du piège du narcotrafic. Il a censuré jeudi une poignée d'articles de la loi visant « à sortir la France du piège du narcotrafic », mais a validé, à une réserve près, le régime carcéral d'isolement prévu pour les narcotrafiquants les plus dangereux.

Le

Gabriel Attal : « La Russie est une menace directe et immédiate pour la France sur tous les plans »
4min

Parlementaire

Fin de vie : « Si j’étais parlementaire, je ne voterais pas cette loi », déclare Jean Leonetti, auteur du premier texte sur le sujet en 2005

Auditionné par la commission des affaires sociales, l’ancien député Les Républicains, Jean Leonetti s’est dit opposé à la proposition de loi relative au droit à l’aide à mourir, adoptée le 27 mai dernier à l’Assemblée nationale. Il redoute le manque de « garde-fous » et la difficulté de définir le « pronostic vital engagé à court terme ».

Le