Pour eux c’est trop. Le projet de loi immigration, examiné au Sénat depuis lundi, fait la part belle à un durcissement tous azimuts de la part de la majorité sénatoriale, avec les sénateurs LR en fer de lance, menés par un Bruno Retailleau attaché à afficher une grande fermeté en matière migratoire. L’accord autour de la suppression de l’article 3 sur les régularisations dans les métiers en tension, et un durcissement de la circulaire Valls, symbolise ce durcissement.
« La sagesse du Sénat est toute relative… »
Les sénateurs PS ont tenu à dire tout le mal qu’ils pensaient de la tournure des débats. « On devrait changer le titre de ce projet de loi car il ne va rester plus rien de l’intégration », pointe la sénatrice PS Corinne Narassiguin, lors d’une conférence de presse ce mercredi. « Le summum en termes de cynisme », c’est « la suppression de l’AME » accusée de créer un « appel d’air », ajoute la sénatrice de Seine-Saint-Denis.
Elle dénonce encore « un recul par rapport au droit existant » dans le compromis sur les métiers en tension, avec le durcissement de la circulaire Valls. « Et le musée des horreurs va encore continuer » sur la question des « OQTF » ou du « droit d’asile », prévient Corinne Narassiguin. « La sagesse du Sénat est toute relative… » raille, à ses côtés, Laurence Harribey, sénatrice PS du Gironde, qui y voit « une rupture dans la tradition sénatoriale ».
« C’est le recul permanent. On sert la soupe à la droite sénatoriale »
Pas avare de bons mots, Patrick Kanner, patron des sénateurs socialistes, estime que « nous assistons à la darmanisation du texte ». Alors que son collègue de la Santé défend l’aide médicale d’Etat, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait dit qu’il soutenait la suppression de l’aide médicale d’Etat, que la majorité sénatoriale a adopté, comme prévu.
« C’est le recul permanent. On sert la soupe à la droite sénatoriale », pointe encore le président du groupe PS, qui rappelle que « l’AME a été combattue systématiquement par l’extrême droite ». Patrick Kanner conclut : « On rentre en résistance » contre ce texte.