« 2024 est une année noire pour les finances publiques ». L’alerte de Pierre Moscovici, président du Haut conseil aux finances publiques, lors de son audition vendredi dernier, rappelle combien elles ont dérapé cette année. Alors que le budget voté, il y a un peu moins d’un an, prévoyait un déficit public de 4,4 % du PIB en 2024, il a été relevé à 5,1 % en avril. Il sera au final probablement de 6,1 %.
Pour faire la lumière sur ce dérapage pas du tout contrôlé, la commission des finances du Sénat avait lancé en mars une mission d’information sur la dégradation des finances publiques, sur la période fin 2023/2024. Elle avait rendu les conclusions de ses travaux en juin. Le rapport avait épinglé « l’imprudence » et la « rétention d’informations » du gouvernement.
Face à la situation, le Sénat va réactiver sa mission d’information, a appris publicsenat.fr de source parlementaire. Les choses devraient aller vite, avec une nouvelle série d’auditions à la clef. Cette prolongation de la mission d’information du Sénat sera officiellement décidée ce mercredi, en commission des finances. Ses premiers travaux portant jusqu’à la période de mai, les sénateurs vont pouvoir se pencher notamment sur la suite.
Cette décision, qui était en réflexion depuis une quinzaine de jours, intervient alors que la commission des finances de l’Assemblée va se doter des prérogatives d’une commission d’enquête sur le même sujet. La conférence des présidents du Palais Bourbon a donné son accord ce mardi matin.
« On a déjà fait le boulot. On va compléter. Et la vérité viendra ! »
La mission d’information de la Haute assemble a déjà très largement défriché le sujet. En reprenant du service, c’est aussi une manière de garder la main.
Grâce à ses pouvoirs de contrôle sur place et sur pièces, le rapporteur LR de la commission des finances, Jean-François Husson, avait pu débarquer au ministère de l’Economie, à Bercy. Il a obtenu une série de notes qui montrent que les directions du ministère avaient, à plusieurs reprises, alerté l’ex-ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, sur l’état des finances qui se dégradaient, avec notamment des recettes plus faibles que prévu.
« On a déjà fait le boulot. On va compléter. Et la vérité viendra ! » lance un sénateur, sourire en coin. Une référence aux propos laconiques et énigmatiques, tenus la semaine dernière par Bruno Le Maire, auprès de France 2 : « La vérité apparaîtra plus tard ». Plus tard, c’est peut-être bientôt.