« Comme vous le savez, je suis un inconditionnel de la réindustrialisation », a prévenu Patrick Martin devant les sénateurs de la commission des affaires économiques. « Seulement, je déplore que nous soyons dans une phase de désindustrialisation, le cas de l’entreprise Vencorex est emblématique ».
Le 10 avril dernier, la reprise de l’entreprise chimique Vencorex, placée en redressement judiciaire en septembre 2024, est attribuée au groupe chinois Wanhua. Parmi les 450 salariés, le repreneur a annoncé n’en conserver que 50. « Vencorex est l’exemple parfait de ce que nous ne savons pas faire en France et en Europe, à savoir se protéger », regrette Patrick Martin. « Le secteur de la chimie et de la sidérurgie est un déterminant essentiel pour la souveraineté du pays », juge le président. Le 14 avril dernier, le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, garantissait au micro de France Inter que les « sources d’approvisionnement en énergie étaient assurées par l’Etat ».
« Réarmer sans sidérurgie et sans chimie s’avère impossible »
A l’image de la chimie avec Vencorex, le secteur de la sidérurgie pâtit également d’un plan social. Le 23 avril dernier, l’entreprise de sidérurgie ArcelorMittal a annoncé la suppression de plus de 600 postes en France. Hier, Marc Ferracci a organisé une réunion avec les élus de Dunkerque et les organisations syndicales d’ArcelorMittal. Il s’oppose à tout projet de nationalisation.
Sur ce sujet, le sénateur communiste Fabien Gay a interrogé le président du Medef. Si Patrick Martin assure partager le sentiment de fragilité économique du secteur, il pointe une « inertie » voire une « inconscience coupable » de la France et de l’Europe sur la sidérurgie et la chimie. « Le gouvernement a annoncé vouloir réarmer fortement le pays, or un réarmement sans sidérurgie et sans chimie s’avère impossible », a-t-il prévenu.
« Un climat social relativement apaisé »
Mais sur le mouvement social en cours à ArcelorMittal, le président du Medef ne répond pas. Il salue par ailleurs un « climat social relativement apaisé » dans le pays, en particulier au sein des « entreprises privées ». « Il y a des motifs de tensions sociales et j’en suis conscient », reconnaît Patrick Martin. « Pour autant, je pense que les syndicats ont pleinement conscience de la fragilité de la situation économique et cela se mesure par la faiblesse des conflits sociaux. Je salue le bon dialogue avec les partenaires sociaux et également la réassurance du climat social ».
« Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de manifestations qu’il n’y a pas une colère sourde », réagit Fabien Gay.
« Je ne dis pas que c’est la concorde non plus », rétorque Patrick Martin. « J’ai conscience que si le climat social apparaît relativement apaisé, c’est qu’il existe une forme de crainte chez les salariés ».
ArcelorMittal doit être entendu par la commission des affaires économiques du Sénat le 28 mai prochain.