Le marathon budgétaire de fin d’année s’ouvre ce mercredi 19 novembre au Sénat, avec l’arrivée dans l’hémicycle du projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Les sénateurs plancheront pendant sept jours sur la copie partiellement amendée par l’Assemblée nationale, les députés n’ayant réussi à voter que le volet « recette » de ce « PLFSS ». À ce stade, le déficit attendu pour la Sécurité sociale s’élève à quelque 24 milliards d’euros en 2026, conséquence des dispositions votées au Palais Bourbon dans un climat de forte fracturation politique. Un solde que la majorité sénatoriale espère ramener à 15 milliards, au prix de nombreux réajustements. « Il n’y a aucune raison de se soumettre à l’Assemblée nationale et au budget délirant qui vient de nous arriver », commente auprès de Public Sénat Hervé Marseille, le président du groupe centriste au Palais du Luxembourg.
« François Bayrou a payé pour le dire : nous sommes surendettés, 3 500 milliards qui ne se sont pas envolés depuis son départ », épingle l’élu des Hauts-de-Seine. « Sur le plan social nous connaissons une véritable hémorragie budgétaire, notre système est à bout de souffle, il pourrait même être en péril. Il faut éviter de creuser le déficit. » Parmi les mesures peu populaires que les LR et les centristes du Sénat comptent faire passer : la réintégration de l’année blanche, c’est-à-dire le gel des pensions de retraite et de la plupart des prestations sociales.
Mais la majorité sénatoriale mise aussi sur la réintégration de la réforme des retraites, l’un de ses grands chevaux de bataille. Le report de l’âge légal de départ à 63 ans a été suspendu par les députés, à la demande du gouvernement, qui a concédé cette disposition aux socialistes pour éviter la censure. « Nous allons réinstaller la réforme des retraites car rien n’a changé. Nous avons toujours une démographie dégradée et un besoin de financement », explique Hervé Marseille. « Il n’y a aucune raison de retrier cette réforme. »
Celui qui est également patron de l’UDI rappelle la ligne qu’il entend défendre avec ses alliés de droite : « Nous, c’est moins d’impôts et plus d’économies ! » Il nuance toutefois, à l’égard du gouvernement : « Nous ne sommes pas hostiles à trouver des compromis, c’est même nécessaire ».
Epargner les collectivités
Le Sénat entend aussi alléger la charge des collectivités, auprès desquelles l’exécutif réclame pour l’année prochaine un effort budgétaire de 4,6 milliards d’euros – plus de 8 milliards, selon les calculs de l’Association des maires de France. « L’année dernière [les collectivités] ont contribué à cet effort de solidarité, mais il y a des limites. L’effort que nous visons est un effort de 2 milliards », indique Hervé Marseille.
« Les collectivités constituent 70 % de l’investissement public. On construit des routes, des piscines, des logements, des bâtiments de toutes sortes… Nous avons besoin de faire vivre ces collectivités. L’actions sociale des départements est indispensable. 30 % des départements n’arrivent pas à boucler leur budget, donc il faut trouver des solutions », martèle l’élu.