Parliament of Sports Conference “What development strategy for sports equipment in France? » at French Senate
View of the entrance of the French Senate at Palais du Luxembourg, in Paris on March 25th//YUENKINWAI_12140001/Credit:Kin-Wai YUEN/SIPA/2403261216

Loi sur les ingérences étrangères : députés et sénateurs s’accordent sur un texte commun

Après le vote de la proposition de loi à l’Assemblée au mois de mars, puis au Sénat le 22 mai, un accord a été trouvé entre les parlementaires pour accroître la surveillance des opérations d’ingérence. « C’est globalement l’écriture du Sénat qui a été reprise », se félicite la rapporteure du texte pour la chambre haute, Agnès Canayer.
Rose-Amélie Bécel

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Réunie ce 30 mai, la commission mixte paritaire chargée de trouver un accord autour de la proposition de loi sur les ingérences étrangères est très rapidement parvenue à un accord. Le texte, qui faisait largement consensus, avait été adopté sans grande difficulté le 27 mars à l’Assemblée nationale, puis le 23 mai au Sénat.

La loi entend d’abord mieux encadrer les représentants d’intérêts étrangers en France, en obligeant leur inscription dans un registre géré par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Pour permettre au Parlement d’en mesurer l’ampleur, le gouvernement devra également lui remettre un rapport sur « l’état des menaces qui pèsent sur la sécurité nationale ». En parallèle, le texte renforce aussi la surveillance des opérations d’ingérence en autorisant les services de renseignement à expérimenter la surveillance par algorithme des activités suspectes en ligne.

Les infractions commises pour le compte d’une puissance étrangère plus sévèrement punies

« C’est globalement l’écriture du Sénat qui a été reprise », précise la sénatrice Les Républicains Agnès Canayer, rapporteure du texte pour la chambre haute. Plusieurs amendements introduits par la commission des lois du Sénat ont ainsi été conservés, notamment un nouvel article qui prévoit l’aggravation des peines pour atteintes contre les biens ou les personnes, si ces infractions sont commises « dans le but de servir les intérêts d’une entité étrangère ». Pour les infractions habituellement punies de trois ans de prison, la peine passerait par exemple à six ans de prison. Les auteurs de crimes punis de trente ans de réclusion risqueront quant à eux la perpétuité.

Enfin, plusieurs amendements votés à l’occasion des débats en séance publique au Sénat ont aussi été conservés dans le texte final. La liste des cibles potentielles d’opérations d’influence, où figurent par exemple les membres et anciens membres du gouvernement pendant cinq ans, a ainsi été étendue sur proposition du sénateur socialiste Jérôme Durain aux candidats des élections européennes. L’obligation d’inscription dans un registre entrera en vigueur au plus tard en décembre 2025, la mesure ne concernera donc pas les candidats au scrutin actuel, alors que des perquisitions sont en cours au Parlement européen pour des soupçons d’ingérences russes.

Un débat annuel sur le contrôle des investissements étrangers inscrit dans la loi

Au cours des débats, le sénateur communiste Pascal Savoldelli a par ailleurs fait voter un amendement – conservé en CMP – obligeant le gouvernement à remettre son rapport sur l’état des menaces chaque année au Parlement, contre les deux ans initialement prévus.

Enfin, un amendement du sénateur Renaissance Jean-Baptiste Lemoyne, permettant l’organisation d’un débat annuel sur le contrôle des investissements étrangers en France, a également été conservé. Avant même la conclusion de la CMP, un premier débat a déjà eu lieu sur le sujet au Sénat ce 29 mai, « ce rendez-vous est désormais inscrit noir sur blanc dans la loi », se félicite Jean-Baptiste Lemoyne.

Partager cet article

Dans la même thématique

Des échanges parfois vifs, des questions à plusieurs milliards d’euros, 87 heures d’auditions : la saga de la commission d’enquête sur les aides aux entreprises
12min

Parlementaire

Des échanges parfois vifs, des questions à plusieurs milliards d’euros, 87 heures d’auditions : la saga de la commission d’enquête sur les aides aux entreprises

Série – Les enquêtes du Sénat : Durant six mois, une commission d’enquête au Sénat a enchaîné les auditions d’une trentaine de patrons de grandes entreprises, mais également de responsables politiques, de hauts fonctionnaires ou encore d’économistes sur le sujet des aides publiques versées aux entreprises.

Le

Senat- Questions au gouvernement
8min

Parlementaire

Texte narcotrafic, loi Duplomb sur l’agriculture, PPL Gremillet sur le nucléaire : comment le gouvernement s’appuie sur le Sénat pour légiférer

Faute de majorité claire et sûre à l’Assemblée, le gouvernement ne dépose quasiment plus de projets de loi. Il mise plutôt sur les propositions de loi, d’origine parlementaire. Et dans ce contexte, le Sénat tire son épingle du jeu. L’exécutif peut compter sur la majorité sénatoriale, dont il est proche.

Le

L’hémicycle de l’Assemblée nationale
8min

Parlementaire

« On se demande ‘à quoi sert-on ?’ » : retour sur une année parlementaire inédite, qui a démoralisé les élus

Avec l’arrivée à Matignon de François Bayrou, les parlementaires ont vu cette année l’exercice de leurs fonctions profondément modifié. Très peu de projets de loi, issus du gouvernement, et pléthore de propositions de lois, rédigées par un député ou un sénateur, dont l’impact n’est pas évalué a priori. Une situation inédite dans l’histoire de la Ve République, qui a démotivé et démobilisé les élus, et interroge sur le rôle du Parlement dans la période.

Le