Nouvelle-Calédonie : la mission vise à « mettre tout le monde autour de la table et faire émerger un accord politique global », affirme Gabriel Attal

Alors qu’Emmanuel Macron va arriver en Nouvelle-Calédonie, la situation « reste tendue et fragile » sur place, selon le premier ministre. « Nous mettons toutes nos forces pour créer les conditions du dialogue et d’un accord politique global », affirme Gabriel Attal, qui assure que le gouvernement sera « aux côtés de la Nouvelle-Calédonie pour la reconstruction ».
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Alors qu’Emmanuel Macron est toujours dans l’avion qui le mène en Nouvelle-Calédonie – il faut compter environ 24 heures de vol – le premier ministre, Gabriel Attal, a répondu à une série de questions sur la situation sur l’île, lors des questions d’actualité au gouvernement au Sénat.

« La solution ne pourra pas être uniquement martiale et institutionnelle » affirme Annick Girardin, ancienne ministre d’Edouard Philippe

Le président du groupe Les Indépendants, Claude Malhuret, a demandé « quelques précisions sur les conditions et les objectifs » de la mission que compte lancer le chef de l’Etat, pointant aussi les « ingérences étrangères » et « approuvant » la décision de suspendre Tik Tok.

La sénatrice de Saint-Pierre et Miquelon, Annick Girardin, bien qu’ancienne collègue de Gabriel Attal, en tant que ministre des Outre-mer d’Edouard Philippe de 2017 à 2020 et ministre de la Mer de Jean Castex, de 2020 à 2022, s’est montrée critique. Si la sénatrice du groupe RDSE se « félicite » du déplacement d’Emmanuel Macron, Annick Girardin demande, en référence aux accords de Matignon sur la Nouvelle-Calédonie : « Assistons-nous à la naissance des accords de l’Elysée ? ». Citant Michel Rocard, elle affirme que « la paix, c’est la négociation, […] c’est le courage de transformer l’ennemi en interlocuteur ». « La solution ne pourra pas être uniquement martiale et institutionnelle, Monsieur le premier ministre. Et le pays ne se reconstruira qu’avec toutes les forces vives de ce territoire », lance Annick Girardin. Regardez :

« La situation s’améliore peu à peu, mais reste tendue et fragile »

Dénonçant à nouveau des « violences d’une très grande gravité », le premier ministre affirme que « si la situation s’améliore peu à peu, elle reste tendue et fragile ». Face à la situation, « nous avons immédiatement réagi », assure Gabriel Attal, qui rappelle l’Etat d’urgence, l’envoi de forces de sécurité, portant à 2.700 leur nombre. « 90 barrages ont été dégagés et 306 émeutiers interpellés », souligne-t-il.

Sur le plan politique, aujourd’hui essentiel, le locataire de Matignon a fait le point. « Nous mettons toutes nos forces pour créer les conditions du dialogue et d’un accord politique global », assure le premier ministre, qui explique que « le Président se rend en Nouvelle-Calédonie pour témoigner aux Calédoniens la solidarité de la Nation d’abord. Son déplacement a aussi pour objectif de renouer le fil du dialogue entre indépendantistes et non indépendantistes, avec évidemment l’Etat. Pour cela, il installe une mission composée de hauts fonctionnaires qui resteront en Nouvelle-Calédonie, le temps nécessaire ».

Gabriel Attal résume : « La mission a pour objectif de faire émerger un dialogue politique local dans le but de parvenir à un accord politique global. Evidemment que le Président de la République et le gouvernement prendront toute leur part à ces discussions-là ». « Et évidemment, dans les semaines et mois qui suivent, avec le ministre de l’Intérieur et la ministre déléguée à l’Outre-mer, je suivrai au plus près, en lien avec un acteur politique local, l’évolution de ces discussions ». Reste plus qu’à « mettre tout le monde autour de la table et faire émerger un accord politique global, à la faveur de cette mission ». Plus facile à dire qu’à faire.

« Ce n’est pas bomber le torse ou jouer les cowboys que de permettre aux habitants de Nouvelle-Calédonie de pouvoir dormir en sécurité »

Quant à la sénatrice écologiste Mélanie Vogel, elle a dénoncé l’attitude de l’exécutif dans ce dossier. « On ne peut pas réussir un procès de décolonisation en jouant au cowboy, en tapant du poing sur la table et en bombant le torse. Ce n’est pas possible », prévient la sénatrice des Français de l’étranger, appelant à être « humble » et « digne ». « Il faut dire pardon, nous nous sommes trompés. Et en disant cela, je ne vous demande pas de vous rabaisser. Reconnaître ses erreurs, c’est grandir », ajoute Mélanie Vogel, qui demande de « retirer le texte » constitutionnel « maintenant ».

« Vous avez parlé de bomber le torse ou de jouer les cowboys. Moi, ce dont je vous parle c’est de permettre aux Calédoniens de vivre en sécurité. […] Ce n’est pas bomber le torse ou jouer les cowboys que de permettre aux habitants de Nouvelle-Calédonie de pouvoir dormir en sécurité, aller acheter de quoi s’alimenter, pouvoir se soigner. […] Le retour à l’ordre est un préalable à tout, un préalable au dialogue, un préalable au vivre ensemble », a rétorqué Gabriel Attal, qui rappelle que « le vivre ensemble, c’est le fil rouge de 40 ans de dialogue et d’échange. Un fil que ni les responsables indépendantistes, ni les responsables non indépendantistes ne remettent en cause. Tous ont appelé à la violence », a-t-il lancé dans un lapsus, avant de corriger : « à la fin de la violence, évidemment ».

« Le ministre de l’Economie s’est entretenu avec les acteurs économiques locaux et avec les banques et assurances »

Reste le plan économique. « Nous agissons face aux conséquences économiques et sociales de ces émeutes. Le ministre de l’Economie s’est déjà entretenu avec les acteurs économiques locaux et ce matin, avec les banques et assurances. Nous serons aux côtés de la Nouvelle-Calédonie pour la reconstruction », assure Gabriel Attal, « comme nous sommes à ses côtés pour aider à son développement économique et social, à la diversification de son économie, dans le respect des compétences des institutions locales ».

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