Reynaud

Paroles de nouveaux sénateurs : « J’ai le sentiment avec la dissolution et l’arrêt des travaux parlementaires d’avoir été coupé dans mon élan », affirme Hervé Reynaud

Elu pour la première fois sénateur en septembre dernier, Hervé Reynaud (LR) représente la Loire au Palais du Luxembourg. Elu local depuis plusieurs années, il raconte à Public Sénat le début de son mandat au Sénat, les événements qui l’ont marqué et les sujets qu’il souhaite porter. Découvrez cet entretien de notre série d’été sur les nouveaux sénateurs.
Rédaction Public Sénat

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Quel est votre parcours avant d’arriver au Sénat ?

Cadre de la fonction publique, j’ai été élu local pendant plusieurs années. Maire de Saint-Chamond pendant 10 ans, 2ème ville de la Loire, président de l’association des maires de la Loire, conseiller départemental, 1er vice-président du département chargé des finances, 1er vice-président de la métropole de Saint-Etienne puis président par intérim. Lors de mon élection en 2023, le non-cumul des mandats, m’empêche de garder mon mandat de maire de Saint-Chamond et la présidence par intérim de Saint-Étienne Métropole. Tous ces mandats locaux m’ont donné une bonne connaissance du territoire et des enjeux. C’est naturellement que l’envie de devenir sénateur s’est présentée avec l’objectif de faire le lien entre le local et le national et de faire entendre la voix des maires. Cela a été très spontané.

Pourquoi avez-vous décidé de vous présenter aux élections sénatoriales ?

En tant qu’élu local j’ai vite compris que le mandat de parlementaire comme représentant des territoires était indispensable pour faire avancer les problématiques des élus locaux. On se heurte souvent aux limites de la décentralisation quand on est élu local et le Sénat est le relais qui permet de faire avancer les dossiers des élus locaux. De nombreuses communes en France ne vont pas bien, certaines communes rurales sont en grande difficulté financière. Il y a une grande inquiétude des maires pour maintenir les services publics et nous parlementaires nous devons les soutenir. La suppression progressive des marges de manœuvre fiscale, l’absence de revalorisation de la DGF (Dotation générale de financement) à la hauteur des besoins, freinent de plus en plus la capacité à répondre aux besoins de la population. Ces problématiques sont pour moi prioritaires, c’est pourquoi j’ai souhaité être membre de la délégation sénatoriale aux collectivités territoriales et à la décentralisation.

Avez-vous le sentiment d’avoir pu faire tout cela depuis votre élection en septembre 2023 ?

J’ai le sentiment avec la dissolution et l’arrêt des travaux parlementaires d’avoir été coupé dans mon élan. Très impliqué dans le bilan de la missions décentralisation d’Eric Woerth, j’ai trouvé regrettable que tout s’arrête alors que des pistes intéressantes comme le fait de remettre un peu de cumul des mandats, de mettre en place une nouvelle étape de la décentralisation étaient discutés. J’ai envie de me remettre rapidement au travail. Le Sénat sera à coup sûr force de propositions.

Comment avez-vous vécu votre arrivée au Sénat ?

L’accueil a été très chaleureux tant du personnel que des collègues. Le Sénat est réputé pour cela et j’ai pu m’en rendre compte.  J’ai vu à quel point le président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau et le président du Sénat Gérard Larcher sont attentifs au dialogue. Les premières semaines ont été très intenses très vite le Congrès à Versailles pour le vote visant à inscrire l’avortement dans la Constitution en mars 2024, puis la dissolution de l’Assemblée Nationale en juin dernier. C’est rare dans la vie d’un parlementaire de vivre des évènements aussi importants en si peu de temps !

Quel texte retenez-vous de votre première année au Sénat ?

Tout d’abord ce qui m’a beaucoup marqué est le ressenti sur le terrain et la colère sourde, la défiance vis-à-vis des politiques et la fragilité de notre démocratie. On voit que les Français ne supportent plus l’entre soit et la langue de bois, nous avons cette responsabilité là en tant que parlementaire, nous devons garder en tête l’intérêt général en permanence.

Le texte sur l’IVG, que j’ai soutenu, m’a beaucoup marqué car la Loire porte l’héritage de la droite progressiste de Simone Veil et avant de Gaulle et c’est aussi la terre de Lucien Neuwirth, père de la pilule.

Le texte sur l’immigration a aussi été marquant par l’intervention du Conseil constitutionnel qui a ainsi remis en cause le vote de deux tiers du Parlement.

La période politique actuelle est très incertaine et inédite, quelle analyse en faites-vous, en particulier du rôle du Parlement ?

Je continue de penser que la dissolution était une décision irresponsable qui continue de créer une fracture dans le pays. Notre société a besoin d’apaisement et d’efficacité et ce qu’il s’est passé et continue de se passer est tout le contraire. Il faut retrouver une unité et une clarté autour de propositions et les Républicains ont leur rôle à jouer. Tout est à reconstruire au sein du parti : changer son nom, la marque LR. Je suis contre toute coalition qui pourrait aller vers un pacte législatif ou autre. J’avoue être inquiet pour la démocratie représentative.

Sur quels sujets voulez-vous travailler à la rentrée ?

Je vais continuer à travailler sur les sujets sur lesquels j’étais déjà impliqué. Celui sur la simplification de la vie économique qui je l’espère reviendra dans l’hémicycle. Celui sur le statut de l’élu local dans le cadre du nouvel acte de décentralisation, la loi SRU également. Je souhaite aussi travailler sur la sécurité dans les transports.

Propos recueillis par Sandra Cerqueira

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