Polémique à Sciences Po : Le Sénat va lancer une « mission flash » pour connaître la réalité de l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur
Par Alexis Graillot
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L’école de la rue Saint-Guillaume est dans la tourmente, à la suite des accusations d’antisémitisme à l’encontre les organisateurs d’une manifestation propalestinienne. Au lendemain de l’audition de sa présidente au Sénat, Laurent Lafon (UC) est revenu sur les événements de ces derniers jours, annonçant la création d’une « mission flash », afin d’évaluer l’ampleur des actes antisémites dans les universités.
« Des faits graves et anormaux »
Saluant le « déroulé précis des événements » décrit par Laurence Bertrand-Dorléac, au cours de son audition, ce mercredi 21 mars, le sénateur a rappelé qu’une « procédure disciplinaire était en cours au sein de Sciences Po », et qu’en parallèle, l’établissement avait saisi le procureur de la République pour des faits à caractère antisémite, sur la base de l’article 40 du Code de procédure pénale. Néanmoins, le sénateur du Val-de-Marne a dénoncé, sur la base des explications de la présidente de la FNSP, « des faits graves (…), anormaux (…), qui justifiaient pleinement que le Sénat s’empare du sujet ».
Questionné sur la venue de Gabriel Attal au conseil d’administration de l’école, le sénateur centriste n’y voit pas une atteinte fondamentale aux principes fondamentaux d’indépendance et de liberté académiques : « On ne peut pas reprocher au gouvernement de s’emparer de la question de l’antisémitisme », estime-t-il, dénonçant un phénomène présent dans « un certain nombre » d’établissements d’enseignement supérieur ». « S’ils ne l’avaient pas fait, on leur aurait reproché », ajoute-t-il, d’autant plus dans le cas d’un « événement à répercussion nationale ».
Lancement d’une « mission flash » dans l’enseignement supérieur
Le sénateur du Val-de-Marne a également fait part de son « extrême vigilance », quant aux fortes tensions existant sur les campus américains, à la suite des attaques du Hamas du 7 octobre, reconnaissant une « tension palpable » au sein des établissements d’enseignement supérieur français. « Plus le conflit dure, plus le risque de tensions et d’altercations est réel », analyse-t-il, réaffirmant que « l’antisémitisme est un délit, pas une opinion », et reste « inacceptable quel que soit le lieu et quelle que soit la période ».
Dans la foulée, Laurent Lafon a annoncé le lancement d’une « mission flash », de la part de la commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport, pour une durée de « deux mois », afin d’observer « si tous les directeurs d’établissement ont tous les outils nécessaires pour arriver à maintenir les débats tout en maintenant le respect des valeurs de la République ». Une mission qui réunira « professeurs d’université, le ministère de l’Intérieur, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche », ainsi que « quelques universitaires qui ont travaillé sur le sujet ».
« Porter rapidement un diagnostic et alerter si besoin », tout l’enjeu des semaines à venir.
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