Rejet du CETA au Sénat : « Une opération montée par le PC et la gauche, avec le soutien des LR », dénonce Hervé Marseille

A l’issue du rejet du CETA par la Haute Assemblée, le président du groupe centriste au Sénat, Hervé Marseille, est revenu sur les incidents qui ont émaillé la séance, et le choix de son groupe, largement en faveur du traité, de quitter l’hémicycle avant le vote, ouvrant la voie à une crise ouverte au sein de la majorité sénatoriale. La raison ? Le choix de Bruno Retailleau, président du groupe LR, de brandir l’article 38 du règlement du Sénat, clôturant les débats, « sans discuter de quoique ce soit ».
Alexis Graillot

Temps de lecture :

2 min

Publié le

Mis à jour le

255 votants sur l’article 1, 44 en faveur du CETA, 211 contre, sur 348 sénateurs. Par un rapide calcul, 93 sénateurs manquent à l’appel. La raison ? Le refus du groupe centriste et des Indépendants de participer au vote. Ils ont quitté l’hémicycle à la suite de la demande de clôture des débats par Bruno Retailleau. « On va vous laisser entre vous », s’est alors emporté, glacial, le patron des centristes.

« Je demande le respect »

« Je regrette cette situation », affirme, amer, Hervé Marseille, arguant que « ce n’était pas le moment de discuter d’un texte aussi important dans un moment aussi passionnel », évoquant le contexte politique en cours entre élections européennes et crise agricole. « Ce caporalisme, ce n’est pas le Sénat », déplore-t-il, jugeant que ce n’est « pas une bonne image » que la chambre haute a donnée.

« On voit bien l’instrumentalisation », dénonce l’élu centriste, évoquant une opération montée par le PC et la gauche, avec le soutien des LR », tout en égratignant au passage, « les 2 rapporteurs LR » du texte, Laurent Duplomb (seulement saisi pour avis) et Pascal Allizard, de « procureurs ». « Pas de rapport possible, pas d’équilibre, pas de prise en compte des opinions divergentes », égrène le sénateur des Hauts-de-Seine.

A cet égard, s’il juge la position des élus communistes (qui ont voté contre le texte), « cohérente », il n’en dit pas autant de ces collègues LR : « Je regrette que [Bruno] Retailleau ait brandi l’article 38 [qui permet de clôturer les débats] sans discuter de quoique ce soit ». « Personne n’avait la volonté de jouer la montre », assure-t-il. De là à créer une fracture au sein de la majorité sénatoriale ? « Posez la question à Bruno Retailleau », balaye Hervé Marseille, qui estime qu’« il y a des limites à tout. « Je demande le respect », déclare-t-il froidement, se laissant un temps pour faire « retomber la pression ».

Quoiqu’il en soit, ce vote pourrait laisser des traces dans la majorité sénatoriale. Déjà quelques heures avant le vote, le chef de file des sénateurs centristes avait reproché à ses partenaires LR, d’utiliser ce débat à des fins électoralistes : « C’est une nouvelle forme de majorité », avait alors critiqué l’élu des Hauts-de-Seine, à l’issue des questions au gouvernement.

Dans la même thématique

Rejet du CETA au Sénat : « Une opération montée par le PC et la gauche, avec le soutien des LR », dénonce Hervé Marseille
3min

Parlementaire

Loi spéciale : C’est un « pont entre le budget non adopté et le budget qui va être adopté en 2025 », explique Anne-Charlène Bezzina

Ce matin, Anne-Charlène Bezzina, constitutionnaliste, était l’invitée de la matinale de Public Sénat. Alors qu’Emmanuel Macron a annoncé sa volonté qu’une loi spéciale soit déposée dans les prochains jours au Parlement, quelles seront les modalités de son examen devant les deux assemblées parlementaires ? Les élus pourront-ils déposer des amendements sur le texte ? Un gouvernement démissionnaire peut-il défendre un tel texte ? Explications.

Le

Rejet du CETA au Sénat : « Une opération montée par le PC et la gauche, avec le soutien des LR », dénonce Hervé Marseille
2min

Parlementaire

Censure du gouvernement : « Tout risque de déraper », avertit Jean-François Husson (LR)

Alors que l’Assemblée nationale vient de censurer le gouvernement Michel Barnier, le bloc central alerte sur les risques économiques et budgétaires, rejetant la responsabilité d’un “dérapage” sur la gauche et le Rassemblement national. Le RN rassure quant à lui sur la capacité de la France à se doter d’un budget dans les temps.

Le

La sélection de la rédaction

Rejet du CETA au Sénat : « Une opération montée par le PC et la gauche, avec le soutien des LR », dénonce Hervé Marseille
4min

Parlementaire

Au Sénat, le CETA pourrait rapprocher la droite et la gauche : « C'est une nouvelle forme de majorité », tacle le patron des centristes 

Pour la première fois, le Sénat va s’exprimer sur le CETA, un accord de libre-échange entre l’UE et le Canada. La majorité sénatoriale de droite et du centre affiche des positions divergentes sur ce texte. À notre micro, Hervé Marseille, le chef de file des sénateurs centristes, reproche à ses partenaires LR d’utiliser ce débat à des fins électoralistes, à trois mois des européennes.

Le

Le Sénat va pouvoir se prononcer sur le CETA, après plus de quatre ans d’attente
6min

International

Le Sénat va pouvoir se prononcer sur le CETA, après plus de quatre ans d’attente

Le projet de ratification de l’accord controversé de libre-échange Union européenne-Canada vient d’être inscrit à l’ordre du jour du Sénat, sur demande du groupe communiste, qui espère provoquer son rejet. Depuis l’adoption à l’Assemblée nationale à l’été 2019, les sénateurs attendent en vain que le gouvernement leur soumette le texte.

Le