255 votants sur l’article 1, 44 en faveur du CETA, 211 contre, sur 348 sénateurs. Par un rapide calcul, 93 sénateurs manquent à l’appel. La raison ? Le refus du groupe centriste et des Indépendants de participer au vote. Ils ont quitté l’hémicycle à la suite de la demande de clôture des débats par Bruno Retailleau. « On va vous laisser entre vous », s’est alors emporté, glacial, le patron des centristes.
« Je demande le respect »
« Je regrette cette situation », affirme, amer, Hervé Marseille, arguant que « ce n’était pas le moment de discuter d’un texte aussi important dans un moment aussi passionnel », évoquant le contexte politique en cours entre élections européennes et crise agricole. « Ce caporalisme, ce n’est pas le Sénat », déplore-t-il, jugeant que ce n’est « pas une bonne image » que la chambre haute a donnée.
« On voit bien l’instrumentalisation », dénonce l’élu centriste, évoquant une opération montée par le PC et la gauche, avec le soutien des LR », tout en égratignant au passage, « les 2 rapporteurs LR » du texte, Laurent Duplomb (seulement saisi pour avis) et Pascal Allizard, de « procureurs ». « Pas de rapport possible, pas d’équilibre, pas de prise en compte des opinions divergentes », égrène le sénateur des Hauts-de-Seine.
A cet égard, s’il juge la position des élus communistes (qui ont voté contre le texte), « cohérente », il n’en dit pas autant de ces collègues LR : « Je regrette que [Bruno] Retailleau ait brandi l’article 38 [qui permet de clôturer les débats] sans discuter de quoique ce soit ». « Personne n’avait la volonté de jouer la montre », assure-t-il. De là à créer une fracture au sein de la majorité sénatoriale ? « Posez la question à Bruno Retailleau », balaye Hervé Marseille, qui estime qu’« il y a des limites à tout. « Je demande le respect », déclare-t-il froidement, se laissant un temps pour faire « retomber la pression ».
Quoiqu’il en soit, ce vote pourrait laisser des traces dans la majorité sénatoriale. Déjà quelques heures avant le vote, le chef de file des sénateurs centristes avait reproché à ses partenaires LR, d’utiliser ce débat à des fins électoralistes : « C’est une nouvelle forme de majorité », avait alors critiqué l’élu des Hauts-de-Seine, à l’issue des questions au gouvernement.