Report des élections en Nouvelle-Calédonie : pourquoi les socialistes « vont sauver le gouvernement sur ce sujet »

Face à la crise en Nouvelle-Calédonie, l’exécutif s’est finalement résigné à décaler d’une année les élections provinciales qui étaient prévues en décembre. Mais ce report nécessite un texte de loi. Dans un contexte parlementaire tendu, l’exécutif devrait s’appuyer sur une proposition de loi déposée par les sénateurs socialistes.
Romain David

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Le Premier ministre Michel Barnier a annoncé le report des élections provinciales en Nouvelle-Calédonie. Le scrutin, qui aurait dû se tenir à la fin de l’année, sera décalé à 2025, faute d’accord sur le dégel du corps électoral d’une part, l’archipel étant toujours en proie à des violences qui pourraient empêcher le bon déroulement des opérations de vote d’autre part.

Fait assez rare pour être signalé : le gouvernement, pris par un calendrier législatif très serré en raison des discussions budgétaires, va s’appuyer sur une proposition de loi déposée par l’opposition, celle des sénateurs socialistes, qui proposent de reporter les élections provinciales au 30 novembre 2025, conformément à un avis du Conseil d’Etat. Ce texte doit être examiné le 23 octobre au Sénat.

« Mon groupe va sauver le gouvernement sur ce sujet. Je vous le concède, c’est assez extraordinaire », ironise Patrick Kanner, le chef de file des élus PS au Palais du Luxembourg. « Logiquement, un projet de loi issu du gouvernement aurait dû intervenir pour reporter les élections. Ils n’ont plus le temps par rapport à l’échéance qui est celle de décembre prochain », explique le sénateur du Nord, invité ce vendredi 4 octobre de l’émission « Parlement hebdo » sur Public Sénat.

« Nous avons toujours dit : donnons du temps au dialogue. Reprenons l’esprit des accords de Matignon, des accords de Nouméa », souligne Patrick Kanner.

« La situation est cataclysmique »

Mi-mai, le vote par l’Assemblée nationale de la réforme constitutionnelle visant à dégeler le corps électoral de Nouvelle-Calédonie a embrasé l’archipel, faute d’accord entre les différents partis politiques sur ce dossier. L’exécutif a été accusé, notamment par les indépendantistes, de vouloir passer en force. En juin, Emmanuel Macron a finalement annoncé la suspension du texte. Dans son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale mardi, Michel Barnier a indiqué que la réforme ne serait « pas soumise » au Congrès, étape nécessaire à son adoption.

Aujourd’hui, la situation sécuritaire et économique reste particulièrement alarmante en Nouvelle-Calédonie. « Nous avons toujours dit : donnons du temps au dialogue. Reprenons l’esprit des accords de Matignon, des accords de Nouméa », souligne Patrick Kanner. « Il y a eu treize morts, 3 milliards d’euros de dégâts. La situation est cataclysmique. Donc je suis heureux, effectivement, de donner mon secours au gouvernement parce que la cause est juste », conclut-il.

Partager cet article

Dans la même thématique

Report des élections en Nouvelle-Calédonie : pourquoi les socialistes « vont sauver le gouvernement sur ce sujet »
5min

Parlementaire

Marchés publics : un rapport sénatorial dénonce un « recours massif » de l’Etat aux GAFAM

Le rapport de la commission d’enquête sur la commande publique met en lumière un déficit de pilotage de l’Etat en la matière. Les sénateurs appellent à utiliser ce « levier » de souveraineté en déclinant des mesures de l’échelon des collectivités à l’échelon européen. Ce travail pourrait donner lieu à deux propositions de loi à la rentrée.

Le

Report des élections en Nouvelle-Calédonie : pourquoi les socialistes « vont sauver le gouvernement sur ce sujet »
1min

Parlementaire

Le Sénat rend hommage à Olivier Marleix

En préambule des questions d’actualités au gouvernement, le président Gérard Larcher a rendu hommage au député Les Républicains, Olivier Marleix, retrouvé mort à son domicile lundi. Il a rappelé l’engagement du député « marqué par le gaullisme ». François Bayrou a également salué la mémoire d’Olivier Marleix.

Le

Bercy : Meeting 2026 budget
5min

Parlementaire

Réforme de l’audiovisuel public : la gauche sénatoriale promet « un combat politique, sociétal et moral »

Le Sénat examinera en seconde lecture, à parti de jeudi, la réforme de l’audiovisuel public, une proposition de loi issue des rangs centristes mais fermement défendue par la ministre de la Culture Rachida Dati. La gauche sénatoriale accuse la locataire de la rue de Valois de tenter un passage en force sur ce texte qui vise à rapprocher dans une même entité France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’Institut national de l’audiovisuel (INA).

Le

Questions au gouvernement
8min

Parlementaire

« Ce n’est pas pour ça qu’on s’engage en politique » : les élus moroses après six mois de pratique parlementaire inédite

Depuis l’arrivée à Matignon de François Bayrou, les parlementaires voient l’exercice de leurs fonctions profondément modifié. Très peu de projets de loi, issus du gouvernement, et pléthore de propositions de lois, rédigées par un député ou un sénateur, dont l’impact n’est pas évalué a priori. Une situation inédite dans l’histoire de la Ve République, qui démotive et démobilise les élus, et interroge sur le rôle du Parlement dans la période.

Le