Le Premier ministre Michel Barnier a annoncé le report des élections provinciales en Nouvelle-Calédonie. Le scrutin, qui aurait dû se tenir à la fin de l’année, sera décalé à 2025, faute d’accord sur le dégel du corps électoral d’une part, l’archipel étant toujours en proie à des violences qui pourraient empêcher le bon déroulement des opérations de vote d’autre part.
Fait assez rare pour être signalé : le gouvernement, pris par un calendrier législatif très serré en raison des discussions budgétaires, va s’appuyer sur une proposition de loi déposée par l’opposition, celle des sénateurs socialistes, qui proposent de reporter les élections provinciales au 30 novembre 2025, conformément à un avis du Conseil d’Etat. Ce texte doit être examiné le 23 octobre au Sénat.
« Mon groupe va sauver le gouvernement sur ce sujet. Je vous le concède, c’est assez extraordinaire », ironise Patrick Kanner, le chef de file des élus PS au Palais du Luxembourg. « Logiquement, un projet de loi issu du gouvernement aurait dû intervenir pour reporter les élections. Ils n’ont plus le temps par rapport à l’échéance qui est celle de décembre prochain », explique le sénateur du Nord, invité ce vendredi 4 octobre de l’émission « Parlement hebdo » sur Public Sénat.
« Nous avons toujours dit : donnons du temps au dialogue. Reprenons l’esprit des accords de Matignon, des accords de Nouméa », souligne Patrick Kanner.
« La situation est cataclysmique »
Mi-mai, le vote par l’Assemblée nationale de la réforme constitutionnelle visant à dégeler le corps électoral de Nouvelle-Calédonie a embrasé l’archipel, faute d’accord entre les différents partis politiques sur ce dossier. L’exécutif a été accusé, notamment par les indépendantistes, de vouloir passer en force. En juin, Emmanuel Macron a finalement annoncé la suspension du texte. Dans son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale mardi, Michel Barnier a indiqué que la réforme ne serait « pas soumise » au Congrès, étape nécessaire à son adoption.
Aujourd’hui, la situation sécuritaire et économique reste particulièrement alarmante en Nouvelle-Calédonie. « Nous avons toujours dit : donnons du temps au dialogue. Reprenons l’esprit des accords de Matignon, des accords de Nouméa », souligne Patrick Kanner. « Il y a eu treize morts, 3 milliards d’euros de dégâts. La situation est cataclysmique. Donc je suis heureux, effectivement, de donner mon secours au gouvernement parce que la cause est juste », conclut-il.