Paris: Debat reforme des retraites au Senat
Gabriel Attal ministre des Comptes Publics. Debat du texte de projet de reforme des retraites, adoptee par les senateurs en commission, en seance publique dans l hemicycle du Senat le 2 mars 2023 a Paris, et jusqu au 12 mars 2023. Paris, FRANCE - 02/03/2023 Gabriel Attal, Minister of Public Accounts. Debate of the pension reform project text, adopted by the senators in committee, in public session in the Senate hemicycle on March 2, 2023 in Paris, and until March 12, 2023. Paris, FRANCE - 02/03/2023//04HARSIN_DEBATSENATREFORMERETRAITE056/Credit:ISA HARSIN/SIPA/2303021718

Retraites : sans surprise, le Sénat rejette en commission la proposition de loi PS sur l’abrogation de la réforme

Déposée par le groupe socialiste, la proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites portant l’âge légal de départ à 64 ans, n’a pas convaincu la commission des affaires sociales du Sénat, qui l’a rejetée ce mercredi 3 avril. Le texte sera discuté en séance publique le 10 avril prochain.
Alexis Graillot

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

L’issue ne fait guère de suspense, mais l’enjeu est sans aucun doute tout autre pour le groupe socialiste, qui a déposé sur le bureau du Sénat, le 26 février dernier, une proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites, promulguée le 14 avril 2023. Une volonté pour les élus de gauche de relancer le débat, quelques mois seulement après avoir lancé une proposition de référendum d’initiative partagée, qui s’était arrêtée sur le bureau du Conseil Constitutionnel.

« Face à l’injustice de cette réforme, nous constatons que la promulgation de cette loi n’a entrainé ni sa validation politique, ni son acceptation sociale », précise notamment l’exposé des motifs de la proposition de loi.

« Une logique purement budgétaire »

Dans son rapport, la sénatrice du Puy-de-Dôme, Marion Canalès, dénonce une réforme, portant une « logique purement budgétaire », alors même que le Président de la République, avait jugé, le 25 avril 2019, le report de l’âge de départ comme « hypocrite » : « Quand, aujourd’hui, on est peu qualifié, quand on vit dans une région qui est en difficulté industrielle, quand on est soi-même en difficulté, qu’on a une carrière fracturée, bon courage, déjà, pour arriver à 62 ans », avait alors expliqué Emmanuel Macron. Mais le Covid et l’inflation, creusant le déficit de la France, ont eu raison des paroles du chef de l’Etat, qui avait annoncé pendant la campagne présidentielle, vouloir réformer sur les retraites.

Sur le long terme, le groupe socialiste estime que « le système de retraites demeurerait déficitaire », même avec cette nouvelle réforme, en raison du ralentissement de la démographie et l’augmentation de la pension, faisant suite à l’allongement des carrières. Critiquant des « lourds effets sur les conditions de vie des travailleurs », le groupe de gauche argue que « d’autres paramètres auraient pu être mobilisés pour parvenir à l’équilibre financier du système des retraites ».

Une abrogation « inenvisageable » pour la droite

A l’image des débats du début d’année dernière sur la réforme, au cours desquels la droite sénatoriale s’était positionnée en faveur de la réforme, la commission a rejeté le texte, motivant notamment son propos au regard du déficit public : « La commission n’a toutefois pas suivi la proposition de la rapporteure et a rejeté la proposition de loi. En effet, elle considère inenvisageable de revenir sur la réforme dans un contexte de dégradation du déficit public et d’en faire peser le poids sur le contribuable, les retraités ou les employeurs ».

Le débat aura au moins le mérite de revenir au sein du palais du Luxembourg. Le 9 juin dernier, une proposition de loi similaire avait été déposée par le groupe LIOT (Libertés, Indépendants, Outre-mer et territoires), dans le cadre de sa niche parlementaire, mais le texte, vidé de sa substance en commission, n’avait pas permis de soumettre le texte au vote, contraignant le groupe à retirer sa proposition. Cette fois-ci, le débat aura bien lieu, mais l’issue ne devrait guère changer.

Partager cet article

Dans la même thématique

Des échanges parfois vifs, des questions à plusieurs milliards d’euros, 87 heures d’auditions : la saga de la commission d’enquête sur les aides aux entreprises
12min

Parlementaire

Des échanges parfois vifs, des questions à plusieurs milliards d’euros, 87 heures d’auditions : la saga de la commission d’enquête sur les aides aux entreprises

Série – Les enquêtes du Sénat : Durant six mois, une commission d’enquête au Sénat a enchaîné les auditions d’une trentaine de patrons de grandes entreprises, mais également de responsables politiques, de hauts fonctionnaires ou encore d’économistes sur le sujet des aides publiques versées aux entreprises.

Le

Senat- Questions au gouvernement
8min

Parlementaire

Texte narcotrafic, loi Duplomb sur l’agriculture, PPL Gremillet sur le nucléaire : comment le gouvernement s’appuie sur le Sénat pour légiférer

Faute de majorité claire et sûre à l’Assemblée, le gouvernement ne dépose quasiment plus de projets de loi. Il mise plutôt sur les propositions de loi, d’origine parlementaire. Et dans ce contexte, le Sénat tire son épingle du jeu. L’exécutif peut compter sur la majorité sénatoriale, dont il est proche.

Le

L’hémicycle de l’Assemblée nationale
8min

Parlementaire

« On se demande ‘à quoi sert-on ?’ » : retour sur une année parlementaire inédite, qui a démoralisé les élus

Avec l’arrivée à Matignon de François Bayrou, les parlementaires ont vu cette année l’exercice de leurs fonctions profondément modifié. Très peu de projets de loi, issus du gouvernement, et pléthore de propositions de lois, rédigées par un député ou un sénateur, dont l’impact n’est pas évalué a priori. Une situation inédite dans l’histoire de la Ve République, qui a démotivé et démobilisé les élus, et interroge sur le rôle du Parlement dans la période.

Le