La commission d’enquête sénatoriale sur les eaux en bouteille hausse le ton. Son président, Laurent Burgoa, et son rapporteur, Alexandre Ouizille, ont annoncé hier via un communiqué de presse saisir la justice pour « faux témoignage ». En cause, Ronan Le Fanic, directeur industriel de Nestlé Waters, entendu par la commission d’enquête le 26 mars dernier.
La justice est saisie pour « parjure »
Devant les sénateurs, Ronan Le Fanic avait assuré que la chaîne de production Perrier à Vergèze n’avait connu aucun incident entre janvier et mars 2025. Or, depuis, plusieurs palettes de bouteilles Perrier ont été bloquées, les autorités ont préconisé à Perrier le retrait de son label « eau minérale naturelle » et de ses mécanismes de microfiltration. « Nous avons comparé ce qui a été dit par Monsieur Le Fanic sous serment avec les révélations de presse de la fin mars 2025, confirmées par l’ARS », détaille à Public Sénat Alexandre Ouizille, « à nouveau, des lots ont été retenus pour cause de contamination. Le fait qu’il nous dise, sous serment, que les événements aient été routiniers dans l’usine alors que des contaminations ont été observées nous a amenés à constater qu’il y avait un cas de parjure ».
« D’autres propos sont évidemment litigieux »
Les relations des sénateurs avec Nestlé ont été plus que houleuses depuis le début de la commission d’enquête. A plusieurs reprises, le président et le rapporteur se sont agacés d’une attitude très fermée des personnes auditionnées, allant même jusqu’au « refus de déposer », selon son rapporteur. « Après l’audition de Muriel Liénau [la PDG de Nestlé Waters, ndlr], se posait la question du refus de déposer. Nous avons alors invité le PDG de Nestlé à venir s’exprimer, ce qu’il a fait. Il a accepté de répondre normalement à nos questions », explique Alexandre Ouizille. L’attitude, plus ouverte, de Laurent Freixe, a donc calmé le jeu quelques semaines. Mais les révélations dans la presse survenues mi-avril relatant une nouvelle contamination de bouteilles Perrier, ont relancé le conflit. « Un certain nombre de cas qui auraient pu constituer un parjure ont attiré notre attention, dans d’autres auditions. Nous les avons tous investigués et nous avons décidé de lancer la procédure pour celui qui nous paraissait le plus manifeste », assure le rapporteur socialiste de la commission d’enquête, « mais d’autres propos sont évidemment litigieux et certaines réponses insuffisantes ».
Le rapport final de la commission d’enquête est présenté demain à ses membres pour qu’il soit voté. Il sera présenté le 19 mai prochain à la presse.