Le torchon brûle toujours entre Matignon et les socialistes, à quelques heures d’une commission mixte paritaire clé sur le budget 2025. « Sentiment de submersion » migratoire : l’expression employée par le Premier ministre lundi soir a totalement interféré sur la construction laborieuse d’un compromis budgétaire avec les parlementaires socialistes. Ces derniers ont annulé leur participation à une négociation en amont au ministère des Finances.
François Bayrou a tenté ce mercredi de déminer le sujet, avec une réponse adressée au président du groupe socialiste, Patrick Kanner. L’une des figures de la coalition gouvernementale, le centriste Hervé Marseille s’étonne ce 29 janvier des proportions prises par la polémique. « On peut parler migration, mais pour l’instant on est sur le budget ! Je comprends que les socialistes cherchent jour après jour des points de négociation des points de discussion, c’est la vie politique, mais je ne pense pas que ce soit l’heure », réagit le président du groupe Union centriste.
« Ne mélangeons pas les choses, je ne crois qu’on puisse prendre en otage le budget de la France pour un autre débat qui est celui de la migration », a-t-il appelé. Hervé Marseille rappelle que ce dernier sujet sera traité à l’occasion de futurs textes. « Chaque chose en son temps. »
« Soyons un peu responsables les uns et les autres »
Pour la gauche, le problème n’est pas seulement une question de vocabulaire. Dans le projet de loi de finances, les socialistes demandent l’abandon d’une réduction du périmètre de l’aide médicale d’Etat (AME), votée par le Sénat début décembre. Cette enveloppe, qui finance les dépenses de santé des étrangers en situation irrégulière, a été rabotée à l’occasion de 200 millions d’euros. « C’est le Parlement qui vote », rappelle Hervé Marseille, qui se dit prêt à abandonner cette mesure pour « satisfaire tout le monde ». « 200 millions d’euros, vous savez, on n’est plus à ça près. Tout le monde parle d’économies, je n’en vois pas beaucoup. Je vois beaucoup de dépenses supplémentaires, on veut des professeurs, des dépenses sur toutes sortes de choses mais personne n’arrive à décréter des économies », s’exclame néanmoins le centriste.
« Ce pays a besoin de stabilité. Quiconque prendrait aujourd’hui le risque de déstabiliser le pays en mettant à bas ce gouvernement conduirait immanquablement à ce que Madame Le Pen appelait de ses vœux hier soir, c’est-à-dire une possible dissolution », met en garde le sénateur. Et d’ajouter : « Soyons un peu responsables les uns et les autres, nous sommes en capacité toutes tendances confondues de trouver des solutions pour que ce pays ait un gouvernement et un budget. »