Depuis deux jours, la polémique enfle. À l’occasion des Questions au gouvernement au Sénat, le président du groupe socialiste Patrick Kanner a réagi à l’expression de « sentiment de submersion » migratoire utilisée par le Premier ministre lors de son entretien sur LCI lundi 27 janvier, mais également réitérée lors des Questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le lendemain. Dans l’hémicycle, Patrick Kanner a notamment déploré qu’un « Premier ministre qui doit tout au Front républicain se laisse submerger par le vocabulaire d’extrême droite ».
« On est en train de prendre le budget en otage une nouvelle fois », regrette le sénateur Claude Malhuret
Sur le plan sémantique, le président du groupe Les Indépendants rappelle que François Bayrou n’a parlé de « sentiment de submersion » non par pour l’ensemble du territoire français mais seulement pour « certaines communes ». En effet, le Premier ministre évoquait la situation migratoire à Mayotte lorsque ces mots furent employés. Aucune « polémique » donc, pour Claude Malhuret. Le sénateur de l’Allier s’interroge même : « Il n’y a pas d’autres problèmes à discuter ? ».
Selon le parlementaire, les socialistes utilisent la séquence politique pour mettre à mal les négociations du budget 2025, à quelques heures de la commission mixte paritaire. En effet, le Parti socialiste a annulé, mardi 28 décembre, une réunion avec le gouvernement sur le texte budgétaire. À ce jour, ces négociations sont toujours « bloquées » a confirmé Patrick Kanner au micro de Public Sénat. « S’ils veulent censurer le budget, ou s’ils ne veulent pas le censurer : ce n’est pas la peine de prendre ce genre de prétexte pour faire monter les enchères » lance Claude Malhuret, et de « prendre en otage » le budget « une nouvelle fois », après une première censure du gouvernement de Michel Barnier, le 4 décembre dernier.
Après la convocation de l’ambassadeur Français en Algérie, Claude Malhuret considère que la France « n’a pas de leçon à recevoir de dictateurs »
Le Vice-Président de la commission des Affaires étrangères au Sénat s’est également exprimé sur la reprise des tensions entre la France et l’Algérie. En effet, le Secrétaire d’Etat auprès du Ministre des Affaires étrangères chargé de la communauté nationale à l’étranger en Algérie Sofiane Chaib a convoqué l’ambassadeur de France à Alger, Stéphane Romatet pour des « traitements provocateurs, dégradants et discriminatoires » possiblement subis par des ressortissants algériens dans les aéroports parisiens, selon un communiqué officiel algérien publié mardi 28 janvier. Cette nouvelle friction explose alors que l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal est toujours détenu en Algérie dans des conditions difficiles, et ce depuis le mois de novembre.
Face à la nouvelle escalade entre les deux pays, le sénateur Claude Malhuret estime que la France « n’a pas de leçon à recevoir de dictateurs » et espère une « certaine fermeté » contre un « système dictatorial vis-à-vis de sa population » qui « se sert du passé colonial » pour « enflammer le nationalisme ». Le Sénat a lancé « une initiative pour s’opposer » à la détention de Boualem Sansal, a-t-il finalement précisé.