Cela risque d’en étonner plus d’un, mais même dans le « pays du vin », il existe des vignes laissées à l’abandon. « Le vignoble français souffre du changement climatique et du contexte international mouvant avec l’imprévisibilité de Donald Trump et de la déconsommation », lance Hubert Ott, député Les Démocrates et auteur de la proposition de loi pour prévenir le développement des vignes non cultivées. « La réduction de la surface cultivée s’en trouve diminuée et les surfaces abandonnées augmentent ».
Pour le seul département de la Gironde, on ne dénombre pas moins de 2 000 hectares de vignes laissées en friche. Selon le ministère de l’Agriculture, qui dispose désormais des outils nécessaires pour détecter les espaces en friches, c’est entre 15 000 et 20 000 hectares de terre qui ne sont pas cultivés sur le territoire soit plus de 10 000 terrains de football. Un terrain viticole laissé en friche se caractérise par une absence de taille, des repousses de vignes ou de plantes ligneuses et la présence de maladies cryptogamiques. C’est tout particulièrement cette dernière caractéristique qui inquiète le législateur.
Un « dépérissement » et une « chute des rendements »
« Le développement de la flavescence dorée peut décimer un vignoble très rapidement », alarme le sénateur socialiste Sébastien Pla, rapporteur du texte au Sénat et vigneron de profession. Présent dans la quasi-totalité des vignobles de France, la flavescence dorée, une maladie grave et incurable de la vigne conduit au « dépérissement » et à une « chute des rendements ». Les surfaces en friches constituent un foyer propice au développement de la maladie et risquent de contaminer les parcelles adjacentes.
A l’échelle de l’Union européenne, la lutte contre ce fléau fait déjà l’objet de mesures obligatoires. En France, des mesures obligatoires requièrent l’arrache des ceps infectés. « Il y a des mesures pour lutter contre le fléau, souligne Hubert Ott, mais le classement en délit du non-arrachage conduit à des situations qui durent ». En effet, le délit que constitue la non-conformité aux prescriptions de l’autorité administrative peut conduire à 6 mois d’emprisonnement et une amende de 150 000 euros que l’auteur du texte qualifie de « disproportionnée » et de « lourde à mettre en place ». Pour rendre efficace la lutte contre le fléau, le texte prévoit un unique article qui vise à « remplacer ce délit par une contravention de cinquième classe » soit une amende de 1 500 euros.
« La profession est derrière nous »
« Pour une fois, nous facilitons les choses en changeant un système qui ne fonctionne pas », assure Sébastien Pla. Cependant, si la nouvelle amende ne conduit pas au défrichage, l’infraction peut de nouveau se constituer en délit. Mais Hubert Ott l’assure : « Si certains vignerons ont des difficultés financières à défricher, nous mettrons en place un processus de solidarité pour les accompagner. Il y a une vraie proximité entre les vignerons et je n’ai pas crainte que cette solidarité soit opérationnelle ».
« La profession est derrière nous et nous dit « allez-y ». Ils veulent pouvoir communiquer là-dessus le plus rapidement possible », se réjouit Sébastien Pla. Adopté à l’unanimité aujourd’hui en séance au Sénat, le texte doit être effectif dès cet été.