Ce matin, Anne-Charlène Bezzina, constitutionnaliste, était l’invitée de la matinale de Public Sénat. Alors qu’Emmanuel Macron a annoncé sa volonté qu’une loi spéciale soit déposée dans les prochains jours au Parlement, quelles seront les modalités de son examen devant les deux assemblées parlementaires ? Les élus pourront-ils déposer des amendements sur le texte ? Un gouvernement démissionnaire peut-il défendre un tel texte ? Explications.
Violences faites aux femmes : « Ce n’est pas une femme tous les trois jours qui meurt sous les coups de son compagnon, mais une femme par jour », déclare Laurence Rossignol
Par Quentin Gérard
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« On recense entre 120 et 130 femmes tuées par leur compagnon chaque année », lance Laurence Rossignol, lors de la séance de questions au gouvernement au Palais du Luxembourg ce mercredi 27 novembre. « Ce chiffre est tristement stable et révoltant », abonde-t-elle. Et de questionner : « Mais savez-vous que ce chiffre est bien loin de la vérité ? ».
« Que comptez-vous faire ? »
Pour la parlementaire socialiste, il faut rajouter les 800 tentatives de suicide des femmes victimes de harcèlement moral ou de violences répétées. Sur ces cas, un tiers des femmes en meurent. « Ce n’est donc pas comme on le dit souvent, une femme qui meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon, mais une femme par jour », affirme la vice-présidente du Sénat. Et puis d’interpeller dans l’hémicycle la ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes : « Depuis 2020, le harcèlement moral est une infraction criminelle. Mais qu’avez-vous fait depuis ? Rien ou pas grand-chose. Que comptez-vous faire ? ».
En guise de réponse, Salima Saa rappelle l’engagement de Michel Barnier lors de sa déclaration de politique générale à l’égard des violences faites aux femmes. L’ancienne préfète de Corrèze poursuit sur les annonces faites lundi 25 novembre à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. « Nous allons allouer des moyens au dispositif d’aide universelle d’urgence. Nous allons renforcer la formation des forces de l’ordre et simplifier les démarches pour les victimes », indique la Secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes. Et d’ajouter que son budget a « augmenté de 10 % alors que nous savons que cette période est difficile sur le budget ». Pour elle « ces actions témoignent de notre détermination à protéger chaque femme, partout sur le territoire ». Sur la question initiale, Salima Saa estime que le « comptage du suicide forcé parmi les féminicides est une requête qui fait sens » et assure « travailler sur ce sujet ».
« Nous voulons des actes »
Une réponse qui ne satisfait pas Laurence Rossignol. « Depuis 25 ans, je ne connais aucun Premier ministre qui n’a pas manifesté et témoigné de sa détermination pour faire baisser les violences faites aux femmes », s’agace la sénatrice socialiste. « Malgré les promesses, les chiffres restent affreusement stables », peste l’ancienne ministre des Familles et des Droits des femmes. « Je vous ai posé une question précise qui concerne la prévention des suicides des femmes qui ont déjà fait une tentative de suicide. Vous avez répondu en redisant ce que j’avais déjà dit », ajoute-t-elle. Et de conclure : « Ce n’est pas la réponse que j’attendais. Nous voulons des actes ».
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