Politique
Invitée de la matinale de Public Sénat, Sophie Primas a annoncé que le débat sur l’identité nationale, voulu par François Bayrou, sera lancé « début avril ».
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Par Mickael Spitzberg
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On a coutume de dire que les 100 premiers jours d’un président sont décisifs. Qu’ils tracent le chemin d’un mandat. Or force est de constater que « peu de présidents ont été aussi en retrait après leur élection », souligne Anne Charlène Bezzina, professeure de Droit public et maître de conférence à l’Université de Rouen et à Sciences-Po Paris. « On a une volonté présidentielle de gouvernance minimale. Emmanuel Macron adopte la posture d’un président de cohabitation concentré sur la politique internationale et laissant le périmètre national à sa Première ministre », poursuit-elle.
Un choix plus subi qu’assumé, selon Philippe Moreau-Chevrolet, directeur général de l'agence MCBG Conseil : « Emmanuel Macron est désarmé législativement. Or c’est un homme d’action, un coach et sans vrai pouvoir, il n’a plus de poids ».
Un affaiblissement qui peut aussi expliquer un besoin de discrétion. Et trouver son origine dans le rapport du président aux Français. « Emmanuel Macron a un vrai problème avec une frange de la population qui le déteste », explique Pablo Pillaud-Vivien, responsable éditorial de Regards.fr. « Une fracture dangereuse », selon lui. « Il y a une volonté de ne pas attiser les mécontentements, ajoute Anne Charlène Bezzina, et donc de jouer l’attente. Ne pas diviser pour rassembler au final ». A commencer par sa famille politique. D’où l’impression de flottement lorsqu’il s’est agi de nommer un successeur à Jean Castex au poste de Premier ministre. Emmanuel Macron a dû « trouver un nouvel équilibre dans sa majorité », décrypte Anne Charlène Bezzina. « Il a fallu faire des accords pour la nomination d’un nouveau Premier ministre avec des gages à donner aux différentes composantes de sa majorité ». « Emmanuel Macron doit aussi faire face à l’émergence de prétendants pour 2027, analyse Philippe Moreau-Chevrolet. Autant de successeurs putatifs qu’il doit contenir pour ne pas être mis hors-jeu ».
Un apprentissage pour un président « qui n’aime pas voir ses choix contestés », signale Pablo Pillaud-Vivien. Emmanuel Macron a été contrarié dans ses plans au cours de ces premières semaines de mandat. Ce qui a pu donner l’impression de débuts hésitants. « Il a subi ses 100 premiers jours. La constitution de la Nupes et sa défaite aux élections législatives l’ont conduit à réaliser des modifications dans sa stratégie », selon Pablo Pillaud-Vivien. « Il est en recherche de moyens de faire sa politique. Les premières lois du gouvernement sont un ballon d’essai. Comment se comporte l’opposition au Parlement et s’adapter ».
L’occasion aussi pour un président jugé hautain (Jupitérien) « d’apparaître en recherche de concorde et de laisser son opposition se décrédibiliser par ses outrances », juge Anne Charlène Bezzina.
Restent les véritables enjeux de ce second quinquennat : maîtriser la dette du pays et faire adopter des réformes structurelles. Et cet automne aura valeur de test. « Les cent jours importants de Macron II seront à la rentrée », prédit Pablo Pillaud-Vivien. « C’est en octobre qu’on verra ce qu’il a vraiment dans le ventre » et si la nouvelle « méthode » du gouvernement prêt à des concessions porte ses fruits, notamment lors de l’examen du projet de loi de finances 2023.
L’occasion aussi de voir si les lois pour améliorer le pouvoir d’achat des Français sont efficaces et permettent d’aborder les réformes difficiles (chômages, retraites, hôpital) dans un contexte favorable.
Et d’ici là, rien ne dit qu’Emmanuel Macron sera moins effacé. « S’il n’y a pas de plus en plus de contestation sociale, Emmanuel Macron n’a aucune raison de sortir de sa position de retrait. Sauf en cas de crise où il devra incarner et se révéler », prédit Anne Charlène Bezzina.
Questions au Gouvernement du 26 mars