Faut-il abaisser l’âge d’éligibilité des sénateurs ?

Faut-il abaisser l’âge d’éligibilité des sénateurs ?

André Gattolin, sénateur LREM des Hauts-de-Seine, propose un abaissement de l’âge d’éligibilité au Sénat à 18 ans, contre 24 ans aujourd’hui. Le texte est examiné ce mercredi en séance publique
Public Sénat

Par Marion D'Hondt

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

À 18 ans, on peut être élu député, maire, ou encore président de la République. Pour être sénateur, il faut avoir six ans de plus, soit 24 ans. Si certains sénateurs avancent des arguments d’expérience, une nouvelle génération, désireuse de s’engager, veut avancer cette limite. Elle a trouvé un porte-voix en la personne d’André Gattolin, auteur d’une proposition de loi organique, examinée hier en commission.

« Pour représenter les collectivités, il faut avoir une expérience en collectivité. »

Vincent Segouin, rapporteur de la proposition de loi, rappelle, sur le plateau de Sénat 360, que le Sénat est représentant des collectivités. Il faut donc une cohérence entre le mandat local et le territoire que l’on représente. Françoise Gatel partage cet avis. Sénatrice d’Ille-et-Vilaine, elle est entrée au Sénat après une longue expérience locale. Elle met en avant la nécessité d’expertise et de connaissance des dossiers. Céline Braconnier, directrice de Sciences Po Saint-Germain-en-Laye, n’observe pas cette préoccupation. « Il faut que les jeunes s’engagent, mais pas nécessairement en abaissant l’âge d’éligibilité. D’ailleurs, l’âge moyen des sénateurs recule, en raison du renouvellement politique. C’est donc un organe qui se modernise, sans passer par la loi, comme une réforme de l’âge d'éligibilité. »

« Il faut maximiser la présence des jeunes en politique et leur représentation. »

Ce n’est pas l’avis de Pierre Cazeneuve, cofondateur d’Allons Enfants et conseiller municipal à Saint-Cloud. Son mouvement est à l’origine de la proposition de loi puisqu’il s’est rapproché d’André Gattolin. Allons Enfants prévoit un abaissement de l’âge d’éligibilité depuis 2017, c’est pour eux une mesure symbolique. Il y a beaucoup de moyens d’intéresser les jeunes à la politique et peu a été fait. Une telle mesure enverrait un signal fort et positif. Pour Pierre Cazeneuve, il y a différentes manières de représenter son territoire, pas forcément en exerçant un mandat local. De plus, et pour reprendre sa propre situation, certains jeunes entre 18 et 24 ans sont grands électeurs sans pouvoir être élus. Cela constitue une « anomalie démocratique » qui doit être corrigée.

Les sénateurs examinent la proposition de loi organique

Si l’on demande l’avis de la benjamine du Sénat, Christine Lavarde, 34 ans, sénatrice des Hauts-de-Seine, l’abaissement de l’âge d'éligibilité n’est pas un enjeu. Elle-même, à 18 ans, ne se sentait pas légitime et « avec le bagage suffisant » pour représenter son territoire. C’est également l’avis de Cyril Pellevat, Sénateur de la Haute-Savoie, qui met en avant l’expérience nécessaire pour « habiter la fonction ». Mais la proposition d’André Gattolin a des soutiens inattendus, par exemple en la personne de Jean-Pierre Sueur, sénateur du Loiret. Pour lui, l’âge minimal de 24 ans constitue une rupture d’égalité vis-à-vis des autres élections et, s’il venait à être inscrit dans la Constitution, serait inconstitutionnel. La proposition de loi organique est discutée en séance publique ce 21 novembre.

Dans la même thématique

Faut-il abaisser l’âge d’éligibilité des sénateurs ?
7min

Politique

Ils quittent le Sénat : David Assouline, de la marche des beurs au Palais du Luxembourg

Des pavés parisiens de la Marche des beurs, en passant par les manifestations contre la loi Devaquet… jusqu’au Sénat, David Assouline n’aura, au fil de sa carrière politique, suivi que deux boussoles : l’antiracisme et la liberté de la presse. Des combats qu’il poursuivra de mener même après avoir rendu son dernier mandat de sénateur à la fin du mois.

Le

FRA : Parti Socialiste : Conseil National : ambiance
8min

Politique

Elections sénatoriales 2023 : derrière la « stabilité » attendue, le groupe PS déjà dans la bataille pour sa présidence

Une élection cache l’autre, au groupe PS du Sénat, où l’élection sénatoriale de dimanche va vite laisser la place à celle pour la présidence du groupe. Le PS mise pour le scrutin sur une « stabilité, avec l’espoir d’avoir peut-être deux ou trois sièges de plus », affirme Patrick Kanner, dont la présidence est contestée par Eric Kerrouche, « candidat » pour un « renouvellement des pratiques ».

Le