#SaccageParis, de Twitter au Conseil de Paris, récit d’un hashtag devenu viral

#SaccageParis, de Twitter au Conseil de Paris, récit d’un hashtag devenu viral

#SaccageParis, c’est le mot-dièse qui se répand sur Twitter depuis le début du mois d’avril. Souvent accompagné de photos illustrant insalubrité ou travaux, la formule cristallise les critiques de certains Parisiens contre la Mairie de Paris. Décryptage de ce mouvement de contestation né sur les réseaux sociaux, cette semaine dans Hashtag.
Public Sénat

Par Nils Buchsbaum

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4 min

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A l’origine de ce hashtag, un compte Twitter crée en février 2021 sous le pseudonyme de « @PanamePropre ». Ce dernier publie des photos dénonçant l’insalubrité de la capitale, accompagnées de textes et d’un hashtag : #JeVeuxParisPropre. Mais rapidement, ils sont accompagnés d’un autre mot-dièse : #SaccageParis, qui devient beaucoup plus viral et dénonce pêle-mêle des travaux jugés interminables, des arbres coupés, des aménagements urbains ou regrette les mobiliers d’antan.

Interrogé par la journaliste Marie Lebon, le créateur de ce compte, qui préfère rester anonyme, explique les motivations qui l’ont conduit à s’exprimer sur Twitter : « Je voyais tout cela comme tout le monde sans le voir et un jour, je me suis dit ce n’est pas possible. J’étais en colère ». Il ajoute « être content du succès de #SaccageParis » même si au début il avait peur que « ce mot soit trop fort ».

Denis Bertrand, sémiologue, analyse en effet : « Le mot saccage est hyperbolique, un saccage c’est une mise à sac. Et tout ce qui relève du saccage renvoie à la guerre et à la destruction éradicatrice. Le mot porte donc une description, mais aussi une émotion ».

 

« L’anonymat du compte du créateur de #SaccageParis a joué en faveur de sa viralité »

« Il y a eu plus de 575 000 messages avec ce hashtag en un mois. Le compte lui n’a que 8 000 followers. Ce n’est donc pas ce qu’il dit lui, qui est intéressant mais ce hashtag qui permet aux Parisiens de s’exprimer entre eux, partager leurs photos et leurs perceptions », analyse Véronique Reille-Soult de Backbone Consulting.
D’après elle, le fait que le compte à l’initiative de #SaccageParis soit anonyme a joué pour sa viralité : « On a vu par le passé des tentatives de politiques pour lancer des mouvements à ce sujet et cela n’avait ça n’avait pas pris. Là tous les citoyens peuvent participer sans être pris dans une logique politique. Ils partagent leur quotidien et ne critiquent pas seulement la mairie de Paris mais aussi les incivilités ».


Depuis le début de la pandémie de covid-19, Paris a changé. Les terrasses et les restaurants sont fermés, la ville se vide le soir et les visages sont masqués. C’est peut-être ce contexte qui explique pourquoi ce mouvement de contestation numérique s’est développé maintenant.
Pour Denis Bertrand, « dans la perception ordinaire de la ville que nous avons, nous percevons un ensemble, mais maintenant l’espace urbain est plus vide, les détails nous apparaissent et on se focalise dessus ».

Ce mouvement est également repris par des membres de l’opposition qui utilisent le hashtag pour critiquer la gestion de la ville par Anne Hidalgo et brandissent des pancartes #SaccageParis pendant le dernier Conseil de Paris.


« Quand ils sont attaqués sur leurs résultats, les politiques français ont pour habitude de contre attaquer violemment en désignant un ennemi, un adversaire »

La mairie de Paris n’a pas tardé à répondre, par une série de tweets via son compte officiel et par la voix de ses élus. Anne Hidalgo ainsi que son adjoint, Emmanuel Grégoire se sont exprimés à ce sujet à la radio et tous reconnaissent des incivilités. Elle annonce aussi que la gestion des déchets sera décentralisée, transmise aux mairies d’arrondissement.

L’élue de Paris accuse, par ailleurs la droite et de l’extrême droite de faire une, campagne d’astroturfing (ndlr : technique de propagande ayant pour but de donner une fausse impression d’un comportement ou d’une opinion sur Internet) orchestrée politiquement…

Cette déclaration fait dire à Philipe Moreau Chevrolet, spécialiste en communication, que cette crise n’a pas été bien gérée par les élus parisiens de la majorité. Il analyse : « Ce qu’il aurait fallu faire ici c’est reconnaître qu’il y a des problèmes de propreté, expliquer pourquoi. Les Parisiens sont tristes en ce moment, la ville est comme morte à cause des mesures sanitaires. Au lieu d’avoir de l’empathie et reconnaître qu’il y a un problème, Hidalgo en a fait une affaire politique ».

Retrouvez l’intégralité de l’émission en replay ici.

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