1er mai : des manifestations dispersées contre Le Pen
En ce lundi 1er mai, des milliers de Français manifestaient partout en France. À Paris, de Jaurès à République, les mots d’ordre diffèrent mais la finalité est la même : pas une voix pour le Front National dimanche prochain.
11H ce matin devant le métro Jaurès, c’était un peu les vacances d’été avant l’heure. Le soleil pointe le bout de son nez et sur une scène, un groupe reprend des tubes funk. L’ambiance est bon enfant dans ce rassemblement organisé par la CFDT, l’UNSA ou encore l’UNEF. Leur message est sans ambigüité : « Pour Marianne, votons contre Marine ». Comment ? En mettant un bulletin Emmanuel Macron dans l’urne, dimanche prochain. A la tribune, Luc Berille, Secrétaire général de l'UNSA fustige « les pudeurs de gazelles de certains ». A bon entendeur…
Car en effet, 2017 n’est pas 2002, la foule est plutôt clairsemée pour cette manifestation statique qui durera à peine plus d’une heure. « Je regrette que toutes les organisations syndicales n’aient pas été capable de dire : il faut voter contre le Front National. Et pour voter contre le Front National, il faut voter pour l’autre candidat. Il s’appelle Emmanuel Macron parce que les citoyens l’ont décidé ainsi. Mais ça ne vaut pas dire acceptation du programme de Monsieur Macron » résume Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT.
« Il faut cesser les coquetteries idéologiques »
La metteure en scène, Ariane Mnouchkine est venue avec sa troupe de comédiens du théâtre du Soleil. « Il faut cesser les coquetteries idéologiques (...) L’heure est extrêmement grave. C’est le vote d’un républicain contre une non républicaine » appuie-t-elle. Des québécois du « réseau Quebec monde » ont traversé l’Atlantique pour venir voir de près cette élection qui les touche particulièrement. « Nous pratiquons le tourisme politique, nous sommes un organisme non partisan et à but non lucratif » précise son président François Robert. « Je commence à comprendre que les partis politiques, ça ne fonctionne plus. Les vieux partis traditionnels ont été évincés dès le premier tour (…) Est-ce qu’on n’est pas en train de voter plus pour des êtres humains que pour des partis ou pour des idées ? Sur le plan sociologique, c’est très intéressant (…) C’est drôle parce que parmi les contacts qu’on a établi avant le premier tour dans tous les partis, certains ne veulent plus nous parler. Ils dépriment dans leur coin » note François Robert.
Le réseau Quebec Monde suit la campagne française
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« Notre but est de contrer le Front national en faisant un appel de conscience citoyen »
collectif lepenNon: nous ne sommes pas là pour faire un appel au vote
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Quelques arrêts de métro plus loin, la place de la République est encore loin d’être remplie aux alentours de 13H. Un petit groupe arbore des masques qui croisent Jean-Marie Le Pen et sa fille. « Nous sommes un mouvement citoyen qui est né depuis l’annonce des résultats du premier tour. Notre but est de contrer le Front national en faisant un appel de conscience citoyen (…) On n’est pas là pour faire un appel au vote. On n’est pas des fillonistes, on n’est pas des macronistes, on n’est pas des Insoumis » précise Sonia, membre du collectif #LePenNON.
« On ne va pas être derrière chaque citoyen pour vérifier ce qu’il vote »
1er mai: réaction Mailly et Martinez
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Plus loin sur le boulevard Beaumarchais, les services d’ordre des syndicats se mettent en place. « Je ne suis pas directeur de conscience. Moi, je ne méprise pas ceux qui votent d’une manière ou d’une autre (…) on ne va pas être derrière chaque citoyen pour vérifier ce qu’il vote. On est encore dans une démocratie » a martelé Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force Ouvrière. Son homologue de la CGT, Philippe Martinez ajoute : « notre message est clair : aucune voix pour le Front National et en même faire entendre les revendications (…) c’est un appel à la classe politique en général. Si on ne change pas de politique, si on continue dans l’austérité, il ne faut pas se plaindre que le FN soit au deuxième tour ».
Echauffourées
Avant même son départ, le cortège a été fortement perturbé par des dizaines de manifestants cagoulés, coupant la manifestation en deux. « Quatre policiers, de la préfecture de police de Paris et de la compagnie républicaine de sécurité d'Orléans-Saran (Loiret), ont été blessés, dont un a été gravement touché à la main, et un autre sérieusement brûlé au visage », a détaillé le ministre de l’Intérieur, Matthias Fekl.
Affrontements entre jeunes cagoulés et CRS en marge de la manifestation parisienne du 1er mai 2017 à Paris
AFP
Jean-Luc Mélenchon en larmes
Melenchon ému à la manifestation du 1er mai
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Les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon ont accueilli l’eurodéputé sous les cris de « Résistance » et « merci ». Emu aux larmes, l’ancien candidat à l’élection présidentielle a salué ses partisans avec le point levé. « Il faut que cette force reste rassemblée. C’est ça l’avenir, c’est ça l’évènement : battre Le Pen dimanche, battre Macron aux législatives (…) l’avenir est à nous si on continue à garder toute cette force » a réagi le porte-parole de la France Insoumise, Alexis Corbière.
Alexis Corbière: "Il faut que cette force reste rassemblée"
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Pour cette manifestation, 80000 personnes étaient rassemblées selon la CGT, 30.000 selon la préfecture de police.
« Le premier ministre nous laisse nous exprimer sur les sujets. En revanche, une fois qu’ils sont tranchés, nous nous rangeons derrière l’avis du gouvernement », explique la porte-parole du gouvernement, après le recadrage de François Bayrou sur la question de l’interdiction du port du voile dans les compétitions sportives.
Devant le Sénat, le ministre de l’Intérieur a dénoncé l’antisémitisme « d'une extrême gauche très sectaire », après la publication par LFI d’une affiche polémique, figurant l’animateur Cyril Hanouna avec des codes visuels similaires à ceux des années 1930. « Qui, dans ce parti, s’est excusé ? », a-t-il lancé.
Le gouvernement précise sa position sur le texte du Sénat visant à interdire le port de signes religieux dans les compétitions sportives. L’exécutif inscrira bien la proposition de loi à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Un recadrage, alors que les ministres des Sports et de l’Education nationale affirmaient que ce n’était pas une priorité.
Interrogé par le président du groupe socialiste au Sénat Patrick Kanner, le Premier ministre assure n’avoir fait part que de son « analyse », en jugeant dimanche qu’il n’était pas possible de revenir à un âge de départ de 62 ans. « Je suis sûr qu’elle est partagée sur beaucoup de bancs », estime-t-il.