1ère circonscription de l’Eure: Bruno Le Maire à quitte ou double

1ère circonscription de l’Eure: Bruno Le Maire à quitte ou double

N'allez pas parler de "trahison" à Bruno Le Maire qui a rallié Emmanuel Macron, contre l'avis de son parti, Les Républicains....
Public Sénat

Par Hervé LIONNET

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N'allez pas parler de "trahison" à Bruno Le Maire qui a rallié Emmanuel Macron, contre l'avis de son parti, Les Républicains. Pour le ministre de l'Economie, qui joue sa place au gouvernement lors des législatives dans l'Eure, c'est un mot qui fâche.

"Ceux qui font ce procès sont les mêmes que ceux qui ont trahi leur parole donnée, les mêmes qui changent de projet et qui, après en avoir défendu un, en proposent un autre aux Français. Où est la trahison? De quel côté est-elle", dit-il à l'AFP. Une allusion à la promesse non tenue par François Fillon de ne pas se présenter à l'élection présidentielle s'il était mis en examen, et aux changements apportés par LR à son programme.

La "trahison" est néanmoins l'angle d'attaque choisi contre lui par plusieurs de ses 16 concurrents dans la 1ère circonscription de l'Eure, que le nouveau locataire de Bercy détient depuis 2007.

A commencer par la candidate LR désignée par les instances nationales pour se présenter contre lui, Coumba Dioukhané, 50 ans, adjointe au maire d'Evreux, chargée de l'enfance et de l'éducation.

"Moi, je reste fidèle aux valeurs de mon parti, je défends les valeurs de la droite. Le mouvement République en Marche, c'est la gauche", affirme-t-elle, avant d'ajouter: "On ne peut pas être fier du départ d'un responsable vers un parti de gauche."

La candidate du Front national, Fabienne Delacour, 57 ans, conseillère régionale, issue du monde ouvrier, salariée d'une grande entreprise, utilise le même argument. "Il a trahi son parti. Des Républicains locaux déçus me disent: +allez le battre", raconte-t-elle.

Lors de l'élection présidentielle, Marine Le Pen a obtenu au 2e tour 45% des voix dans cette circonscription, longtemps détenue par le gaulliste Jean-Louis Debré avant qu'il ne devienne président du Conseil constitutionnel (2007-2016).

- 'Donner sa chance' -

Bruno Le Maire, qui a fait de l'Eure son fief politique, joue gros dans cette élection, car, en cas de défaite, comme l'a demandé Emmanuel Macron pour ses ministres candidats, il devra démissionner du ministère de l'Economie.

Celui qui a demandé en préfecture son rattachement à la République en marche (REM) mais dont les affiches ne portent aucun logo politique, a fait le choix, dit-il, de se présenter "en homme libre".

Il entend convaincre les électeurs de dépasser les anciens clivages et de répondre à l'appel d'Emmanuel Macron.

"C'est ma conviction intime d'élu de terrain que les électeurs, ici, choisiront la recomposition politique et diront haut et fort, très clairement, qu'ils veulent que ce quinquennat soit utile pour les Français", disait dimanche à Pacy-sur-Eure, le ministre de l'Economie, que le Premier ministre Edouard Philippe, lui-même transfuge de LR, était venu soutenir.

Le "renouveau" de la vie politique, que Bruno Le Maire avait échoué à imposer au cours de la primaire de la droite (5e place, 2,4% des voix), il entend bien cette fois le faire triompher, en prenant appui sur la dynamique Macron.

Selon un sondage Ifop-Fiducial, publié dimanche, réalisé par téléphone dans la circonscription (échantillon de 603 personnes, méthode des quotas), Bruno Le Maire obtiendrait 48% des voix dès le premier tour, et distancerait le FN (20%).

"Il faut donner sa chance à cette nouvelle majorité", estime Elizabeth Massa, jeune sexagénaire récemment installée à Verneuil-sur-Avre, au sud de la circonscription, qui se définit comme une "vieille gaulliste".

Aussi le député sortant revisite-t-il méthodiquement sa circonscription, en grande partie rurale. "Le passage de Bruno au ministère de l'Agriculture (sous Nicolas Sarkozy, ndlr) a créé une mayonnaise qui n'est pas retombée ici", assure son jeune bras droit, Sébastien Lecornu, président LR du conseil départemental de l'Eure.

Sa suppléante, Séverine Gipson, sans étiquette, est issue du monde des maires ruraux. C'est elle qui siégera à l'Assemblée en cas de victoire du ministre.

Ministre de l'Economie, il promet de faire avancer les dossiers locaux, comme celui, tant attendu, de l'arrivée d'un scanner à l'hôpital de Verneuil-sur-Avre.

"A chaque fois que je lui ai parlé d'un dossier, il a toujours réagi rapidement. Au-delà des divergences politiques, j'apprécie son efficacité", confesse Yves-Marie Rivemale, maire PS de la commune.

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