François Bayrou écarte une suspension de la réforme des retraites
A quelques heures du discours de politique générale, le premier ministre a commencé à donner ses arbitrages aux présidents des groupes du socle commun.
Par Public Sénat
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C’est l’une des autres pages des années Hollande qui s’est tournée samedi : le départ de Jean-Christophe Cambadélis de Solférino. L’ex-premier secrétaire du Parti socialiste (2014-2017), qui signe Chronique d'une débâcle, était l’invité de l’Épreuve de Vérité, sur Public Sénat, en partenariat avec Radio Classique, Les Échos et l’AFP.
Dans une séance d’autocritique, Jean-Christophe Cambadélis résume dans son livre le dernier quinquennat avec la formule « refus d’agir, paresse de penser ». Sur notre plateau, l’ancien numéro 1 du parti se montre très critique envers ses camarades. « Les socialistes se sont installés dans un confort », affirme-t-il, égratignant au passage les transfuges du printemps 2017 :
« Ce confort a conduit nombre d’entre eux à suivre Emmanuel Macron pour pouvoir être à nouveau dans le confort. »
« C’était tellement simple », poursuit-il, pointant les facilités du bipartisme. « Vous pouviez à un moment donné perdre, mais vous étiez sûr le coup d’après de l’emporter […] Certains pendant cinq ans sont passés d’un ministère à l’autre tranquillement. »
Puis, c’est au tour des ex-frondeurs d’en prendre pour leur grade :
« Chacun avait son rond de serviette dans les médias. Il y avait ceux qui défendaient le gouvernement et ceux qui le critiquaient. Ça faisait le bonheur de vos chroniques. Il suffisait de venir sur un plateau et dire une bonne méchanceté, bien vacharde, on était sûr d’être repris. C’était rigolo. »
« Ils n’ont pas pensé aux Français », conclut « Camba », qui est revenu sur le rôle des anciennes figures de la primaire de 2011. En rejoignant François Hollande, Arnaud Montebourg, tenant de la démondialisation, a signé le « code génétique du quinquennat », selon Jean-Christophe Cambadélis. « Vous aviez d’emblée, à la fois l’orientation soutenue par François Hollande, et son contraire. Ça ne pouvait pas marcher. »
L’ancien député de Paris ne ménage pas non plus Manuel Valls : « j’ai été éberlué que cet homme si droit, si intègre […] se soit vassalisé. Il est perdu ».
Malgré la débâcle de 2017, Jean-Christophe Cambadélis croit dur comme fer à un rebond rapide de son parti, alors qu’un sondage Opinion Way pour Public Sénat, Les Échos et Radio Classique donne plutôt l'aperçu d'une longue traversée du désert. Pour 77% des Français interrogés, le PS « ne sera pas une force qui comptera dans la vie politique dans cinq ans », selon l’enquête.
« Contrairement aux sondages, nous serons sur le ring dans cinq ans », rétorque Jean-Christophe Cambadélis, qui « pense » que le PS « sera à nouveau le parti de l’alternative ».
« Macron ne surprendra plus, il aura gouverné. Et Mélenchon, qui pendant trois ou quatre ans aura divisé, ce ne sera plus le même. Vous aurez une situation politique totalement différente », s'avance-t-il.
Il se dit même favorable à ce qu’une direction collégiale « resserrée » (à trois-quatre personnes) du parti perdure jusqu’aux municipales de 2020. Soit bien après le congrès refondateur de février 2018. Un moyen pour lui de distinguer le PS de LR, du FN, de LREM ou de la France insoumise, incarnés chacun par une personnalité. « Là, les socialistes qu’on disait divisés, travailleraient ensemble ».
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