2016: la France en état d’urgence jihadiste
Un camion meurtrier, un prêtre égorgé, un policier et sa compagne assassinés: la France a encore été frappée en 2016 par des attentats...

2016: la France en état d’urgence jihadiste

Un camion meurtrier, un prêtre égorgé, un policier et sa compagne assassinés: la France a encore été frappée en 2016 par des attentats...
Public Sénat

Par Thibauld MALTERRE

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Un camion meurtrier, un prêtre égorgé, un policier et sa compagne assassinés: la France a encore été frappée en 2016 par des attentats jihadistes, alors que les autorités assurent avoir déjoué 17 tentatives entre janvier et décembre.

"La menace n'a jamais été aussi élevée", n'ont cessé de marteler tout au long de l'année Manuel Valls et Bernard Cazeneuve, dans un pays toujours soumis à un état d'urgence controversé, instauré après les attentats du 13 novembre 2015, les plus meurtriers de son histoire.

Mais s'il a permis de multiplier arrestations, perquisitions et assignations à résidence, il n'a pas empêché les jihadistes de frapper des cibles particulièrement symboliques - même si l'Euro de football qui faisait l'objet de toutes les craintes, a été épargné.

Installation des portraits de  Jean-Baptiste Salvaing et de sa compagne  Jessica Schneider, le 20 juin 2016 devant la mairie de Magnanville
Installation des portraits de Jean-Baptiste Salvaing et de sa compagne Jessica Schneider, le 20 juin 2016 devant la mairie de Magnanville
AFP/Archives

Le 13 juin, un commandant de police et sa compagne sont assassinés chez eux, à Magnanville (Yvelines), en banlieue parisienne.

Le soir du 14 juillet, un Tunisien de 31 ans fonce à bord d'un camion sur la foule rassemblée sur la promenade des Anglais pour assister au feu d'artifice: 86 personnes meurent écrasées et plus de 400 sont blessées.

Et le 26 juillet, deux jihadistes âgés de 19 ans égorgent un prêtre de 85 ans, Jacques Hamel, et blessent grièvement un paroissien de 86 ans, en pleine messe à Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen.

Jacques Hamel célèbre la messe le 11 juin 2016 à l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray
Jacques Hamel célèbre la messe le 11 juin 2016 à l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray
http://ser-ta-paroisse.over-blog.org//AFP/Archives

Trois attaques revendiquées par le groupe Etat islamique (EI). S'y ajoutent de multiples tentatives ou projets d'attentats plus ou moins avancés ("commando de femmes" à l'origine d'une attaque avortée à la voiture piégée non loin de la cathédrale Notre-Dame à Paris le 4 septembre, "commando de Strasbourg" soupçonné d'avoir voulu commettre un attentat le 1er décembre en région parisienne...), ainsi que les attentats de Bruxelles, le 22 mars, dont les auteurs ont participé, de manière plus ou moins directe, aux tueries du 13-Novembre.

Au total, au 10 décembre, "420 individus en lien avec des réseaux terroristes ont été interpellés sur notre sol" depuis le début de l'année, selon Bernard Cazeneuve.

- 'Guerre civile' -

Entre commémorations, attentats et projets d'attaque, le climat politique aura été envenimé tout au long de l'année par la menace terroriste, qui pèse sur l'élection présidentielle à venir et attise les tensions au sein de la société.

Hommage aux victimes de l'attentat le 15 juillet 2016 à Nice
Hommage aux victimes de l'attentat le 15 juillet 2016 à Nice
AFP/Archives

Empreint d'unité nationale au lendemain du 13 novembre, le débat sur la lutte antiterroriste s'est envenimé. Après le carnage de Nice, des voix se sont élevées à droite pour demander des mesures d'exception, comme le placement en rétention des personnes fichées "S" pour islamisme radical, alors que le gouvernement estime que l'arsenal "est complet", après les mesures prises en 2015.

Il a aussi largement ignoré les recommandations d'une commission parlementaire, appelant notamment à unifier les multiples organismes chargées du renseignement et de l'intervention en France.

Le président François Hollande a néanmoins annoncé la création d'une Garde nationale, chargée de concourir "le cas échéant par la force des armes" à la sécurité de la population, formée de volontaires servant dans la réserve des armées et de la police.

Mais un autre sujet s'est imposé dans le débat public: la place de l'islam, deuxième religion du pays (environ 4 millions de fidèles). Les crispations sont plus exacerbées que jamais, comme la controverse autour du port du burkini l'a montré cet été.

Entre colère "légitime" selon François Hollande après les attentats et dérapages racistes, certains, comme le patron de la Direction générale du renseignement intérieur (DGSI), Patrick Calvar, vont jusqu'à craindre une "guerre civile", qui serait "une confrontation entre l'ultradroite et le monde musulman".

Sur le plan international, les attentats ont atteint l'image de la France auprès des touristes étrangers, avec une baisse de 8,1% de la fréquentation de janvier à octobre, particulièrement sensible pour les arrivées de Chine (-23%) et du Japon (-39%).

Et la fin de l'année 2016 est marquée par une nouvelle inquiétude, celle de la perspective d'un retour massif de jihadistes français - quelques 700 d'entre eux se trouveraient sur le théâtre syro-irakien - qualifiée en novembre par Manuels Valls de "premier sujet de préoccupation pour les cinq, dix prochaines années", alors que l'Etat islamique est en proie à une double offensive contre ses bastions.

Partager cet article

Dans la même thématique

SIPA_01059366_000001
7min

Politique

Bataille audiovisuel public/médias Bolloré : « Ce n’est pas la gauche contre la droite, mais un modèle démocratique contre un modèle illibéral »

Le paysage audiovisuel français est en train de se fracturer en deux blocs. L’animateur vedette, Pascal Praud a accusé la patronne de France Télévision, Delphine Ernotte de mettre « une cible » sur les journalistes sa chaîne, après que cette dernière a qualifié CNews de « chaîne d’extrême droite ». A moins de deux ans de l’élection présidentielle, l’Arcom, le gendarme de l’audiovisuel, subit une pression inédite. Son président, Martin Ajdari sera, auditionné dans quelques jours au Sénat.

Le

2016: la France en état d’urgence jihadiste
5min

Politique

Mobilisation du 18 septembre : « Soit une politique de rupture est menée, soit on continue à mettre la pression »

A l’appel de l’intersyndicale, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue partout en France pour protester contre le projet de budget pour 2026. Dans le cortège parisien, les manifestants, pas convaincus par la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon, sont déterminés à maintenir la pression sur l’exécutif. Reportage.

Le

SIPA_01229633_000009
1min

Politique

Info Public Sénat. Bataille audiovisuel public/médias Bolloré : une délégation de sénateurs LR reçue à Radio France le 30 septembre

Alors que le ton se durcit entre les dirigeants de l’audiovisuel public et la chaîne CNews de Vincent Bolloré, qualifiée « d’extrême droite » par Delphine Ernotte, une délégation de sénateurs LR sera reçue par la patronne de Radio France Sibyle Veil le 30 septembre. Le 1er octobre, le président de l’Arcom, Martin Ajdari sera, lui, auditionné par la commission de la culture et de la communication de la chambre haute.

Le