L’année 2016 a été une année extrêmement préoccupante en France pour les droits humains ». Dans son rapport annuel, Amnesty International estime que la prolongation de l’Etat d’urgence depuis novembre 2015 conduit « à ce que des droits considérés comme acquis soient remis en cause ». « Différentes lois anti-terroristes votées en 2016 ont relégué le pouvoir judiciaire au second plan, au profit de mesures préventives » déplore l’association. Entre novembre 2015 et novembre 2016, « seuls 0,3% des mesures liées à l’état d’urgence ont débouché sur une enquête judiciaire pour faits de terroristes » note l’association. Sur 612 assignations à résidence, aucune n’a débouché sur une enquête judiciaire. Amnesty International déplore également des atteintes à la liberté de manifestation, et des mesures de police « prises sur des bases discriminatoires ».
En ce qui concerne l’accueil des réfugiés, Amnesty note que « la position française ne se démarque pas de la tendance générale à vouloir (les) maintenir éloignés du territoire de l’Union Européenne. Le rapport dénonce les tentatives européennes visant à externaliser la gestion des frontières de l’Union européenne « à des pays tiers sans obtenir en contrepartie des garanties sur le respect des droits humains ». Sur l’évacuation du camp de migrants de Calais, la France « n’a pas respecté les normes internationales relatives aux expulsions forcées. Des renvois dans des conditions illégales, y compris d’enfants non accompagnés, ont lieu très fréquemment à la frontière franco-italienne » s’alarme le rapport.
A l’approche de l’élection présidentielle, Amnesty International demande à tous les candidats « de s’engager sur dix points relatifs aux droits humains », parmi lesquels le droit à la vie privée, la liberté d’expression et de réunion, les droits des populations en bidonvilles ou encore la protection des populations civiles dans les conflits.
Au niveau mondial, l’association s’inquiète « des discours toxiques » de certains responsables politiques. Donald Trump (Président des Etats-Unis ndlr), Viktor Orbán (Premier ministre de Hongrie ndlr), Recep Tayyip Erdogan (président de la République de Turquie ndlr), Rodrigo Duterte (président de la République des Philippines ndlr) « s’acharnent sur des groupes entiers de population, les désignent comme boucs émissaires et propagent l’idée selon laquelle certaines personnes sont moins ‘humaines’ que d’autres » note le rapport et avant de rappeler que dans 22 pays l’année dernière des personnes ont été tuées « pour avoir pacifiquement défendu les libertés fondamentales ». En France, Amnesty International évoque « une discrimination de la population musulmane » par certains élus, notamment cet été lors de la polémique sur l’interdiction du burkini.