Yannick Jadot, député européen EELV, veut que les écologistes désignent leur candidat pour 2022 « avant janvier », en réaffirmant sa « détermination » à présenter sa propre candidature « au vote des militants » de son parti, dans une interview publiée ce mercredi par Libération.
« L'écologie politique doit avoir sa candidature et lancer la construction de son projet avant le mois de janvier, pour prendre le temps de rassembler très largement », a affirmé Yannick Jadot, à la veille des « journées d'été des écologistes ». Réunis jusqu’au 22 août à Pantin, en Seine-Saint-Denis, ils ne seront que quelques centaines – en raison de la crise du Covid – pour débattre des grands axes programmatiques d’un mouvement d’union, organisé autour d’EELV et cinq autres formations écologistes.
Selon le député européen, « la victoire en 2022 des forces écologistes et humanistes est possible », « l'objectif » étant de « battre Macron et Le Pen et de faire gagner l'écologie sociale contre le libéralisme technocratique et l'extrême droite ».
« Je suis contre la primaire »
Yannick Jadot insiste, notamment, pour que le candidat soit choisi par « un vote des militants » : « Je suis contre la primaire, qui est devenue une machine à diviser », ajoute-t-il.
Mais pourra-t-il imposer ses vues à un parti tiraillé entre sa méthode et la « stratégie différente » que souhaite porter le maire de Grenoble, Eric Piolle ?
« Il y aura forcément discussion », prédit Joël Labbé. Le sénateur, qui n’est plus encarté à EELV mais continue de siéger parmi les écologistes au Palais du Luxembourg, en convient : « La primaire comporte des risques, on en a fait l’expérience. »
Yannick Jadot regarde à droite et Eric Piolle à gauche
Il faudra pourtant trancher entre deux lignes. Car Yannick Jadot a déjà donné des signes d’ouverture à la droite du parti. Sa compagne, Isabelle Saporta, avait rejoint la liste de Gaspard Gantzer, avant d’apporter son soutien à Cédric Villani. Le lauréat de la médaille Fields est d’ailleurs présent aux journées d’été d’EELV, où il anime une conférence autour de la condition animale.
Eric Piolle, quant à lui, aurait déjà pris contact avec des représentants de la France Insoumise, représentée à Pantin par l’eurodéputée Manon Aubry, qui débattra des moyens de « sortir de la société de "consumation" ».
Un désaccord de calendrier
S’il paraît peu probable que Jean-Luc Mélenchon renonce à une candidature en 2022, le maire écologiste de Grenoble souhaite rassembler plus largement à gauche : « Aujourd'hui, ce qui m'intéresse, c'est de voir comment on crée une équipe pour gagner », déclarait-il début juillet sur France Inter, précisant qu’il n’était pas question « aujourd’hui » de candidater pour la présidentielle.
« La question, c'est de créer l'équipe, le projet, une équipe qui gagne... Ça a pris du temps à Grenoble pour construire cela », poursuivait-il. « Prenons ce temps-là, c'est ça qui est fondamental. »
Pas de « guerres picrocholines »
Et, là encore, se nichent de potentiels désaccords avec Yannick Jadot, souligne Joël Labbé : « Un candidat avant 2021, ça fait trop court… C’est un véritable projet de société que nous devons élaborer. »
À défaut d’un véritable programme, Yannick Jadot semble avoir trouvé un slogan : « Le projet écologiste, c'est un million d'emplois en 2022 », promet-il. « Dans la construction et l'isolation des logements, des écoles, des Ehpad, dans l'agriculture biologique, dans les énergies renouvelables, dans l'écotourisme, dans les transports collectifs et le fret ferroviaire, dans la relocalisation industrielle et la fin de l'obsolescence programmée... »
Interrogé sur le maire EELV de Grenoble, Eric Piolle, Yannick Jadot répond que son « seul adversaire, ce sont les périls qui menacent notre pays et la planète ». « Alors, ne comptez pas sur moi pour les petites phrases et les guerres picrocholines », volant un bon mot à Rabelais.