"45 degrés, zéro engagement" : au lendemain d'une journée de canicule exceptionnelle qui a vu des records absolus de température, Greenpeace France continue samedi à bloquer un cargo de soja à Sète (Hérault) pour dénoncer l'absence d'engagement du gouvernement sur les causes du réchauffement climatique.
Des activistes de Greenpeace bloquent depuis vendredi les grues de déchargement du quai d'un cargo transportant du soja et ont déployé une banderole de 15 mètres sur laquelle on peut lire "Elevage industriel = déforestation".
Sur la coque du navire, ils ont peint le message "45 degrés, zéro engagement".
"Quand parlera-t-on enfin des causes et pas uniquement des conséquences de cette canicule ?", interroge Cécile Leuba, chargée de campagne Forêt chez Greenpeace France. "L’origine du dérèglement climatique s’explique aussi par ce qu’il se passe ici, à Sète, avec ce cargo chargé de soja, sans que notre gouvernement ne dise un mot".
"L’association Greenpeace a raison quand elle s’attaque à la déforestation qui frappe durement l’Amérique latine et toute la planète", a réagi l'ancien ministre communiste et président du port de Sète-Sud de France Jean-Claude Gayssot dans un communiqué adressé samedi après-midi à l'AFP.
"Choisir le port de Sète comme tribune, pourquoi pas ?", poursuit M. Gayssot, soulignant qu'il ne représente pourtant "que 0,5% de l’importation du soja en Europe !" "Bloquer par cette action toute activité commerciale pendant plusieurs jours et renvoyer ces activités vers d’autres ports au détriment des travailleurs de Sète n’est pas une solution acceptable", estime M. Gayssot, qui appelle les responsables de l'association à "reprendre langue avec nous afin de débloquer cette situation et afin de faire avancer à l’échelle de toutes les façades maritimes du Monde cette juste bataille pour la sauvegarde de la planète".
Derrière le soja, explique Mme Leuba, "se cachent de la déforestation et des émissions massives de gaz à effet de serre qui réchauffe notre planète !"
Le cargo bloqué contient 50.000 tonnes de soja, en provenance du port de Salvador au Brésil. 89% du soja exporté par ce port provient du Cerrado, une des zones les plus détruites par la déforestation au Brésil et ces cargaisons servent principalement à nourrir des animaux d’élevage industriel, souligne l'organisation.
"Au même moment au G20, Emmanuel Macron se revendique porte-étendard de l’ambition climatique, déclarant ne pas vouloir signer de communiqué final s’il ne mentionne pas l’accord de Paris", dénonce l'association de défense de l'environnement.
"L’accord de Paris, il ne suffit pas de le mentionner, il faut surtout l’appliquer", souligne Cécile Leuba. "Ce sera impossible pour la France sans mettre un terme à cette déforestation importée, comme on le voit dans ce cargo, et sans réduire sa production de viande, d’œufs et de produits laitiers et opérer la transition vers un élevage écologique".
La déforestation et l’élevage représentent 12 et 14,5% des émissions de GES mondiales.