En déplacement en Albanie pour évoquer la coopération économique et l’intégration européenne, le président de la République s’est voulu mesuré après l’enchaînement de l’attaque d’Arras le 13 octobre puis de Bruxelles ce 16 octobre.
« Nous devons vivre dans une société de vigilance »
Emmanuel Macron a voulu se montrer ferme et lucide dans son intervention affirmant que le terrorisme était, depuis une dizaine d’années, une réalité que les États européens doivent combattre sans pouvoir le neutraliser. « Malheureusement, on l’a vu hier encore tous les Etats sont vulnérables il y a en effet un retour du terrorisme islamique. On a une vulnérabilité qui va de pair avec nos démocraties », poursuit le chef de l’Etat. Une vulnérabilité que l’Etat doit impérativement minimiser, c’est en tout cas la vision d’Emmanuel Macron qui se félicite d’avoir « mis en place un appareil juridique et technique qui nous a permis depuis 2016 de sortir de l’état d’urgence ». Après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, l’état d’urgence, régime d’exception, est décrété jusqu’au 1er novembre 2017. La loi sécurité intérieure du 31 octobre 2017 a transféré certaines dispositions du régime d’exception vers le droit commun, notamment les perquisitions administratives et les assignations à résidence pouvant être prises par le ministère de l’intérieur.
Pour le Président de la République l’enjeu consiste donc à trouver l’équilibre entre fermeté, capacité d’action et Etat de droit. « Nous devons vivre dans une société de vigilance. Une vigilance de tous les services de l’Etat, vigilance aussi dans tous les secteurs d’activité », martèle Emmanuel Macron. « Jamais dans un état de droit il ne sera possible d’avoir un système où le risque terroriste est éradiquée totalement », poursuit le chef de l’Etat qui pose l’objectif d’être « le plus en sécurité possible hors de l’état d’urgence ».
(retrouvez l’intervention d’Emmanuel Macron ci-dessous à partir de la 58ème minute)
Pour Emmanuel Macron il n’y a pas « de défaillance de nos services dans l’attaque d’Arras »
Si le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau pointe les failles liées à l’attentat d’Arras, Emmanuel Macron estime qu’il n’y a pas eu « de défaillance de nos services dans l’attaque d’Arras ». Alors que l’assaillant était fiché S et avait été visé par une procédure d’expulsion, l’exécutif rappelle qu’il n’était pas possible d’expulser l’auteur de l’attaque en 2014. « Ce sont des problèmes de coopération des pays de retour, pas de nos services », explique le président de la République insistant sur les possibilités réduites de faire appliquer une expulsion du territoire, dès lors que le pays d’origine n’autorise pas la personne visée par la mesure à entrer sur son territoire. « Nous avons massivement investi sur le suivi des profils les plus dangereux et leur expulsion, nous avons réinvesti dans les services de renseignement, dans notre police, dans la gendarmerie », poursuit le chef de l’Etat.
En plus de la vigilance et de la réactivité, Emmanuel Macron insiste sur l’importance de la coordination européenne dans la lutte contre le terrorisme. « Nous avons pris, immédiatement, en coopération avec nos amis belges des mesures de suivi », explique Emmanuel Macron qui rappelle que « la France a, depuis 2015, un contrôle des frontières que nous n’avons jamais cessé », en conformité avec les exceptions prévues par les accords de Schengen.