Une décision qui a fait un effet fracassant. Alors que la réforme des retraites patinait à l’Assemblée avec plus de 40 000 amendements déposés par l’opposition, le gouvernement a décidé d’avoir recours à l’article 49 alinéa 3, un outil constitutionnel qui permet de faire passer un texte sans vote. Ce choix a entraîné la suspension immédiate des discussions en cours sur le projet de loi, avant une possible séance mardi.
« Ce gouvernement a une fâcheuse tendance à la brutalité démocratique et au refus du débat » analyse Nicolas Bay, député européen du Rassemblement National. « D’abord un refus du débat avec les Français – puisqu’il ne veut pas de référendum - et maintenant un refus du débat parlementaire ».
Et si les milliers d’amendements déposés par l’opposition n’ont pas permis un vrai débat, l’élu du RN pointe directement la responsabilité de l’exécutif. « L'utilisation du 49-3 c'est une manière d'éviter que des fissures apparaissent au sein même de la majorité. Ça révèle une grande fragilité » déclare-t-il.
De son côté, le président du Sénat Gérard Larcher a écrit une lettre au Président de la République pour lui demander le report de l’examen du texte, un report qui coïnciderait avec les conclusions de la conférence de financement, censée trouver un moyen d’équilibrer le système des retraites. « Ça fait partie des procédures parlementaires. La droite au Sénat s'arc-boute sur la question du financement en réalité parce qu'ils ne sont pas opposés à la réforme d'Emmanuel Macron. Le nouveau monde c'est la synthèse du vieux monde » analyse Nicolas Bay.
Pour lui, le coup de force du gouvernement sur cette réforme des retraites consiste à assouvir un double objectif : augmenter la durée des cotisations et diminuer les pensions. « On va assister à un appauvrissement de la France, de nos aînés. C'est une régression sociale absolument majeure ».