Motion de censure : « Il ne fallait pas attendre les dernières 48 heures » pour qu’un dialogue puisse s’établir entre le gouvernement et les députés, tacle Frédéric Valletoux

Ce mardi, Frédéric Valletoux, député Horizons de Seine-et-Marne, ancien ministre de la Santé, était invité de la matinale de Public Sénat. Au lendemain de l’engagement de la responsabilité du gouvernement par Michel Barnier, et à la veille du vote d’une motion de censure, il est revenu sur la méthode adoptée par le Premier ministre depuis sa nomination. Il pointe notamment un manque de dialogue entre les députés du socle commun et le gouvernement.
Camille Gasnier

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Hier, en application de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, Michel Barnier a engagé sa responsabilité devant l’Assemblée nationale pour faire passer le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Deux motions de censure ont été déposées par le Nouveau Front populaire et le Rassemblement national. Le vote aura lieu demain après-midi. Marine Le Pen a assuré que son groupe voterait la motion déposée par la gauche. Tous les groupes composant le NFP se sont prononcés en faveur de la chute du gouvernement. Pour Frédéric Valletoux, c’est certain, « vu les déclarations et la situation aujourd’hui, on va droit vers une censure du gouvernement ».

Un manque de dialogue entre le gouvernement et le socle commun ?

Dans cette perspective, un autre gouvernement devra être nommé dans les prochains jours ou dans les prochaines semaines. Pour l’ancien ministre de la Santé, il faudra que la personne désignée « travaille à un contrat de gouvernement ». Une stratégie qui aurait dû être adoptée tout de suite : « Il aurait fallu poser une méthode, réunir tous les partis de gouvernement ». Si Michel Barnier souhaitait trouver des majorités texte par texte, le député Horizons assume qu’il aurait fallu établir un contrat de coalition dès son arrivée à Matignon : « A partir du moment où il n’y a pas de contrat de coalition qui est défini en amont, on ne peut pas naviguer au fil de l’eau, au fil des textes et se dire qu’au fil à mesure des réformes, on va trouver telle ou telle majorité ».

Il constate également un manque d’écoute du Premier ministre à l’égard des députés du socle commun : « On a mis de longues semaines avant d’avoir des interlocuteurs ou une réponse du gouvernement ». L’ancien ministre de la Santé estime qu’il ne fallait pas attendre « les dernières 48 heures » pour qu’un dialogue puisse s’établir. Une référence aux ultimes concessions faites hier par Michel Barnier, notamment à l’égard du Rassemblement national, sur la question du remboursement des médicaments. Quelques heures avant l’engagement de sa responsabilité, il s’est engagé à ce qu’il n’y ait pas de déremboursement des médicaments, contrairement à ce qui avait été annoncé, il y a deux semaines, par la ministre de la Santé.

« Il faudra que le Parti socialiste sorte d’une certaine ambiguïté »

En ce qui concerne la construction d’une future coalition autour d’un nouveau Premier ministre, Frédéric Valletoux considère qu’il est nécessaire d’aller « vers des personnalités qui sont susceptibles de rassembler », y compris des personnes de gauche. Mais il explique qu’« il faudra que le Parti socialiste sorte d’une certaine ambiguïté », en ajoutant que cela est « pratique de se cacher derrière La France insoumise, de se mettre à l’ombre de LFI ». L’ancien ministre de la Santé demande au PS de prouver « s’ils sont réellement un parti de gouvernement ».

En attendant la très certaine censure du gouvernement Barnier, que va-t-il se passer si le budget n’est pas adopté fin décembre ? Le président de la commission des affaires sociales assure que « la machine va continuer de fonctionner ». Néanmoins, ce sont « les règles de 2024 », qui vont s’appliquer. Une hypothèse qui ne convient pas à l’ex-ministre de la Santé, car cela signifie que « l’emballement des dépenses sociales que l’on a connu depuis 2 ans va continuer et s’amplifier en 2025 ».

Mais en cas de chute du gouvernement, les activités parlementaires dans les hémicycles de l’Assemblée nationale et du Sénat vont être suspendues : « On peut continuer à travailler dans les commissions mais on ne peut plus travailler en présence du gouvernement, puisqu’il n’y a plus de gouvernement […], donc plus de travaux dans l’hémicycle ».

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