Jamais, même lors de la crise en 2008, « les réseaux bancaires privés ne se sont autant mobilisés » pour mettre en œuvre une politique de prêts massifs aux entreprises, a salué Nicolas Dufourcq, le directeur général de la Banque publique d’investissement, devant la commission des affaires économiques du Sénat. Les banques françaises ont mis à disposition leurs 170 000 agences pour distribuer ces « produits d’intérêt général, ce qui n’est pas dans leurs missions naturelles ».
Prêts garantis par l’État
Face à la crise du Covid 19, des PGE (prêts garantis par l’État) ont été mis en place afin de permettre aux entreprises quelle que soit leur taille ou leur forme juridique, de demander à leur banque habituelle un prêt garanti par l’État pour soutenir leur trésorerie. Une sorte d’« avance sur recette » explique Nicolas Dufourcq. Le prêt peut représenter jusqu’à 3 mois du chiffre d’affaires 2019.
100 milliards
« Près de 57 milliards d’euros de PGE ont été accordés à 350 000 entreprises, à 90% des TPE », a rappelé Nicolas Dufourcq. Mais il y a énormément d’entreprises qui n’ont pas encore demandé ce PGE. À terme, le directeur général de BPI France estime que les PGE « iront au-delà de 100 milliards d’euros, peut-être même plus ».
9 milliards pour l’État
Au total, le coût budgétaire pour l’État, dans une hypothèse de 10% de non remboursement, devrait atteindre « environ 9 milliards d’euros ». Mais « dans une crise cataclysmique et éphémère, il n’y a que le budget de l’État qui peut aider à soutenir la trésorerie des entreprises », a estimé le directeur général de BPI France.
Taux de refus faible
Les principaux secteurs concernés par les PGE sont la réparation de véhicules, l’industrie manufacturière, les activités scientifiques et techniques, et l’hébergement et la restauration (4 milliards d’euros). Le taux de refus s’élève entre 3 et 5%, un « chiffre probablement légèrement sous-estimé », pense Nicolas Dufourcq.
PGE
S’agissant des grandes entreprises, la garantie du prêt de l’État est de 70 ou de 80%. Concernant les entreprises de moins de 5000 salariés et dont le chiffre d’affaires est inférieur à 1500 euros, la garantie de l’État couvre 90% du PGE. Selon la présidente de la commission des affaires économiques du Sénat Sophie Primas, « notre capacité à rebondir après cette crise dépendra, entre autres, de cet effort public : c’est maintenant qu’il faut accompagner le financement des transformations auxquelles nos entreprises font face. BPI France doit être à l’avant-poste de la relance ».
Sous-traitants
Évoquant des « trous dans la raquette », la sénatrice communiste de la Loire Cécile Cukierman s’inquiète de la situation des sous-traitants en manque de commandes à l’approche de l’été. Martial Bourquin, sénateur PS du Doubs évoque General Electric à Belfort, qui a envoyé un courrier à tous ses sous-traitants pour leur demander de baisser de 20% leurs tarifs en raison de la crise sanitaire. Autant de signes qui inquiètent la commission des affaires économiques.
« Prêts rebonds »
Au-delà des PGE, la Banque publique d’investissement propose une plateforme de crédits en ligne en partenariat avec les régions. L’objectif est de faciliter l’accès aux prêts « Rebonds » développés ces dernières semaines par les régions pour aider les entreprises qui présentent des difficultés de trésorerie. Destinés aux TPE et PME jusqu'à 250 salariés et 50 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel, ils permettent d'emprunter, sans aucune garantie ni frais de dossier, de 10 000 à 100 000 euros à taux zéro sur six ans avec un différé de paiement de deux ans.
Régions
Certaines régions ont déjà mis la main à la poche, le Grand Est participe à hauteur de 29 millions d’euros, l’Auvergne Rhône Alpes de 50 millions d’euros et l’Ile de France à hauteur de 35 millions d’euros. Au total, les dotations des régions s’élèvent à 170 millions d’euros.
Plan tourisme
Enfin, BPI France travaille sur des plans spécifiques destinés au tourisme, à l’automobile, ou à l’aéronautique. Un plan « 1000 tickets » sera mis en place pour investir dans 1000 entreprises en mai 2020 et mai 2021 afin de recapitaliser certaines entreprises grâce aux fonds propres de la Banque publique d’investissement. Le renforcement du Fonds avenir automobile est « à l’étude ». Nicolas Dufourcq a également annoncé un prêt pour le secteur de l’évènementiel à hauteur de 100 millions d’euros.