Après la rupture avec Éric Ciotti, le groupe Les Républicains du Sénat avait décidé d’imiter celui de Laurent Wauquiez à l’Assemblée nationale et de changer de nom. Mais la nomination du LR, Michel Barnier a changé la donne. Aux journées parlementaires de la droite sénatoriale, il a été décidé « qu’il était urgent d’attendre ».
60 ans de la Constitution : « En France, le constitutionnalisme, c’est un art national, comme la cuisine » juge Robert Badinter
Par Public Sénat
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« Longue vie à la Ve ! » s’écrie Robert Badinter sur le plateau d’ « On va plus loin » alors que l’on fête ce jeudi, le soixantième anniversaire de la Constitution. L’ancien garde des Sceaux et ancien président du Conseil constitutionnel reste un farouche défenseur de la Ve République et de sa constitution. Pas question de les changer : « Une société évolue nécessairement. Le gouvernement et le Parlement doivent en tenir compte. Et que les lois changent, je suis le premier à le savoir et c’est bien ainsi. Quant à changer de Constitution, quant à changer de régime, puisqu’on nous parle de VIe République, je dis non. Non ! Et là, il y a un fondement simple, essentiel que l’on doit prendre toujours en considération. La Ve République, c’est l’élection du président de la République au suffrage universel » affirme l’ancien président du Conseil constitutionnel.
Et si Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat, a expliqué en avril dernier, vouloir intégrer « la participation citoyenne dans la rédaction » de la Constitution « pour qu’[elle] corresponde mieux à la réalité du pays », Robert Badinter y est tout autant opposé :
« Je lui souhaite bonne chance. Cela veut dire quoi ? Il y aura un concours au sein des lycées ? Ou plus communément dans tous les cercles de pensée ? Pourquoi pas au concours général ? [Pour] rédiger la meilleure constitution pour la France, on va faire appel aux passions individuelles ou collectives (…) ce sont ce que j’appelle des postures intellectuelles. Le monde politique en est assez friand (…) En France, le constitutionnalisme, c’est un art national, comme la cuisine. »
Mais des changements dans la Constitution, il y en a eu, comme cette révision constitutionnelle de 2008, permettant au président de la République de venir s’exprimer devant le Parlement, réuni en Congrès. « Les exercices d’éloquence ne sont pas absolument indispensables au progrès de la République » répond malicieusement Robert Badinter, qui n’apprécie pas non plus la possibilité que le président de la République assiste, après son discours, aux débats lors du Congrès de Versailles. Ce qu’envisagerait Emmanuel Macron. « C’est une très mauvaise idée (…) Le président de la République, précisément parce qu’il est l’homme de la Nation, doit conserver une certaine hauteur » assure l’ancien sénateur.
A la question de savoir s’il y aurait un risque de régime hyper- présidentiel avec Emmanuel Macron, comme le dénonce une partie de l’opposition, Robert Badinter répond : « Je ne crois pas du tout qu’il veuille affaiblir les droits du Parlement (…) Je suis absolument même convaincu du contraire (…) Le pouvoir va aussi loin qu’il le peut au regard des autres pouvoirs. »
Si Robert Badinter devait donner un conseil à l’actuel président de la République, ce serait celui-ci : « Monsieur Macron a du talent mais je pense que la parole présidentielle doit être rare. »
Retrouvez l’intégralité de l’interview de Robert Badinter, dans OVPL, ce jeudi à 22h.