60 ans de la Constitution : « En France, le constitutionnalisme, c’est un art national, comme la cuisine » juge Robert Badinter
A l’occasion du soixantième anniversaire de la constitution de la Ve République, Robert Badinter, ancien président du Conseil constitutionnel et ancien garde des Sceaux, est l’invité d’ « On va plus loin ».

60 ans de la Constitution : « En France, le constitutionnalisme, c’est un art national, comme la cuisine » juge Robert Badinter

A l’occasion du soixantième anniversaire de la constitution de la Ve République, Robert Badinter, ancien président du Conseil constitutionnel et ancien garde des Sceaux, est l’invité d’ « On va plus loin ».
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

« Longue vie à la Ve ! » s’écrie Robert Badinter sur le plateau d’ « On va plus loin » alors que l’on fête ce jeudi, le soixantième anniversaire de la Constitution. L’ancien garde des Sceaux et ancien président du Conseil constitutionnel reste un farouche défenseur de la Ve République et de sa constitution. Pas question de les changer : « Une société évolue nécessairement. Le gouvernement et le Parlement doivent en tenir compte. Et que les lois changent, je suis le premier à le savoir et c’est bien ainsi. Quant à changer de Constitution, quant à changer de régime, puisqu’on nous parle de VIe République, je dis non. Non ! Et là, il y a un fondement simple, essentiel que l’on doit prendre toujours en considération. La Ve République, c’est l’élection du président de la République au suffrage universel » affirme l’ancien président du Conseil constitutionnel.

Et si Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat, a expliqué en avril dernier, vouloir intégrer « la participation citoyenne dans la rédaction » de la Constitution « pour qu’[elle] corresponde mieux à la réalité du pays », Robert Badinter y est tout autant opposé :

« Je lui souhaite bonne chance. Cela veut dire quoi ? Il y aura un concours au sein des lycées ? Ou plus communément dans tous les cercles de pensée ? Pourquoi pas au concours général ? [Pour] rédiger la meilleure constitution pour la France, on va faire appel aux passions individuelles ou collectives (…) ce sont ce que j’appelle des postures intellectuelles. Le monde politique en est assez friand (…) En France, le constitutionnalisme, c’est un art national, comme la cuisine. »  

Mais des changements dans la Constitution, il y en a eu, comme cette révision constitutionnelle de 2008, permettant au président de la République de venir s’exprimer devant le Parlement, réuni en Congrès. « Les exercices d’éloquence ne sont pas absolument indispensables au progrès de la République » répond malicieusement Robert Badinter, qui n’apprécie pas non plus la possibilité que le président de la République assiste, après son discours, aux débats lors du Congrès de Versailles. Ce qu’envisagerait Emmanuel Macron. « C’est une très mauvaise idée (…) Le président de la République, précisément parce qu’il est l’homme de la Nation, doit conserver une certaine hauteur » assure l’ancien sénateur.

A la question de savoir s’il y aurait un risque de régime hyper- présidentiel avec Emmanuel Macron, comme le dénonce une partie de l’opposition, Robert Badinter  répond : « Je ne crois pas du tout qu’il veuille affaiblir les droits du Parlement (…) Je suis absolument même convaincu du contraire (…) Le pouvoir va aussi loin qu’il le peut au regard des autres pouvoirs. »

Si Robert Badinter devait donner un conseil à l’actuel président de la République, ce serait celui-ci : « Monsieur Macron a du talent mais je pense que la parole présidentielle doit être rare. »  

 

Retrouvez l’intégralité de l’interview de Robert Badinter, dans OVPL, ce jeudi à 22h.

Partager cet article

Dans la même thématique

60 ans de la Constitution : « En France, le constitutionnalisme, c’est un art national, comme la cuisine » juge Robert Badinter
3min

Politique

Programmation énergétique : le Sénat acte la relance du nucléaire

Le Sénat a adopté en deuxième lecture l’article de proposition de loi de programmation énergétique entérinant la relance du nucléaire. L’objectif de construction de six puis huit EPR2 est ainsi inscrit dans la version adoptée par le Sénat, tout comme la composition « majoritairement » nucléaire du mix électrique français à horizon 2050.

Le

FRA : Assemblee : Quatre Colonnes
5min

Politique

Décès d’Olivier Marleix : « Nous sommes tous sidérés », confie Gérard Larcher

La mort brutale d’Olivier Marleix, ancien président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale, a plongé le monde politique sous le choc. Ce mardi 8 juillet, de nombreux hommages lui ont été rendus au Parlement. Au Sénat, la réunion de groupe des Républicains s’est ouverte dans une atmosphère de recueillement.

Le

60 ans de la Constitution : « En France, le constitutionnalisme, c’est un art national, comme la cuisine » juge Robert Badinter
7min

Politique

Budget 2026 : ce que proposent les sénateurs avant les annonces de François Bayrou

Les groupes du socle commun du Sénat contribuent à la réflexion, en mettant sur la table quelques « pistes » d’économies pour un total de 25 milliards d’euros, dont une année blanche, même si le principe fait débat. Pour le centriste Hervé Marseille, il faut « toucher les grandes fortunes, car il faut des signaux », notamment envers le PS, qui veut plus de « justice fiscale ».

Le