C’est une initiative qui agace en haut lieu, au 238 rue de Vaugirard, siège du parti Les Républicains. Au lendemain des régionales, Roger Karoutchi défend une accélération du calendrier de désignation du candidat de droite à la présidentielle. Une vision qu’il a défendu lors de la réunion de groupe parlementaire, où il a reçu le soutien de nombreux parlementaires.
Un texte, dont nous vous dévoilions le contenu en exclusivité, a été rédigé. Il était soumis à signature des sénateurs jusqu’à mercredi 30 juin 15H. Et selon nos informations, 92 élus du groupe LR au Sénat ont apposé leur signature à cette missive.
Une écrasante majorité
C’est donc une large majorité du groupe qui souhaite une accélération du calendrier. Car si 148 élus du Palais du Luxembourg sont affiliés au groupe LR, ils ne sont que 119 membres purement LR, 15 étant apparentés et 14 rattachés administrativement.
A la direction du parti, l’initiative irrite. Invité de « Bonjour Chez Vous », l’émission matinale de Public Sénat, Aurélien Pradié, secrétaire général du parti, répond aux sénateurs que « ce n’est pas le moment de perdre ses nerfs ». Lui-même « hostile à la primaire, qui est une machine à perdre », il rappelle que Jacques Chirac comme Nicolas Sarkozy, s’étaient déclarés à l’automne.
Risque de fractures
« Il y a un vrai risque de fracture entre le parti et son principal groupe parlementaire » déplore l’un des rares élus LR à ne pas avoir signé la missive de Roger Karoutchi. « Et même une double fracture, entre le parti et ses élus, et entre les élus et les militants qui n’adouberont pas aussi facilement Xavier Bertrand » prévient ce même interlocuteur, qui rappelle que le président réélu de la région Hauts-de-France n’est plus membre du parti.
Des sénateurs de droite interrogés pensent que l’accélération du calendrier de désignation bénéficierait à Xavier Bertrand, qui est déjà en course depuis longtemps. Il a toujours affirmé qu’il irait en dehors de primaires, tout en sachant qu’il a besoin d’avoir le soutien de son ancien parti s’il veut avoir une chance de l’emporter. Sa victoire aux régionales l’a conforté dans cette idée, mais l’élection a aussi bénéficié à Laurent Wauquiez et Valérie Pécresse, tous deux largement réélus également. Une partie des non-signataires serait d’ailleurs des soutiens de Laurent Wauquiez selon plusieurs sources.
Un bureau politique à hauts risques
Le sujet sera en tout cas débattu lors du bureau politique du 6 juillet, qui promet d’être animé. Plusieurs membres de ce bureau comme le sénateur de Paris Pierre Charon considèrent que c’est cette instance qui doit trancher la question, et non pas le comité stratégique qui s’est réuni lundi au lendemain des élections. Un comité stratégique à l’issue duquel Christian Jacob avait rappelé, tout sourire, que le candidat serait désigné à l’automne. Pas sûr que le même sourire s’affiche dans le huis clos du prochain bureau politique.