Eux aussi veulent participer à la reconstruction de la droite en lambeaux. Ils n’ont pas la même longévité politique que certains de leurs aînés, mais ils ont des idées et veulent se faire entendre. Au Sénat, ils sont quelques sénateurs LR, jeunes par leur âge ou avec un seul mandat au compteur, à vouloir être utile. Certains ont plus de 40 ans. Mais en politique, c’est encore jeune généralement.
L’un des plus remontés, après la débâcle de LR aux européennes, est Cédric Perrin (voir photo). Le sénateur du Territoire de Belfort, 45 ans, voit d’un bon œil l’initiative lancée à l’Assemblée par plusieurs députés LR qui créent un « comité de renouvellement », autour du député Aurélien Pradié. « A un moment donné, il faut qu’on arrête avec tous ces gens qui veulent rester en place alors qu’ils ont montré leur inefficacité. Il faut écouter les gens de bon sens, qui ont une capacité d’empathie, et qui dans leurs territoires, savent de quoi ils parlent » souligne Cédric Perrin, qui est « derrière Gérard (Larcher) » dans son initiative pour reconstruire la droite. Il insiste : « On a grandement besoin de Gérard Larcher et Bruno Retailleau (président du groupe LR du Sénat) pour nous aiguiller ». A ses yeux, « l’appel fait par les députés est un excellent appel. Et il n’est pas exclu que du Sénat, on porte un certain nombre de choses ».
Pour Cédric Perrin, « renouveler est fondamental. C’est la condition sine qua non ». Le sénateur ajoute :
« On a eu, à un moment donné, les dinosaures du PS, que tout le monde a beaucoup moqués. A droite, il faut qu’on soit capable aussi de renouvellement et de faire confiance ».
Dans l’esprit de certains sénateurs, le retour sur les plateaux télé, ces derniers jours, de Jean-François Copé est notamment mal passé. « On dit qu’en politique, on ne meurt jamais. Mais on peut prendre sa retraite » dit l’un au sujet de l’ancien patron de l’UMP. « Quand on a échoué, il faut accepter, et passer à autre chose » lance un autre membre du groupe. Pour ce même élu, la composition de la liste LR est mal passée : « Au-delà des trois premiers candidats de la liste LR, quand on voit les deux suivants, Brice Hortefeux et Nadine Morano, ça fait mal au cœur d’aller voter pour eux. Ça fait vraiment recasage. Et encore, on a échappé à Rachida Dati… »
« On a un groupe de jeunes parlementaires. On l’avait appelé génération 2014 »
Cédric Perrin et d’autres font partie de cette génération de sénateurs LR élus en 2014. Des « Larcher boys et Larcher girls », selon l’expression du sénateur UDI Loïc Hervé. « On a un groupe de jeunes parlementaires avec Mathieu Darnaud, Agnès Canayer, Dominique Estrosi Sassone, François Bonhomme ou Cédric Perrin. On l’avait appelé génération 2014 » raconte Cyril Pellevat, qui à 38 ans, fait partie de ce club des jeunes élus. Ces derniers temps, leurs rencontres s’étaient espacées. La défaite et la démission de Laurent Wauquiez les poussent à relancer la machine. « Ce soir, on réunit ces sénateurs élus en 2014. Tous ensemble, on se revoit pour discuter » confie Philippe Mouiller, sénateur des Deux-Sèvres. Ils sont juste une douzaine sur les 144 membres du groupe LR. Mais « l’idée, c’est d’élargir ». « Il ne s’agit pas de nous enfermer et de donner le sentiment qu’on recrée quelque chose. C’est informel » confirme Mathieu Darnaud, sénateur LR de l’Ardèche, âgé de 43 ans et déjà secrétaire général adjoint des LR, en charge des élus locaux, dans l’équipe sortante.
« Le piège serait là, de croire que ce n’est qu’une question générationnelle »
Philippe Mouiller soutient lui aussi « l’initiative que des jeunes parlementaires, comme à l’Assemblée, puissent se mobiliser pour demander du changement dans le parti. Au moins, ça fait bouger les lignes ». Mais, demande le sénateur, « faut-il aller jusqu’à l’ultimatum ? Est-ce le bon tempo ? C’est la question que je me pose ».
Renouveler oui. Mais en lien avec les plus capés du parti. Et surtout avec des idées. « Il est nécessaire, à un moment donné, de donner parfois un souffle nouveau, car c’est aussi important que la politique puisse intéresser les jeunes comme les moins jeunes. On a besoin que le centre droit et la droite se tournent à nouveau vers la jeunesse et lui parle » demande Mathieu Darnaud. Mais lui non plus n’en fait pas une finalité en soi. Pas de jeunisme. « Ça ne doit sûrement pas être l’alpha et l’oméga » met en garde l’élu de l’Ardèche, « le piège serait là, de croire que ce n’est qu’une question générationnelle. La question prioritaire reste celle des idées et de la ligne ».
« Les jeunes générations ont plus conscience de thématiques comme l’écologie »
« Si c’est renouveler pour renouveler, ça n’a pas trop de sens. Le plus important ce sont les idées », tempère aussi Christine Lavarde, sénatrice LR et benjamine du Sénat, à 34 ans, et élue en 2017. Mais la sénatrice des Hauts-de-Seine reconnaît que sa génération ne voit pas le monde avec les mêmes lunettes. « Il y a des thématiques très peu portées, qui pour le coup, sont plus importantes chez les jeunes générations qui en ont plus conscience, comme la thématique de l’écologie. Ce n’était pas dans les valeurs défendues par la droite » souligne Christine Lavarde. « Venant d’un milieu vraiment urbain », elle voit bien qu’autour d’elle « les gens ont vraiment conscience de ça ».
« On a besoin d’avoir de nouvelles têtes. Mais surtout d’unité et de trouver une ligne politique » résume Cyril Pellevat. L’initiative qui pourrait sortir de ce groupe aurait forcément une couleur sénatoriale. « On est en train de regarder s’il n’y a pas des actions à faire pour faire entendre la voix des territoires. Ce qui pèche dans la politique de Macron, c’est l’aspect territorial. On est très attentif à ce qui a été lancé hier par Gérard Larcher » explique le sénateur de Haute-Savoie. Leur action pourrait en effet parfaitement se conjuguer à celle lancée mardi par le président du Sénat et les ténors de la droite. Gérard Larcher a annoncé des « conventions régionales, départementales et locales », suivies d’« une grande convention nationale » avec « l’objectif de proposer une grande alternative aux Français, qui prendra sa source dans les territoires ». Et si possible avec les idées de quelques « jeunes » aussi.