A droite, « personne ne veut avoir le tatouage de la défaite en participant à la division »

A droite, « personne ne veut avoir le tatouage de la défaite en participant à la division »

Tous les candidats de la droite, y compris Xavier Bertrand, se sont retrouvés autour d’un dîner aux journées parlementaires des députés LR. « On avait besoin d’un symbole d’union », dit Roger Karoutchi, soutien de Valérie Pécresse. Chacun assure qu’il ne restera qu’un candidat à la fin. La décision se fera fin décembre ou début janvier. Mais le chemin est encore long pour la droite.
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Les journées parlementaires des LR, à Nîmes, n’ont pas seulement été l’occasion d’un grand oral pour tous les candidats de la droite, mais aussi d’une belle photo de famille retrouvée. Valérie Pécresse, Michel Barnier, Philippe Juvin, Eric Ciotti, mais aussi Xavier Bertrand, se sont retrouvés jeudi soir autour de la même table. Sans oublier le président du Sénat Gérard Larcher, le patron du parti, Christian Jacob et Laurent Wauquiez. L’image, avec bouteilles de vin rouge, dans une ambiance de fin de banquet, a fait le tour des réseaux sociaux. Chacun affiche un sourire détendu.

« Photo qui fait plaisir à voir »

La photo n’est pas pour déplaire à droite. « Tout le monde me dit que ce dîner a été totalement détendu et sympathique. C’est très bien, on avait besoin d’un symbole d’union », se réjouit le sénateur LR Roger Karoutchi, soutien de Valérie Pécresse. « C’est une photo sympathique, qui fait plaisir à voir. Elle montre qu’il y a un esprit de responsabilité de la part de toutes les personnalités qui comptent dans la grande famille de la droite et du centre. C’est de bon augure pour les semaines qui viennent », ajoute Dominique Estrosi Sassone, sénatrice LR et l’une des porte-parole de Xavier Bertrand.

Pour Agnès Evren, porte-parole du parti LR, « ça symbolise le fait que l’esprit de responsabilité l’emportera. Personne ne veut avoir le tatouage de la défaite en participant à la division de son camp, alors qu’on a une chance historique de gagner la présidentielle ». Bref, « c’est un beau symbole d’union dans un climat où beaucoup pensent que la droite pourrait être prise dans un cauchemar des primaires et de la division ».

Le sénateur LR de l’Oise, Jérôme Basher, raconte que « tous les gens que j’ai vus aujourd’hui, des maires, trouvent que c’est un bon signal. Tous les responsables ont compris qu’il ne fallait pas partir en ordre dispersé. Et c’est formidable, car c’est ce que les élus modestes que nous sommes, et les militants, attendent sur le terrain », assure ce soutien de Xavier Bertrand, qui à ce titre ne « votera pas à la primaire ».

A la fin, tous copains ?

Tous copains alors ? L’histoire semble un peu trop belle. Il faudra avant cela passer quelques étapes, qui peuvent se transformer en écueils : un congrès le 25 septembre où les militants vont arrêter le mode de désignation, une primaire a priori semi-ouverte puis un(e) gagnant(e), qui risque de se retrouver face à un certain Xavier Bertrand, bien décidé à ne pas se présenter à la primaire.

Mais devant les députés, Valérie Pécresse, puis ce matin Xavier Bertrand, l’ont assuré : à la fin, il n’en restera qu’un. Ou une. On est prié de les croire. La décision se fera fin décembre ou début janvier. Promis juré, la droite a décidé de ne pas rejouer le remake de la droite la plus bête du monde. Le film est déjà connu et multidiffusé.

« Il y a une période, dans les deux mois qui viennent, qui sera un peu difficile »

Pour l’heure, la droite doit encore faire quelques efforts. « Il y a une période, dans les deux mois qui viennent, qui sera un peu difficile et particulière. L’amitié n’empêche pas la concurrence », reconnaît Roger Karoutchi. Mais il ajoute que « les candidats, qu’ils veulent participer à la primaire ou pas, se connaissent bien, se parlent et s’apprécient. Et j’affirme très tranquillement, qu’au bout du bout, il y aura un seul candidat », confirme le sénateur des Hauts-de-Seine. Comment la droite peut-elle en être certaine ? Réponse du vice-président du Sénat : « Il n’y a pas de cadavre dans le placard, de haines recuites, qui feraient qu’on ne peut pas se parler. Ils ont été dans les mêmes gouvernements. Ce ne sont pas des personnes qui s’en veulent pour une manœuvre d’il y a 15 ans ».

Du côté du camp Bertrand, on souligne qu’« il a toujours dit qu’il ne gagnera qu’avec l’aide de sa famille, y compris quand il a rencontré Gérard Larcher et Christian Jacob. Ce n’est pas nouveau », explique Dominique Estrosi Sassone. « Il n’y a plus cet esprit d’écurie qui pouvait y avoir au temps de Juppé ou Fillon », confirme Agnès Evren, « au final, on sera tous unis autour du candidat ». La porte-parole des LR sait bien que « le meilleur ennemi de la droite, c’est la droite ! » Autrement dit, la division. Elle ajoute :

On n’a plus le droit à l’erreur, après deux défaites à la présidentielle et 10 ans d’opposition.

« Il faut laisser du temps au temps »

Mais alors que Christian Jacob voulait éviter la primaire et que tout le monde se mette d’accord, il devrait bien avoir une primaire, avant que son gagnant… ne se mette d’accord avec Xavier Bertrand. On tourne un peu en rond. Peut-être faudra-t-il réorganiser un dîner, bien arrosé ou pas.

Chez LR, on ne voudrait pas que la primaire donne l’impression de n’être qu’« une demi-finale ». C’est le risque. Et comment mettre d’accord les deux derniers en lice, si les sondages sont serrés ? « Il faut laisser du temps au temps », répond Dominique Estrosi Sassone. Alors que Xavier Bertrand n’a pas tué le match cet été, comme il l’espérait, elle souligne que son « socle » est stable, autour de « 17 % ». Elle compte ensuite sur « la dynamique ». Et d’ajouter :

On va laisser décanter les choses, les candidats faire campagne, occuper le terrain.

« Si c’est Michel Barnier qui l’emportait, ce serait compliqué. Il n’a rien à perdre et pourrait vouloir aller jusqu’au bout »

« Ce sont des grandes personnes, ils arriveront à se mettre d’accord », dit Jérôme Bascher. Mais le sénateur de l’Oise « crain(t) des mauvaises surprises dans cette primaire. Tout le monde a en tête le duel Bertrand/Pécresse. Mais si c’est Michel Barnier qui l’emportait, ce serait compliqué. Il n’a rien à perdre et pourrait vouloir aller jusqu’au bout ». Le sénateur reconnaît « un effet Barnier, mais qui est moins fort, car ce sont beaucoup de reports de déçus de Wauquiez », qui ne s’est pas présenté, analyse Jérôme Bascher.

Les LR sont dans l’immédiat tourné vers leur congrès. « Le 25 septembre, tout devra être clarifié, grâce au vote des militants », dit Agnès Evren. Les questions sont multiples : primaire ou pas primaire, quel mode de désignation et quel fichier ? Celui des participants à la primaire de 2016 ? Des adhérents à jour de cotisation ? De tous les partenaires, avec Libres ! et la Manufacture, les mouvements de Pécresse et Bertrand ? Mardi, un comité stratégique du parti définira les questions posées lors du congrès. Questions entérinées ensuite par un bureau politique, le 22 septembre. De quoi occuper encore un peu LR. Mais pendant ce temps, Emmanuel Macron, lui, est déjà plus ou moins en campagne et n’attend pas que la droite trouve la solution magique.

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