A Hénin-Beaumont, le film « Chez nous » renforce les pro et anti-FN
Paradoxalement, à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), fief du Front national, les pro et anti-FN se sentaient chacun confortés dans leurs...

A Hénin-Beaumont, le film « Chez nous » renforce les pro et anti-FN

Paradoxalement, à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), fief du Front national, les pro et anti-FN se sentaient chacun confortés dans leurs...
Public Sénat

Par David COURBET

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Paradoxalement, à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), fief du Front national, les pro et anti-FN se sentaient chacun confortés dans leurs convictions après avoir vu dès sa sortie en salles mercredi le film "Chez nous" consacré à l'ascension de l'extrême droite dans le bassin minier.

"Je n'ai rien appris que je ne savais déjà. Si le message du réalisateur c'est de ne pas aller voter FN, pour moi, il a réussi", explique à la sortie de la séance à l'AFP Xavier, consultant en entreprise.

Habitant Lille, celui-ci veut garder son anonymat "car c'est un sujet sensible, même si je ne voterai jamais pour l'extrême droite". Il tempère cependant son propos en estimant que "ce n'est pas le film qui va convaincre les gens, d'autant plus qu'il verse parfois dans la caricature".

L'un de ses voisins dans la salle obscure, à l'inverse sympathisant Front national, partage d'ailleurs cette critique et a apprécié le film... pour en faire l'analyse inverse.

"C'est toujours dirigé contre les mêmes alors que les scandales concernent tous les partis", explique d'abord Jean-Claude, retraité d'origine polonaise habitant la commune limitrophe de Leforest.

Le film
Le film "chez nous" projeté dans un cinéma à Hénin-Beaumont, le 22 février 2017
AFP

Ce converti de fraîche date aux idées frontistes, qui revendique de "ne pas être raciste", affirme que le film l'a "renforcé dans (ses) nouvelles opinions: car même si je partage beaucoup d'idées de gauche, il n'y a pas assez de boulot pour tout le monde...", dans une allusion à peine voilée à l'immigration.

Cheveux blancs hirsutes et sandales aux pieds, Xavier, la soixantaine, préfère lui ne pas prendre position mais considère que "+Chez nous+ peut avoir un impact des deux côtés: c'est un film puissant qui va renforcer les opinions de chacun".

- Pas de promotion en ville -

Une quarantaine de personnes auront assisté aux trois séances de la journée dans l'unique cinéma, un complexe d'une dizaine de salles, que compte la ville dirigée par le maire FN Steeve Briois. Un chiffre "correct" en période de vacances et vu l'horaire, selon la directrice de Cinéville, Delphine Pommier.

Dans "Chez nous", Pauline Duhez (Émilie Dequenne), connue dans la ville et appréciée par ses patients, est approchée par des dirigeants d'un parti d'extrême droite, le "Bloc patriotique". Elle se voit proposer d'être tête de liste aux municipales, au côté de la dirigeante du parti Agnès Dorgelle (Catherine Jacob). Au départ hésitante, Pauline va se laisser séduire par ce parti populiste dont elle pense qu'il peut aider les ouvriers.

La dirigeante du parti, blonde, à la forte carrure et au discours musclé, reste un personnage secondaire: elle est montrée lors d'un meeting, d'une conférence de presse ou de réunions avec son équipe.

"Pauvre Marine Le Pen, qui est caricaturée par ce pot à tabac de Catherine Jacob. Un sacré navet en perspective", s'était insurgé sur Twitter le maire d'Hénin-Beaumont Steeve Briois, vice-président du FN.

Des partisans du FN manifestent devant un cinéma à Hénin-Beaumont où est projeté le film
Des partisans du FN manifestent devant un cinéma à Hénin-Beaumont où est projeté le film "Chez nous", le 22 février 2017
AFP

Sans surprise dans la ville, aucune promotion du film n'est visible. Les seules affiches d'un long métrage en salles sont celles de... "Rock'n Roll" de Guillaume Canet.

Une défiance s'exprime cependant chez une dizaine de militants FN: avant l'une des séances de l'après-midi, ils ont brièvement manifesté devant le cinéma contre "Chez nous", un film "irréel qui ne représente ni le FN ni ses électeurs", selon Laurent Dassonville, responsable FN du canton d'Avion (Pas-de-Calais).

Munis d'une banderole "Oui, on est chez nous" ornée du logo du parti d'extrême droite ainsi que de drapeaux tricolores, les militants, dont certains distribuaient des tracts en faveur de Marine Le Pen, n'empêchaient pas, cependant, les spectateurs d'accéder à la salle de cinéma.

Partager cet article

Dans la même thématique

A Hénin-Beaumont, le film « Chez nous » renforce les pro et anti-FN
2min

Politique

Education nationale : « Je suis malheureux de l’instabilité ministérielle », déclare Jean-Michel Blanquer

Invité de la matinale de Public Sénat, l’ancien ministre de l’Education nationale et auteur de « Civilisation française » (aux éditions Albin Michel) s’est exprimé sur la valse de ministres à l’Education nationale depuis la réélection d’Emmanuel Macron en 2022. Selon lui, « il y aurait dû avoir un ou une ministre après moi, pendant 5 ans ».

Le

General policy speech by Prime Minister at Senate
10min

Politique

Budget : comment le Sénat va réduire l’effort demandé aux collectivités de 4,6 à 2 milliards d’euros

La majorité sénatoriale veut revenir sur l’effort demandé par le gouvernement aux collectivités. Le premier ministre a déjà fait des gestes devant les régions et les départements. « Un premier pas », reconnaît le sénateur LR Stéphane Sautarel, mais insuffisant. Pour compenser l’allègement de l’effort sur les collectivités, la majorité sénatoriale entend renforcer les économies sur d’autres ministères, notamment sur la « jeunesse, la recherche ou la culture ».

Le

7min

Politique

Insécurité dans les territoires d’Outre-mer : « Nous, les maires, nous sommes en première ligne pour lutter, mais on n’a pas de moyens pour le faire »

A la veille de l’ouverture du 107e congrès des maires à Paris, des élus des Outre-mer se sont retrouvés à Issy-les-Moulineaux ce lundi 17 novembre. Alors qu’ils font face à une criminalité et une délinquance grandissantes, dans des territoires en proie au narcotrafic, les maires, aux côtés de la délégation sénatoriale aux Outre-mer, ont plaidé pour un « choc régalien ».

Le