Redéfinir clairement le travail des députés, leur donner les moyens tout en renforçant leur mission de contrôle des politiques publiques. C’est en substance ce que propose le groupe Les Républicains de l’Assemblée nationale. Pendant cinq mois, pas moins d’une centaine de député LR ont participé à ce groupe de travail sur le Parlement. Il n’en ressort pas pour autant de propositions précises, mais dix grands axes.
« Profond malaise parlementaire »
« Ce travail correspond à une prise de conscience individuel et collective d’un très profond malaise parlementaire » explique le député de la Haute-Marne François Cornut-Gentille. Il ne propose cependant pas de « grand changement », préférant éviter ce « qui buzze ». Les députés LR restent ainsi timorés sur l’usage de l’IRFM (Indemnité représentatives de frais de mandats), renvoyant à la création d’un comité d’éthique qui fera ses recommandations sur son utilisation. Dans son rapport 2016 publié ce mardi, la Haute autorité pour la transparence de la vie publique préconise plus de transparence dans l’emploi de l’IRFM.
Rien non plus sur le statut des collaborateurs parlementaires ou la question des emplois familiaux. A la différence de Benoît Hamon ou d’Emmanuel Macron, François Fillon ne veut pas les interdire mais préfère rendre obligatoire la publicité sur les liens de parenté entre parlementaire et collaborateurs.
On imagine que le groupe LR de l’Assemblée a voulu éviter de remettre une pièce dans la machine en évitant certains sujets, au moment où le candidat ne veut plus répondre sur les affaires. Interrogée, la députée et vice-présidente des Républicains, Isabelle Le Callennec, a pourtant dû aborder la question des assistants et même, indirectement, celle de l’affaire qui a plombé la campagne du candidat LR (voir la première vidéo, images : Sonia de la Forterie).
« Aujourd’hui, on sait quels sont les missions d’un assistant parlementaire, qui ne sont pas du tout les mêmes à l’Assemblée nationale qu’en circonscription. Mais je pense quand même qu’à l’avenir, on va réfléchir à tout ça. Ça a tellement fait le buzz, les Français ont tellement découvert des pratiques qu’ils ne connaissaient pas, qu’on sent bien qu’il faut apporter la garantie que le travail est fait, d’un assistant parlementaire » avance Isabelle Le Callennec, proche soutien de François Fillon… qui est mis en examen, notamment pour détournement de fonds publics, pour l’emploi présumé fictif de sa femme Pénélope et de ses enfants comme assistants parlementaires. Actuellement, il est difficile de prouver la réalité du travail d’un collaborateur, avaient expliqué les représentants des collaborateurs après la divulgation de l’affaire. François Fillon assure pour sa part que sa femme a bien travaillé pour lui.
La députée d’Ille-et-Vilaine défend la proposition de François Fillon, qui ne veut pas interdire les emplois familiaux en raison du « lien de confiance absolument nécessaire entre le député et ses assistants parlementaires, ce qui explique que parfois, certains embauchent des membres de leur famille ».
Un député « ni godillot, ni frondeur »
Dans leurs propositions, les députés LR insistent sur la proposition, régulièrement entendue au Sénat également, de lutter contre l’inflation législative. « Il faut un parlementaire qui légifère moins, fait plus de contrôle et devient en quelque sorte un lanceur d’alerte. Le parlementaire, ce n’est pas celui qui sort une proposition par jour pour faire le buzz, mais dit ce qui ne va pas dans le pays » résume François Cornut-Gentille. Regardez :
François Cornut-Gentille : « Il faut un parlementaire qui légifère moins, fait plus de contrôles et devient en quelque sorte un lanceur d’alerte »
Selon le député de la Haute-Marne, « François Fillon est conscient de l’espèce d’impuissance publique dans laquelle on s’est enfermé. Il est assez réceptif à nos propositions, car il comprend bien que l’exécutif est en réalité assez faible. Il a besoin d’un Parlement qui l’aide à réformer » ajoute-t-il, défendant l’idée d’un député « ni godillot, ni frondeur ». Enfin, autre idée avancée par les députés : faire évoluer la formule des questions d’actualité au gouvernement dans le sens du Sénat, avec 2min30 de questions et un droit de réplique.