A l’Elysée, Emmanuel Macron remet sa majorité en ordre de marche pour 2022
Le chef de l’Etat a reçu les parlementaires macronistes ce lundi soir et leur a réservé la primeur du service après-vente de ses annonces. Un cap retrouvé « pour dix mois et dix ans » et une marque d’attention appréciée dans la majorité, où l’heure était à la « démobilisation » après l’échec des régionales.
Par Pierre Maurer
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Séance « câlinothérapie » et remobilisation à l’Elysée. Ce lundi soir, Emmanuel Macron a reçu les parlementaires de la majorité présidentielle, impatients d’avoir d’une feuille de route pour la fin du quinquennat. Plombés par une politique grignotée par le sanitaire et des élections régionales qui ont tourné au fiasco, les Marcheurs avaient besoin d’être écoutés et remobilisés à moins d’un an de l’élection présidentielle. Impuissants et déçus, beaucoup sont partis vers d’autres groupes politiques depuis le début du quinquennat. « Je ne sais même pas si dans trois heures on ne va pas me demander de voter la réforme des retraites ! », pestait un cadre de l’Assemblée nationale. Un autre d’espérer : « Il y a des choses que l’on pourrait faire dans les derniers mois du quinquennat : comme sur la fin de vie, la dépendance, le vieillissement. Il y a encore de l’action possible ! ». « On ne sait pas ce que serait un deuxième mandat Macron. Il faut qu’il le dise ! », pressait encore un dernier.
Emmanuel Macron : « L’idée, ce soir, c’était de donner le cap »
« Ils veulent tous voir le président ! Mais il n’a pas que ça à faire. Et puis ils nous font chier avec leurs chicayas au sein de la majorité ! », s’agaçait un intime d’Emmanuel Macron avant la réception. Résultat, le président de la République a convoqué ses troupes à l’Elysée, ce qui en a surpris plus d’un. Après avoir dévoilé lors d’une allocution télévisée à 20 heures les nouvelles restrictions sanitaires pour endiguer une amorce de quatrième vague – comme la vaccination obligatoire pour tous ceux au contact des personnes fragiles ou l’extension du pass sanitaire à certains établissements accueillant du public –, le chef de l’Etat a réservé la primeur du service après-vente de ses annonces à sa majorité. Un moyen facile de « traiter » ses députés en mal de leur chef. Et de fixer en filigrane un programme pour la fin du quinquennat… et peut-être du prochain. Le chef de l’Etat s’est longuement attardé lors de son intervention sur la suite à donner à la politique engagée depuis 2017. Une date est fixée : la rentrée de septembre. Objectif : « bâtir la France de 2030 » et réinscrire le pays dans une « trajectoire de plein-emploi ». Au menu : le fameux retour de la réforme des retraites « dès que les conditions sanitaires seront réunies », un grand « plan d’investissements » dans les domaines du « numérique, de l’industrie verte, des biotechnologies ou encore dans l’agriculture », ou encore « un revenu d’engagement » pour les jeunes sans emploi ou sans formation. Bref, Emmanuel Macron dessine un projet présidentiel. Celui d’une France « indépendante, conquérante, unie ».
Dans la foulée de son allocution, Emmanuel Macron s’est satisfait devant la majorité que la plateforme Doctolib enregistre « 17 000 connexions par minute ». Un chiffre qui est monté à 20 000 dans la soirée. Le projet de loi sur l’obligation vaccinale des soignants devrait quant à elle être présentée et promulguée très rapidement, la semaine prochaine, a expliqué aux parlementaires le chef de l’Etat. Voilà pour le sanitaire. Au niveau du volet politique, le chef de l’Etat s’est fait très clair : « L’idée, ce soir, c’était de donner le cap pour les prochains jours, les prochaines semaines, les prochains mois, et au-delà ! » De quoi faire un heureux en la personne de François Patriat, patron des sénateurs LREM et fidèle d’Emmanuel Macron : « Tout cela est dans la perspective. Il s’est tourné vers nous pour nous rappeler le travail accompli, le bilan qui est à valoriser et le chemin qu’il reste à faire avec détermination sans renier nos principes. Le président dit qu’on a fait beaucoup de réformes et qu’il faut défendre le bilan dès maintenant. Le terrain moi j’aime ça et j’en fais tous les jours ! »
Réforme des retraites : « Je ne me suis pas engagé pour le projet de François Fillon »
Mais le retour de la réforme des retraites, qui avait provoqué de longues semaines de manifestation lors de l’hiver 2019-2020, crispe. « Il va y avoir un sujet dans la majorité. Je ne me suis pas engagé pour le projet de François Fillon », fulmine un membre de l’aile gauche, remontée contre le recul de l’âge de départ à la retraite suggéré ce soir par Emmanuel Macron. « L’âge de départ doit être plus tardif », a notamment souligné le chef de l’Etat. « Il ne faut toucher ni aux pensions, ni à l’âge », exhorte le même parlementaire. Pas plus de succès avec lui sur la réforme de l’assurance-chômage, que le chef de l’Etat a promis de mettre en œuvre « pleinement » à partir du 1er octobre.
Le président de l’Assemblée nationale et proche d’Emmanuel Macron, Richard Ferrand, salue, lui, « la décision du chef de l’Etat » sur la réforme des retraites : « d’abord la méthode avec la poursuite du travail aux côtés des partenaires sociaux et enfin le moment, une fois que la pandémie et ses conséquences seront maîtrisées ». « Vacciner, relancer, protéger puis réformer au bon rythme jalonneront le chemin des prochains mois », traduit-il. « Il a encouragé les parlementaires à la mobilisation pour mettre en œuvre les engagements qu’il a présentés aux Français, mais aussi à être fier du bilan depuis quatre ans. C’était un discours de mobilisation à dix mois et à dix ans pour aider le pays à se construire un avenir meilleur », explique à la sortie du château le patron des députés LREM, Christophe Castaner. L’ancien socialiste avait, lui aussi, fait savoir avant l’intervention du président de la République qu’il y a « trop d’incertitudes » pour qu’un projet de loi sur la réforme des retraites soit présenté à la rentrée. Elle ne pourrait finalement être qu’une promesse de campagne à écouter François Patriat : « Sur la réforme des retraites, il a dit des vérités : ‘ce débat-là, je ne l’ai pas oublié, voilà les grands principes que je défendrai’. Nous allons débattre avant la présidentielle, pendant la présidentielle, après la présidentielle autour de la thématique de la durée du travail, de la justice etc. Il a redressé le tableau en disant qu’il n’avait rien abandonné de l’ambition qu’il a pour une réforme nécessaire. »
L’ordre de marche est enclenché. « Se projeter et proposer », a insisté Emmanuel Macron devant les parlementaires. Il les a encore enjoints à aller sur le terrain faire du porte-à-porte. Bref, faire campagne avec une nouvelle sorte de « Grande Marche » qui l’avait porté jusqu’à l’Elysée en 2017. « Le président est dans son tempo, dans son action, déjà dans la vision et la prospective », se réjouit François Patriat.
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