A La Courneuve, des émissaires de Macron contre le FN et le « tous pourris »

A La Courneuve, des émissaires de Macron contre le FN et le « tous pourris »

A La Courneuve, ville de Seine-Saint-Denis qui a placé Jean-Luc Mélenchon largement en tête au premier tour, des soutiens d'Emmanuel Macron...
Public Sénat

Par Tiphaine LE LIBOUX

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

A La Courneuve, ville de Seine-Saint-Denis qui a placé Jean-Luc Mélenchon largement en tête au premier tour, des soutiens d'Emmanuel Macron battent le pavé pour rallier des électeurs partagés entre voter contre un FN "trop raciste" et le "tous pourris" synonyme d'abstention.

Voter Macron dimanche ? "On n'a pas le choix", lance Fathia, 53 ans. "L'autre, elle est trop raciste". Mais cette auxiliaire de puériculture votera "par dépit" pour le candidat d'En Marche ! "Des choses ne me plaisent pas chez lui", explique-t-elle, évoquant ses propositions "sur les retraites".

Elle n'est pas la seule que l'ancien ministre de l'Economie peine à convaincre à La Courneuve, où l'abstention est traditionnellement plus élevée que la moyenne nationale, et où le candidat de la France Insoumise a obtenu 44,3% des voix au premier tour. Alors, à l'approche du second tour, En Marche tente de rallier les indécis.

Roland Castro et Mourad Boudjellal font campagne pour Emmanuel Macron dans la Cité des 4000 à La Courneuve près de Paris le 4 mai 2017
Roland Castro et Mourad Boudjellal font campagne pour Emmanuel Macron dans la Cité des 4000 à La Courneuve près de Paris le 4 mai 2017
AFP

Jeudi, ce sont deux personnalités de la société civile qui ont déroulé leurs arguments aux "4.000", vaste cité de cette ville communiste en pleine mutation: Roland Castro, architecte star des grands ensembles et Mourad Boudjellal, le président du club de rugby de Toulon.

"Je leur dit qu'Emmanuel Macron ne va pas tout solutionner, mais que s'ils ont envie de grandir avec la France, on leur en donnera les moyens", explique ce dernier, figure du self-made man issu de la diversité. "On ne les montrera pas du doigt", ajoute-t-il à l'issue de la visite d'une pépinière d'entreprises située en bas des tours, sauf "pour leur dire +bravo+".

Après un bref entretien avec des commerçants et des habitants peu nombreux en cette fraîche matinée de mai, Roland Castro explique de son côté vouloir leur montrer "qu'il y en a une qui ne rêve que de les virer, alors qu'il y en a un autre qui veut le contraire, qui veut que ça se développe, qu'ils soient citoyens à part entière".

- '100% Macron' ? -

Devant le bar du quartier, un groupe de jeunes discute autour d'une ambulance. Au volant, Ismaël, 32 ans, lunettes Gucci et air blasé. Il refuse de dire pour qui il va voter. Macron ? "C'est un banquier", lâche l'ambulancier en faisant la moue. "Au moins il connaît l'économie", rebondit Djibril, chauffeur VTC de 28 ans, persuadé que le candidat d'En Marche ! "saura gérer". Lui qui a voté Mélenchon au premier tour, pronostique: dimanche, "ici ça va être du 100% Macron".

Pourtant, à l'intérieur du bar, le discours est un peu différent. Jacques et Mireille, retraités, font des jeux à gratter, un oeil sur une chaine d'information en continu qui rediffuse des extraits du débat d'entre-deux-tours. Mireille, femme menue de 66 ans, soupire. Le débat n'a fait que "l'embrouiller", elle qui comptait sur l'émission pour se décider. Elle a voté François Fillon au premier tour. D'ici dimanche, elle va discuter avec ses voisins, espérant un "déclic". Parmi eux, "beaucoup de Marine Le Pen", glisse-t-elle.

L'architecte engagé Roland Castro à la Cité des 4000 à La Courneuve, où il fait campagne pour Emmanuel Macron le 4 mai 2017
L'architecte engagé Roland Castro à la Cité des 4000 à La Courneuve, où il fait campagne pour Emmanuel Macron le 4 mai 2017
AFP

Ici, la candidate du Front national s'est hissée à la troisième place le 23 avril, réalisant quasi le même score qu'en 2012: 11,5%. Daniel, lui, s'emporte dès qu'on parle de vote. "La droite, la gauche, c'est les mêmes !", assure ce grand costaud de 58 ans. Qu'importe le résultat de dimanche, "ça changera rien, c'est tous des pourris !", estime-t-il, listant "les affaires".

Pressée de se rendre au club de rugby, étape suivante de leur visite, la délégation d'En Marche ! ne s'est pas arrêtée prendre un café.

Dans la même thématique

La commission mixte paritaire sur la loi d’orientation agricole est conclusive.
6min

Politique

Loi d’orientation agricole : en commission mixte paritaire, députés et sénateurs s’accordent sur un texte proche de celui voté au Sénat

À peine voté au Sénat, le projet de loi d’orientation agricole a fait l’objet d’un compromis en commission mixte paritaire. La nouvelle version du texte laisse la part belle à plusieurs mesures introduites par les sénateurs, notamment le principe de « non-régression » de la souveraineté alimentaire et la dépénalisation de certaines atteintes à la biodiversité. L’opposition dénonce un débat « au pas de charge ».

Le

« Cela va être serré » : l’avenir de Richard Ferrand au Conseil constitutionnel toujours très incertain avant ses auditions
7min

Politique

« Cela va être serré » : l’avenir de Richard Ferrand au Conseil constitutionnel toujours très incertain avant ses auditions

Chaque voix comptera pour le candidat d’Emmanuel Macron à la présidence du Conseil constitutionnel. Après l’avoir auditionné chacune à leur tour, les commissions des lois de l’Assemblée nationale et du Sénat décideront au cours d’un vote, qui s’annonce disputé, si elles confirment ou rejettent cette désignation. La droite sénatoriale fait part de ses doutes et ne donne pas de consigne de vote. Les députés du RN, qui détiennent aussi la clé du scrutin, maintiennent le suspense.

Le

A La Courneuve, des émissaires de Macron contre le FN et le « tous pourris »
3min

Politique

Finances publiques : « Ce qui va être nouveau, c'est l’association que nous allons avoir des parlementaires », assure la ministre des comptes publics 

Invitée de la matinale de Public Sénat, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin s’est félicitée de l’adoption définitive des textes budgétaires. La ministre promet de poursuivre la trajectoire de réduction du déficit et d'associer plus largement les parlementaires dans le suivi des dépenses.

Le

A La Courneuve, des émissaires de Macron contre le FN et le « tous pourris »
5min

Politique

LR : la campagne de Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez pour la présidence du parti officiellement lancée

L’élection du futur président des Républicains se tiendra les 17 et 18 mai. À la fois ministre et candidat, Bruno Retailleau assure que la guerre des chefs « ne viendra pas de lui ». En face, Laurent Wauquiez, qui espérait s’imposer naturellement à la tête du parti, répète que cette fonction n’est pas compatible avec l’agenda d’un ministre.

Le