A la Fête de l’Huma, la question Mélenchon agace élus et militants communistes

A la Fête de l’Huma, la question Mélenchon agace élus et militants communistes

A la Fête de l'Humanité, militants et cadres du parti communiste se sont agacés vendredi du tapage causé par l'absence de Jean-Luc Mélenchon,...
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Par Sami ACEF, Lucile MALANDAIN

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A la Fête de l'Humanité, militants et cadres du parti communiste se sont agacés vendredi du tapage causé par l'absence de Jean-Luc Mélenchon, sortant de leur habituelle réserve pour tancer leur candidat à la présidentielle.

"Ça me gonfle qu'on ne parle que de ça, comme si la vie à gauche ne tournait qu'autour de Mélenchon. Il y a une vie sans lui, même à La France insoumise !", s'agace Serge Gimenez, médecin généraliste de 63 ans, venu du Tarn. Ce militant communiste "depuis au moins 44 ans" croisé dans les allées de La Courneuve, a "l'impression très nette que Mélenchon est dans une stratégie de liquidation du vieux monde, y compris le PCF".

Alors que la traditionnelle manifestation de rentrée du Parti communiste est prévue de longue date, le député des Bouches-du-Rhône est en effet en déplacement à La Réunion. Des représentants de LFI participent à des débats mais cette année pas de stand ni de La France insoumise ni même du Parti de gauche.

"C'est dommage, j'aurais bien aimé les voir", regrette Mathieu, un Insoumis de 31 ans. "Face à la politique que mène Macron, on a besoin des forces progressistes de gauche et LFI en fait partie", tranche Nelly, 59 ans, secrétaire départementale du PCF dans le Jura, qui aimerait que PCF et LFI "lancent des actions ensemble". "Désolé cher Pierre, je ne peux pas être partout", a réagi M. Mélenchon en arrivant sur l'île, selon des propos rapportés par la presse.

Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste français (PCF), le 24 février 2017 à Paris
Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste français (PCF), le 24 février 2017 à Paris
AFP

Celui qui ne prend plus aucun gant avec la direction du PCF "est le seul qui n'est pas là, ça le regarde", s'agace Pierre Laurent, le secrétaire national du parti, pressé par les journalistes d'évoquer le grand absent, à l'ouverture de la Fête. "Nous méritons mieux", souffle-t-il un peu plus tard, se rappelant avec amertume "l'écartèlement" ressenti pendant la présidentielle de soutenir un candidat qui avait "choisi de ne pas reconnaître notre sensibilité".

- "Dieu de l'opposition" -

D'ailleurs, ajoute le sénateur de Paris, c'était une "erreur" de la part de M. Mélenchon ne pas appeler clairement à voter pour Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle. Si Marine Le Pen a ensuite enregistré un échec relatif aux législatives, c'est parce qu'"heureusement nous avons été nombreux à ne pas faire" cette "erreur", sermonne-t-il.

Dans un entretien à L'Humanité jeudi, il avait déjà jugé "compliqué" de travailler avec LFI "à cause d'attitudes très sectaires de (ses) premiers dirigeants".

Jeune militant francilien, Benjamin va jusqu'à "regretter un peu" d'avoir milité à la présidentielle pour le leader de La France insoumise. Pour lui, au fond, "c'est une bonne chose qu'il ne soit pas là, il a tellement dénigré le Parti communiste !".

Face à un Jean-Luc Mélenchon soucieux de "fédérer le peuple" en sortant des "tambouilles" d'alliances entre appareils, le Parti communiste continue de plaider pour "l'union des forces de gauche", sur la base de leurs "convergences". Le fossé stratégique est désormais admis des deux côtés.

"Dans le grand concours pour savoir qui est le meilleur opposant à Emmanuel Macron, ce n'est pas génial d'être le seul absent de la Fête de l'Huma", persifle Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF. Il assure que des députés et représentants de LFI n'ont décidé qu'au dernier moment de venir à La Courneuve.

"Je pense que Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise ont reconsidéré leur position initiale de ne pas venir à la Fête de l'Humanité", au vu notamment de son inscription dans la contestation sociale de la politique du gouvernement, raille-t-il.

Le député de Marseille n'est pas "devenu le leader, le seul, l'unique, le Dieu de l'opposition", fulmine Gisèle Cailloux, retraitée de 71 ans qui tient le stand du PCF de Suresnes. Sur le fond, elle déplore "l'effacement du PCF" derrière la personnalité du tribun.

Proche des deux camps, la député LFI de Seine-Saint-Denis, Clémentine Autain, veut croire qu'"à l'épreuve des luttes, les choses devraient se remettre à l'endroit". "Je fais le pari de la logique politique", temporise-t-elle.

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