À la veille du discours d’Emmanuel Macron à Strasbourg, Marine Le Pen esquisse les grandes lignes de son programme européen
Marine Le Pen, la candidate du Rassemblement national, a présenté ce jeudi son programme européen, axé sur la construction d’une « Europe des nations ». Sans vraiment rentrer dans le détail des mesures qu’elle entend mettre en œuvre, elle s’est surtout livrée à une vive critique du projet européen d’Emmanuel Macron, attendu mercredi devant le Parlement à Strasbourg.
Un timing qui ne doit rien au hasard. À la veille du discours qu’Emmanuel Macron doit prononcer devant le Parlement européen à Strasbourg, dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, Marine Le Pen a dévoilé mardi 18 janvier, lors d’une conférence de presse, son projet européen. Une prise de parole d’un peu moins d’une demi-heure, durant laquelle la candidate du Rassemblement national s’est essentiellement attaquée au bilan de l’UE quant à la gestion de la crise sanitaire et des crises migratoires, mais aussi aux politiques agricoles et monétaires. Elle a largement fustigé la vision des « européistes oublieux des peuples », sous-entendu celle d’Emmanuel Macron, esquissant ici ou là plusieurs axes de travail pour « bâtir une alliance européenne des nations » et « défendre la liberté des peuples ».
Sans surprise, de la sortie de l’euro et de l’Union européenne, chevaux de bataille du programme de 2017 et pommes de discorde lors de la refondation du parti un an plus tard, il n’est plus question. Marine Le Pen souhaite désormais une remise à plat du projet européen pour « remettre l’idée européenne au service de la France ». « L’UE ne conçoit pas l’Europe comme une communauté de civilisations mais comme un vaste marché », a-t-elle estimé. À ses yeux « L’UE cherche à s’attribuer les attributs fictifs d’un grand Etat. »
Les vertus de la crise sanitaire
La crise du covid-19 a révélé le « vrai visage de l’UE » qui aurait, selon Marine Le Pen, empêché les Etats membres de fermer leurs frontières quand ils le souhaitaient face à la montée des contaminations début 2020. Elle a également dénoncé la dépendance du marché européen des médicaments aux importations de principes actifs. Elle estime toutefois que la crise a eu pour vertu d’ébranler certains totems : les critères financiers fixés par les accords de Maastricht, « la Bible pendant des années, et dont plus personne ne parle », rejoignant sur ce point un constat déjà dressé par Emmanuel Macron ; mais aussi la question des frontières, « un tabou idéologique ».
Elle a ensuite esquissé quelques idées de réforme, principalement articulées autour de trois thématiques : la question migratoire, la politique agricole et la relance industrielle :
Sur la question migratoire. Marine Le Pen propose un rétablissement des contrôles aux frontières, avant la mise en place, dans un second temps, d’accords bilatéraux.
Elle oppose également au pacte européen sur l’immigration et l’asile, le référendum constitutionnel qu’elle veut soumettre aux Français pour faire primer le droit national sur le droit international, et du même coup réformer la procédure de droit d’asile, faciliter les expulsions et instaurer une préférence nationale. « Je souhaite inclure dans le référendum une modification constitutionnelle qui dirait la chose suivante : tout texte européen qui va à l’encontre de la Constitution française restera inapplicable en droit français », a-t-elle détaillé.
« Le sentiment qu’il faut arrêter avec cette folie migratoire est largement partagé par nos voisins européens », argue encore la candidate, citant notamment la Hongrie et la Pologne.
Sur la politique agricole. « Il faut aller vers une écologie et une agriculture à visage humain, cela passe par une rupture de la politique de libre-échange qui constitue la principale source de pollution et d’affaiblissement de nos économies », plaide Marine Le Pen. Elle entend faire sortir les produits agricoles des accords de libre-échange, mais aussi renforcer la traçabilité sur les produits alimentaires.
Sur l’économie et la relance industrielle. Marine Le Pen souhaite laisser les Etats membres protéger leurs propres entreprises et leur marché comme ils l’entendent, évoquant pour la France un « patriotisme économique » et le retour de « l’Etat stratège ».
Elle prône la mise en place de « coopérations concrètes et librement consenties » autour de grands projets industriels, citant l’exemple de la fusée Ariane ou du constructeur Airbus. Cette redéfinition de la coopération autour de la création de nouveaux « champions industriels européens » est également régulièrement invoquée par Nicolas Dupont-Aignan, avec lequel elle avait formé un ticket pour le second tour en 2017.
La fille de Jean-Marie Le Pen souhaite également « la création de géants français et européens capables de concurrencer les GAFA », les quatre entreprises américaines qui dominent le web.
« Dans le domaine de l’immigration, il n’y a quasiment aucune différence entre ce qu’Éric Zemmour propose et ce que je propose »
Interrogée sur sa capacité à créer une coalition à l’échelle européenne, sans le soutien de pays comme l’Allemagne ou l’Italie, pour pouvoir appliquer son programme, Marine Le Pen veut balayer les doutes : « Nous allons la mettre en œuvre. Toute ma vie on m’a dit que je n’y arriverai pas. Nous avons réussi à faire un groupe, nous réussirons à faire une grande coalition ! », a-t-elle martelé.
Marine Le Pen s’est également fendue d’un coup de patte contre Éric Zemmour, le candidat susceptible de lui voler le plus de voix dans la course à l’Elysée, et qui doit livrer mercredi, depuis Calais, sa propre vision de l’Europe. « L’imitation et - allons plus loin - le parasitage est une forme d’hommage », a-t-elle raillé. « Sur un certain nombre de sujets, on se pose la question de la plus-value d’une candidature. Notamment sur les sujets dont il dit que ce sont les sujets principaux de sa campagne », note la fille de Jean-Marie Le Pen. « On a des différences majeures sur le handicap, sur l’économie, sur la préservation du système de protection sociale. […] Mais dans le domaine de l’immigration, il n’y a quasiment aucune différence entre ce qu’il propose et ce que je propose. Sauf que moi j’expose les moyens d’y arriver, ce qui n’est pas son cas. »
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