Contre l’extrême droite, le candidat d’En Marche a convoqué un « esprit de résistance » contre l’extrême droite et un « esprit de renaissance » pour construire une « République nouvelle » et « aller jusqu’au bout de la refondation politique ».
Emmanuel Macron : "les prochaines décennies de notre pays vont se jouer le 7 mai"
Durant la première partie de son discours, Emmanuel Macron a ciblé les différents aspects du programme du Front national, ce qu’il a nommé le « parti de l’anti-France ». « Ils sont là, ce sont eux nos vrais ennemis, puissants, organisés, vous les croisez dans les rues dans les campagnes, aussi haineux que lâches. Vous les connaissez, le parti des agents du désastre, l’extrême droite française elle est là », énonce le candidat.
Le Front national, « un aller sans-retour »
À chacune de ses attaques sur le projet de « repli » de son adversaire, les milliers de spectateurs du Paris Event Center de La Villette scandent « on n’en veut pas ! »
Dans un style rarement vu dans ses précédents meetings, Emmanuel Macron a répliqué à la formule employée par Marine Le Pen un peu plus tôt dans la journée. « Mme Le Pen a parfaitement résumé la situation avec sa grossièreté bien connue. Elle a dit : c’est En Marche ou crève. Elle a raison. En Marche, c’est nous. »
« Ce qui nous est proposé aujourd’hui par la candidate du Front national, c’est le reniement du contrat qui nous unit. C’est un aller sans-retour, ne nous y trompons pas », avertit Emmanuel Macron. « Ils ne méritent pas votre colère, votre désarroi. Ils l’exploitent », ajoute-t-il.
Emmanuel Macron : « Le projet de l’extrême droite, c’est la violence, c’est la réduction des libertés »
La sortie de l’euro, « l’appauvrissement » des épargnants
La sortie de l’euro est érigée en exemple. « Le jour d’après », explique-t-il, « ce sera l’appauvrissement » des épargnants, des salariés et des retraités. L’amendement du projet sur la monnaie unique est également vivement critiqué. « Ils nous expliquent qu’on aura une monnaie commune, qu’on aura le matin un franc, et l’après-midi un euro et qu’avec ces billets de Monopoly les choses iront mieux ! »
"Avec la sortie de l'euro, Marine Le Pen annonce l'appauvrissement de tous les Français" Emmanuel Macron
Dans son inventaire du « projet de l’extrême droite », Emmanuel Macron cite encore « la lutte contre la liberté de la presse » avec « l’ordre des journalistes » rappelant « l’Italie des années 30 », mais aussi « la lutte contre la liberté des femmes » avec la remise en cause de l’IVG, ou encore « la lutte contre le droit des couples de même sexe ». L’ancien ministre de l’Économie dénonce alors les propos de Jean-Marie Le Pen à l’encontre de la cérémonie d’hommage au policier Xavier Jugelé, assassiné sur les Champs-Élysées. Le président d'honneur du FN avait estimé que l'on avait rendu « plutôt hommage, qu'au policier, à l'homosexuel ». Emmanuel Macron s'en est pris au « silence assourdissant de son héritière » dans cette polémique.
« Je vous respecte », déclare Emmanuel Macron à ses adversaires du premier tour, ceux qui le soutiennent aujourd’hui mais qui demain « combattront » son projet. « Mon combat aujourd’hui, c’est aussi un combat pour que vous puissiez librement et démocratiquement exprimer demain vos désaccords ».
Ségolène Royal citée deux fois
Dans la deuxième partie de son discours, Emmanuel Macron accorde des gages à plusieurs familles politiques. Il énonce à nouveau ses fondamentaux : la moralisation et le renouvellement de la vie politique, une « République contractuelle » qui « conjugue la liberté et la protection » mais aussi l’école et la culture, et le travail.
Il fait applaudir les « travailleurs » et leurs « représentants » qui battaient le pavé ce lundi 1er mai, mais aussi les CRS blessés durant les échauffourées. Il en profite pour préciser qu’à l’Élysée, il recevra et se concertera avec « toutes » les organisations syndicales et patronales.
Dans sa « République nouvelle », il promet de « réconcilier » l’industrie, le numérique et l’écologie et prend à témoin l’actuelle ministre de l’Environnement, présente dans la salle. « Il y a une nouvelle écologie qui se conjugue avec une nouvelle économie, chère Ségolène, tu le sais bien ». À Ségolène Royal, il fait le vœu de poursuivre l’accord de Paris et les efforts amorcés en matière de transition énergétique. « Je veux que nous puissions défendre notre environnement acquis et futur dans cette mondialisation capitaliste qui parfois le détruit », annonce-t-il, dans des termes peu souvent entendus dans sa bouche.
Ecologie : le clin d'oeil d'Emmanuel Macron à Ségolène Royal
« Je sais que beaucoup peuvent avoir l’image de moi de quelqu’un qui aime une société dérégulée, mondialisée »
Répondant aux « craintes » et aux « doutes », Emmanuel Macron déclare « vouloir aller plus loin dans la régulation du capitalisme » et promet d’apporter de la « reconnaissance » aux classes populaires et moyennes, aux « exclus », aux « oubliés » et à la France des « territoires ».
S’exprimant aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon et de Benoît Hamon, il promet de nommer une commission d’experts et de scientifiques chargée d’évaluer les « conséquences » sanitaires et écologiques de l’accord de libre-échange Ceta entre l’Europe et le Canada. Dans les trois mois suivant l’élection, il annonce qu’il tirera les conclusions de ce rapport pour proposer une modification du texte aux partenaires européens.
Emmanuel Macron défend le CETA tout en n’écartant pas l’idée de le « modifier »
Un autre cheval de bataille de la France insoumise est invoqué : la directive sur les travailleurs détachés. « Dès le début du quinquennat », Emmanuel Macron s’engage à porter une « réforme » de ce texte européen « afin qu’il n’y ait plus de concurrence déloyale en Europe ».
Emmanuel Macron réformera la directive européenne sur les travailleurs détachés
« Je défendrai toutes les familles »
Voilà pour l’économie et l’environnement. Emmanuel Macron donne également quelques assurances du côté des propositions sociétales. « Je défendrai toutes les familles », avance-t-il, en promettant de protéger le mariage pour tous mais aussi en assurant « ceux qui doutent » qu’il n’est « pas favorable » à la gestation pour autrui, « au titre de la dignité de la personne humaine et du corps de la femme ».
« La bataille sera rude, violente dans les prochains jours et semaines », prévient-il. « Plus que jamais, le monde nous regarde ». En conclusion, il demande, pour le 7 mai : « soyons fiers d’être français, fiers d’être européens. Sachons aussi être dignes d’être Français ».
Sans laisser présager de l’issue du vote du 7 mai, Emmanuel Macron a également livré sa conception de la majorité. Plaidant pour un « rassemblement de cohérence et d’efficacité ». « Le rassemblement, ça ne peut pas être le grand tout, ça ne peut pas être de donner raison malgré nous à Mme Le Pen et de lui dire : le système revient, regardez, l’inefficacité collective revient à l’assaut. Non, ce ne sera pas ce rassemblement là, c’est aussi cela mon devoir », a-t-il averti.