A Liévin, Valls se place sous le patronage de Mitterrand

A Liévin, Valls se place sous le patronage de Mitterrand

Manuel Valls le rocardien plaçant sa campagne sous l'égide de François Mitterrand : l'ancien Premier ministre a poursuivi dimanche à Liévin (Pas...
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Par Marc PRÉEL

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Manuel Valls le rocardien plaçant sa campagne sous l'égide de François Mitterrand : l'ancien Premier ministre a poursuivi dimanche à Liévin (Pas-de-Calais) son travail de repositionnement au coeur de la gauche, malgré les critiques sur ses revirements et une campagne qui peine à décoller.

Pour son premier meeting après la pause des fêtes de fin d'année, le candidat à la primaire organisée par le PS avait choisi ce bastion ouvrier et fief socialiste, sur des terres industrielles ravagées par la crise et le chômage, où Marine Le Pen a réalisé un score de 48% au premier tour des dernières régionales.

En ce 8 janvier, jour anniversaire de la mort de François Mitterrand, dans la salle de l'hôtel de Ville où le premier président socialiste de la Ve République avait prononcé un de ses derniers grands discours en novembre 1994, Manuel Valls a convoqué sa mémoire pour fustiger le "scénario catastrophe" d'une élimination de la gauche au premier tour et d'un duel François Fillon-Marine Le Pen en mai.

"Je ne veux pas que la France revive, que nous revivions 2002", ni "la dureté des dernières élections régionales" dans la région, où la gauche avait choisi de se retirer pour empêcher la victoire du Front national.

"Je dis cela, avec encore plus de force, ici, dans cette salle François Mitterrand !", a-t-il lancé.

Enième contradiction pour celui qui se plaçait en héritier de Michel Rocard à son décès en juillet ? Depuis le début de sa campagne, au nom du rassemblement recherché pour emporter la primaire le 29 janvier, Manuel Valls n'hésite pas à rompre avec certaines positions passées. Quitte à devoir essuyer des critiques à gauche.

Quand le Premier ministre Valls utilisait le 49-3 face aux "frondeurs" sur les lois Macron et travail, le candidat Manuel entend le limiter au budget. Et son programme pour la primaire emprunte plus au logiciel traditionnel de la gauche française qu'au Valls de la primaire de 2011 ou même de Matignon.

La ministre de l'Environnement Ségolène Royal, qui ne cache pas ses sympathies pour Emmanuel Macron, a jugé dimanche "difficilement compréhensible" son revirement sur le 49-3, affirmant même que les membres du gouvernement avaient "beaucoup souffert" de l'usage de l'arme constitutionnelle.

- "Valls doit faire du Valls" -

L'ex-Premier ministre et candidat à la primaire organisée par le PS, Manuel Valls, le 8 janvier 2017 à Liévin
L'ex-Premier ministre et candidat à la primaire organisée par le PS, Manuel Valls, le 8 janvier 2017 à Liévin
AFP

Et Manuel Valls, au début de campagne parfois jugé brouillon, n'a pas fait salle comble dimanche : un peu plus de 200 personnes, moitié moins qu'espéré, loin des plusieurs milliers de personnes d'Emmanuel Macron.

"Je ne fais pas de langue de bois : Macron est le seul homme politique aujourd'hui en France qui peut mettre 8.000 personnes dans une salle. Aujourd'hui, on ne les fait pas", reconnaît le directeur de campagne de Manuel Valls, Didier Guillaume. "Mais on n'est pas en campagne présidentielle", souligne ce patron des sénateurs PS.

Quid d'un éventuel retrait du vainqueur de la primaire pour laisser la voie libre à Emmanuel Macron, actuel troisième des sondages ? "Impensable", "impossible", juge-t-il, car "ça veut dire qu'on se serait fichu de la figure des électeurs".

"Valls doit faire du Valls. Pour moi, il fait du Valls ! Sur les heures sup, le 49-3, il ne transgresse pas", défend ce lieutenant.

Selon un sondage Ifop publié par le Journal du Dimanche, 36% des sympathisants de gauche souhaiteraient que Manuel Valls l'emporte à la primaire, devant Arnaud Montebourg (24%) et Benoît Hamon (21%). Mais, au second tour, une courte majorité lui préfèrerait Arnaud Montebourg (52%).

En rendant hommage à Liévin au "monde ouvrier" et à ses valeurs de "labeur", Manuel Valls a en tout cas persisté à jouer la carte du rassemblement.

Il a aussi semblé vouloir répondre à la montée dans les sondages de Benoît Hamon, en s'en prenant à sa proposition d'un revenu universel et inconditionnel. Mesure "impossible à financer" dont les bénéficiaires iraient "de l'ouvrier jusqu'à Liliane Bettencourt", a-t-il taclé.

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