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A Lyon, avec le soutien Laurent Wauquiez, Jean-Michel Aulas marque-t-il vraiment des points ?

L’ancien président de l’Olympique Lyonnais, quasi-candidat aux municipales à Lyon, reçoit le soutien des LR, avec Laurent Wauquiez. « La candidature Aulas est en train de marquer des points », selon le sénateur LR Etienne Blanc. « Il faudra qu’il muscle un peu son jeu, il n’est pas au niveau », raille le sénateur des Ecologistes, Thomas Dossus.
François Vignal

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Si tout le monde se concentre sur le vote de confiance de ce lundi 8 septembre et ses conséquences nationales, localement, les municipales de mars 2026 occupent les formations politiques. Dans la ville de Lyon, ça bouge. Jean-Michel Aulas, dont le nom est évoqué depuis plusieurs mois pour être candidat, a fait un pas de plus. Ou plutôt, ce sont les LR qui font un pas vers lui. Car l’ex-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, a annoncé jeudi apporter son soutien à l’ancien président du club de football de l’Olympique lyonnais.

Jean-Michel Aulas « refuse les étiquettes politiques »

Laurent Wauquiez s’est dit « heureux de pouvoir s’associer derrière un candidat qui incarne la fierté lyonnaise et qui peut mener cette bataille pour remettre notre ville dans la bonne direction ». L’objectif affiché est de tourner la page des écologistes et de reprendre la ville à Grégory Doucet, qui l’a emporté en 2020. Pour nouer cette alliance, il a fallu que le maire LR du 2e arrondissement, Pierre Oliver, qui aurait pu avoir la tentation de mener sa propre liste, se range derrière la candidature de Jean-Michel Aulas.

Jean-Michel Aulas dit de son côté « refuser les étiquettes politiques ». L’entrepreneur appelle à « l’union le plus large possible de la gauche et de la droite ». L’annonce du soutien de Laurent Wauquiez vient en réalité quelque peu bousculer le calendrier de Jean-Michel Aulas. Car celui-ci n’est pas encore officiellement candidat. Ça ne devrait pas tarder.

Ce soutien des LR peut aussi surprendre, car il y a plusieurs mois, on évoquait plutôt des discussions en cours avec Renaissance, dont Jean-Michel Aulas était présenté comme possible futur candidat. En réalité, c’est tout le socle commun qui pourrait se retrouver derrière lui.

« Les LR ont un peu doublé Renaissance sur la corde pour le soutien »

Mais avec Renaissance, les négociations sont toujours en cours, avec son chef de file, Thomas Rudigoz, ancien député macroniste et ancien maire du 5e arrondissement. « Pour l’instant on est toujours à ce stade dans cette discussion avec Jean-Michel Aulas, avec ses équipes, sur le projet », explique ce dernier sur BFM Lyon. « Il n’y a rien qui bloque fondamentalement, mais le projet, c’est essentiel, les valeurs, c’est essentiel et la gouvernance, c’est très important. Il faut qu’on converge. Il vaut mieux prendre ce temps maintenant, que faire les choses n’importe comment dans l’entre-deux tours », soutient Thomas Rudigoz. La question des places sur les listes, et des têtes de listes par arrondissement, sont évidemment au cœur des négociations, pour cet ancien maire du 5e arrondissement.

Du côté des écologistes, la situation suscite quelques railleries. « Les LR ont un peu doublé Renaissance sur la corde pour le soutien », lance Thomas Dossus, sénateur Les Ecologistes du Rhône.

« Ça met à plat la volonté de Jean-Michel Aulas de se présenter comme quelqu’un de la société civile »

Il assure que cette alliance ne menacera pas le maire écolo, Gregory Doucet. « Les LR, c’est autour de 8-10 % à Lyon. Ça ne permet pas de se propulser. Et Laurent Wauquiez qui tape sur Lyon en permanence, ce n’est pas la figure la plus populaire chez les Lyonnais », selon le sénateur écologiste. « La stratégie de Jean-Michel Aulas, c’est le candidat non encarté, pour s’inscrire dans le centre gauche, qui est le barycentre de Lyon. Il veut s’annoncer société civile, avec une volonté de gommer les clivages pour être rassembleur », explique Thomas Dossus. Mais le soutien des LR peut mettre à mal cette stratégie, selon le sénateur des Ecologistes : « Est-ce que la ligne LR de Wauquiez correspond à l’électorat lyonnais ? Je ne crois pas. Ça met à plat la volonté de Jean-Michel Aulas de se présenter comme quelqu’un de la société civile. En réalité, ce sera le candidat de la droite à Lyon ».

Cette alliance entre LR et Jean-Michel Aulas s’explique aussi par le poids – trop faible – que pèse réellement le parti de droite dans la capitale des Gaules. Et c’est un LR qui le dit. « Le problème, c’est que pour LR, il n’y avait pas de personnalité suffisamment forte qui émergeait et qui était susceptible de constituer 9 listes d’arrondissements et une liste de conseillers municipaux. Et évidemment, les LR étaient à la peine et n’arrivaient pas à constituer cette liste », reconnaît avec franchise Etienne Blanc, sénateur LR du Rhône, alors qu’« à une époque, on avait à Lyon des personnalités puissantes, que les gens rejoignaient. Quand vous avez Raymond Barre, vous n’avez pas de difficulté à faire de liste, pareil quand vous avez Michel Noir ou Gérard Collomb. Aujourd’hui, le personnel politique n’y arrivait pas. Il faut être lucide. C’est un peu ce qu’il s’est produit pour les LR ».

« A Lyon, il y a une défiance vis-à-vis des partis politiques et des appareils »

Autre argument en faveur de la candidature Aulas, selon Etienne Blanc : « A Lyon, il y a une défiance vis-à-vis des partis politiques et des appareils. Gérard Collomb l’avait parfaitement compris, en s’affranchissant du PS. Ça s’explique culturellement. Car Lyon est une ville du travail, de l’entreprise. Il n’y avait pas d’aristocrate. C’est une ville de bourgeois entrepreneurs. A Lyon, on respecte beaucoup plus l’entrepreneur, celui qui a réussi, que l’homme politique. C’est pour ça que la candidature Aulas est en train de marquer des points. Ce n’est pas un héritier. Il a construit une entreprise qui a réussi. Et quand il a pris l’OL, il l’a porté au sommet », salue le sénateur LR. Etienne Blanc ajoute que la « situation nationale extrêmement troublée » renforce cette défiance vis-à-vis des partis.

Ce qui pourrait permettre la bascule, selon Etienne Blanc, c’est enfin la « véritable exaspération vis-à-vis des écologistes. Ça se ressent profondément ». Elle donne, selon le sénateur LR, de réelle chance de succès à Jean-Michel Aulas.

Grégory Doucet peut-il perdre à domicile ?

Alors, Grégory Doucet va-t-il perdre à domicile ? « Jean-Michel Aulas, ça pèse lourd », reconnaît Thomas Dossus. « Il a été associé à une période faste il y a 10 ans, quand l’OL était au sommet de l’Europe. Après, il n’a pas fait que de belles choses. Il y a eu une dégradation du club au fur et à mesure. Il y a eu de la mauvaise gestion. Il ne laisse pas qu’un héritage très positif », tempère le sénateur des Ecologistes.

Autrement dit, la notoriété ne fait pas tout. D’autant qu’« qu’il raconte beaucoup de choses fausses », selon le sénateur du Rhône. Thomas Dossus ajoute : « Il faudra qu’il muscle un peu son jeu s’il veut rentrer dans la gestion des affaires publiques. Ça ne nous inquiète pas plus que ça. Pour l’instant, il n’est pas au niveau ».

« On n’a pas encore topé mais globalement, les discussions ont bien avancé avec le PS, le PCF et Place Publique »

Encore faut-il que la gauche parte bien unie. « On n’a pas encore topé mais globalement, les discussions ont bien avancé avec le PS, le PCF et Place Publique. On est en train de rassembler la gauche », assure Thomas Dossus. Quant à LFI, « pour l’instant, ils ont annoncé faire une liste au premier tour », ne peut que prendre acte l’écolo. Mais « pour le deuxième tour, on peut s’entendre. Il y a des insoumis dans l’exécutif. On a réussi à travailler avec eux », rappelle Thomas Dossus. Il souligne au passage que grâce au Nouveau front populaire, la gauche a raflé les circonscriptions lyonnaises.

Malgré une longue période de travaux, liée notamment au covid, qui a été critiquée, Thomas Dossus espère que le bilan fera la différence. « Quand les travaux sont terminés, les gens sont satisfaits. Et on a fait ce qu’on a dit : végétaliser, un partage de l’espace public plus cohérent pour les piétons et les vélos, la gratuité des transports en commun pour les plus précaires, le revenu social jeune, un RSA pour les jeunes de 18-26 ans qui n’ont pas d’autres sources de revenu », énumère le sénateur du Rhône. Jean-Michel Aulas devrait lui attaquer sur la sécurité. Mais il faut encore attendre son programme pour savoir sur quoi se jouera le scrutin à Lyon et s’il sera sur tous les ballons.

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