Invitée de la matinale de Public Sénat, la ministre du logement, Valérie Létard est revenue sur les ambitions du gouvernement en la matière. L’ancienne sénatrice veut faire de son portefeuille un sujet de consensus, au risque d’avancer de manière incertaine.
À Lyon, un dernier round périlleux pour Collomb
Par Pierre PRATABUY
Publié le
Son ultime bataille s'annonce difficile. Investi par LREM pour conserver son fief lyonnais, Gérard Collomb doit faire face à une poussée écologiste, des dissidents macronistes déterminés et une droite ragaillardie.
Victorieux d'adversaires divisés en 2001, réélu facilement en 2008 et 2014, "gauche plurielle" puis "marcheur" avant l'heure, le baron lyonnais se pose toujours en champion du rassemblement.
"Nous sommes sereins; le terrain nous montre des gens réceptifs", assure le septuagénaire en cette fin de campagne. Qui n'aurait, à l'entendre, qu'un "parfum de diversité" par rapport aux précédentes.
Le scénario, pourtant, n'est plus le même. Pour la première fois depuis 1983, Collomb ne brigue pas la mairie - c'est le docile Yann Cucherat qui s'y colle - mais la métropole qui chapeaute Lyon et 58 communes de l'agglomération.
Autre nouveauté, son assemblée sera élue au suffrage universel direct, avec un scrutin sectorisé en 14 circonscriptions, source d'incertitudes. "Personne ne sait comment vont se passer les élections", admet-on dans le camp de l'ex-ministre de l'Intérieur. Pour beaucoup, le risque est grand qu'aucune majorité ne se dégage.
"Pas plus qu'hier", balaie Collomb, en rappelant qu'il n'était pas majoritaire au Grand Lyon en 2001, ni en 2014. "Ça n'a pas empêché qu'il soit gouverné, certains disent même trop", ironise-t-il.
- Album Panini -
"On aura cette fois une assemblée type IVe République", prédit au contraire l'élu des prospères Monts d'Or Marc Grivel, ancien allié passé à l'ennemi. C'est encore une différence: le baron a perdu des troupes.
Estampillées LREM, UDI, MoDem et Agir-La Droite constructive, ses listes sont recroquevillées sur le centre-droit. La petite UDE, censée apporter une touche verte, se déchire en justice, et "La Gauche dans la réalité", micro-parti qui sert de caution socialiste, n'a vu le jour que le 30 janvier en préfecture.
"Nous, on ne fait pas un album Panini. On ne collectionne pas les vignettes", raille David Kimelfeld, président sortant de la métropole et candidat macroniste dissident. Et de mettre en avant des colistiers venus des mêmes partis que ceux de Collomb mais "par choix personnel", loin des "accords d'appareils parisiens".
Des sondages, qui ne tiennent pas compte de la sectorisation, émergent deux trios de tête: Collomb, Bruno Bernard (EELV) et Kimelfeld pour la métropole ; Grégory Doucet (EELV), Étienne Blanc (LR) et Cucherat sur la ville.
Seul BVA a testé une hypothèse de second tour: une triangulaire à Lyon que remporterait Doucet en s'alliant à Sandrine Runel ("La Gauche Unie"). Union naturelle ? "Culturelle", nuance-t-on chez les Verts.
"Mais s'ils n'ont pas la majorité absolue, c'est le deuxième qui gagnera" à la faveur d'un front anti-écologiste, pronostique un cadre des Républicains.
- Nuit "interminable" -
"Je n'ai pas envie que Lyon devienne Grenoble", ville dirigée depuis 2014 par EELV, a déclaré Blanc dans la presse. Collomb non plus. De quoi s'entendre - à toi la mairie, à moi la métropole ?
Les intéressés démentent. Un accord au grand jour pour le 2e tour est invendable aux électeurs comme aux partis, mais le 3e a l'avantage d'être plus discret.
"D'une manière ou d'une autre, certains se retrouveront", anticipe une tête de liste de Blanc.
"Collomb ne lâchera pas la ville de gaieté de cœur mais il veut tellement la métropole...", glisse une proche. "Qu'il penche à droite, cela ne date pas d'hier. Ceux que ça choquerait aujourd'hui, va falloir qu'ils s'expliquent", ajoute une autre.
Les adversaires d'un tel scénario - gauche, Verts et dissidents macronistes - feront-ils cause commune ? Pour l'heure, ils montrent les muscles.
"Je ne négocierai pas avec LREM", martèle le Vert Bruno Bernard quand on l'interroge sur le dissident David Kimelfeld. Il lui reproche, même sans investiture, de "soutenir Macron" et de s'appuyer sur des parlementaires du parti présidentiel.
Renaud Payre, candidat "La Gauche unie" sur la métropole, exclut aussi de s'allier à des "marcheurs", quels qu'ils soient.
De son côté, Kimelfeld a noué des alliances en se retirant de trois circonscriptions pour peser plus lourd dans les discussions au soir du 1er tour.
Les listes pour le second tour devront être déposées en préfecture avant le 17 à 18H00. "La nuit du 15 au 17 mars sera interminable", s'amuse un candidat.