A Marseille, les Insoumis, Podemos et leurs alliés veulent une Europe “sous mandat populaire”
"Les défis qui nous attendent dépassent les frontières": la tête de liste LFI pour les élections européennes Manon Aubry, Jean-Luc Mélenchon et...
Par Baptiste BECQUART
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"Les défis qui nous attendent dépassent les frontières": la tête de liste LFI pour les élections européennes Manon Aubry, Jean-Luc Mélenchon et leurs alliés européens ont assuré samedi à Marseille incarner la seule alternative à l'UE actuelle en sortant des traités pour construire une Europe de paix "sous mandat populaire".
Oscillant entre 7 et 10% des sondages, loin des 19,58% de Jean-Luc Mélenchon lors de la présidentielle, LFI recevait, pour son meeting aux Docks des suds de Marseille, le renfort de ses partenaires européens de "Maintenant le peuple" (MLP): l'Espagnole Ione Belarra de Podemos, le Portugais José Manuel Pureza du Bloco de Esquerda, la Danoise Eva Milsted de l'Alliance Rouge-verte et Hanna Gedin du Parti de gauche suédois.
"Nous ne sommes pas ces gens isolés, ces affreux nationalistes que certains caricaturent", a lancé Manon Aubry devant plusieurs centaines de personnes, ajoutant: "Nous avons des convictions profondément internationalistes; et à l'heure où on ne sait pas avec qui LREM va siéger, on est très fier de dire qu'on siègera aux côtés de nos amis de MLP."
L'alliance, créée en avril 2018, souhaite la "sortie" des "traités fondateurs de l'UE qui placent les droits et les intérêts des entreprises au-dessus du droit et des intérêts des peuples et de la planète", selon son manifeste.
Une stratégie de "rapports de force" - où la menace d'une désobéissance aux traités est brandie - face à l'urgence des "défis écologiques et sociaux qui dépassent les frontières", a dit Manon Aubry; une stratégie de la "conflictualité", dixit M. Mélenchon dans un entretien cette semaine au Youtubeur ThinkerView.
Mais les Insoumis et leurs alliés, conscients de la nécessité de rassurer sur la crédibilité de l'alternative, ont aussi employé samedi une rhétorique d'espoir et de paix: "Nous proposons l'Europe de +Oui, on peut+. Nous pouvons avoir des institutions démocratiques, sous mandat populaire et non sous mandat du monde des affaires", a scandé Ione Belarra, porte-parole adjointe du groupe de Podemos au parlement espagnol. "Une Europe des droits sociaux pour tous, du développement durable, et par dessus tout du peuple", a renchéri la candidate danoise Eva Milsted.
"Nous sommes un point d'appui pour affronter les effrois et les tumultes de la décennie qui vient", a déclaré pour sa part Jean-Luc Mélenchon. Le chef de file des Insoumis a longuement développé sa vision du véritable "internationalisme", basé sur l'ONU et non sur la construction européenne actuelle. Ainsi pour lui, les Insoumis et leurs alliés sont "les seuls partisans de la paix", face à l'Europe "insérée" à travers l'Otan "dans le dispositif militaire" américain.
Il a aussi dénoncé "l'obsession", "l'hystérie antirusse" qui "sévit au Parlement européen et dans l'Otan". Concernant les tensions à l'est de l'Europe, "les eurodéputés plaideront pour une conférence européenne des frontières, pour discuter dans un cadre pacifique".
L'Espagnole Ione Belarra le 8 avril 2019 à Madrid
AFP/Archives
Une rhétorique critiquée par la tête de liste EELV Yannick Jadot, en déplacement lui aussi à Marseille samedi et avec qui LFI est au coude à coude dans les enquêtes: "Les électeurs voient bien la différence entre la France insoumise et les écolos sur la dimension européenne. La philosophie de Jean-Luc Mélenchon est très critique sur l'Europe (...). Pour notre part nous pensons qu'y compris dans l'Europe d'aujourd'hui, on peut remporter des victoires".
- Syriza, pomme de discorde -
Au sein de la gauche radicale européenne aussi, LFI et ses alliés devront s'imposer. L'alliance MLP n'est pas parvenue à fédérer suffisamment de partis pour remettre en cause le groupe GUE/NGL en vue de la future législature du Parlement européen. LFI devra ainsi vraisemblablement siéger dans le même groupe que le Syriza d'Alexis Tsipras, répudié par Jean-Luc Mélenchon depuis l'acceptation du mémorandum européen par le Premier ministre grec à l'été 2015.
Manon Aubry, le 29 avril 2019 à Bordeaux
AFP/Archives
"On ne peut pas reprocher à Syriza de ne pas avoir réussi quand dans son propre pays on n'arrive pas à s'opposer" au libéralisme, soupire auprès de l'AFP Jörg Schindler, secrétaire général de l'ancien parti allemand ami de M. Mélenchon, Die Linke, illustrant les tensions internes à la GUE.
Maintenant le peuple reste donc pour l'instant une forme d'alliance dans l'alliance qui vise à peser dans le débat s'ouvrant au lendemain des élections.
"L'objectif n'est pas de détruire la GUE, mais de la refonder sur des bases plus claires, plus solides, d'avoir un groupe en rupture avec les institutions européennes", explique à l'AFP l'un de ses membres, l'eurodéputé sortant Younous Omarjee. Placé en quatrième position sur la liste LFI, il regrette les "dysfonctionnements" de la législature précédente au sein du groupe et le "productivisme" de certains partis communistes.
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