La ministre des Outre-mer Annick Girardin s'est entretenue mardi à Mayotte avec des représentants du Collectif de citoyens à l'origine du mouvement social de mars-avril, tandis que d'autres membres du collectif et l'intersyndicale ont refusé de la rencontrer, a constaté une journaliste de l'AFP.
Lundi soir, un communiqué de l'intersyndicale et du collectif de citoyens avait prévenu qu'ils ne se rendraient pas à l'invitation de la ministre, arrivée dimanche dans l'île, dénonçant une "absence de concertation réelle".
Mais mardi matin, une dizaine de membres du collectif a finalement échangé pendant près de deux heures avec Mme Girardin, quelques heures avant que celle-ci ne fasse des annonces pour le développement de Mayotte.
"Ce qui était important c'est de ne pas faire +chaise vide+", a expliqué Safina, une porte-parole du collectif, évoquant une rencontre "constructive" avec Mme Girardin, au cours de laquelle il a notamment été question d'immigration et d'insécurité, a-t-elle expliqué.
Le mouvement social est parti d'un ras-le-bol de la population face à une immigration clandestine massive venue des Comores voisines, que les Mahorais voient comme la source de tous les problèmes d'insécurité dans l'île.
"Il y a des choses qu'on va essayer de resserrer", a ajouté la porte-parole, évoquant notamment la nécessité de maintenir le refus de la France de délivrer des visas aux ressortissants comoriens, dans le cadre du bras de fer en cours entre Paris et Moroni.
Alors que les autorités françaises avaient multiplié début avril les expulsions de Comoriens sans papiers, Moroni, qui revendique toujours la souveraineté sur Mayotte, refuse de laisser revenir sur son territoire ses citoyens refoulés. En réaction, Paris ne délivre plus de visas aux Comoriens.
De leur côté, des membres de l'intersyndicale se sont rassemblés mardi matin sur la place de la République à Mamoudzou, où ils ont réitéré leurs reproches: "on n'a pas été suffisamment associé à la concertation", ont-ils dit, réclamant de l'Etat "qu'il militarise l'île un moment pour éradiquer le mal".
Ils ont également réclamé "au moins trois milliards d'euros pour répondre aux mesures d'urgence" nécessaires pour Mayotte, et "une réponse claire sur la Communauté de l'archipel des Comores", un projet prêté aux gouvernements français et comorien, qui inclurait Mayotte et les trois îles comoriennes (La Grande Comore, Anjouan et Mohéli), que le gouvernement français s'évertue à démentir depuis plusieurs jours.